jeudi 29 août 2013

Incursion chez Rémy de Gourmont

"Où vais-je baiser ma petite amie pour la réveiller ? Sur ses cheveux ? Sont dorés mais ne dorment pas. Sur ses yeux ? Sont dorés mais ne dorment pas. Sur sa toison ? Oui, petite amie, sur ta toison car ta toison dort."
La cloison - Choses anciennes

mercredi 28 août 2013

samedi 17 août 2013

Fruits d'épilobe libérant ses graines à aigrette ... et autres merveilles

Fruits d'épilobe libérant ses graines à aigrette

Fruits de géranium sauvage

Fruits de luzerne orbiculaire

Jeune fleur d'eschscholtzie

graines ailées d'érable sycomore

Fruit de scabieuse (détail)
Existe t-il une langue plus belle que celle de ces botanistes/biologistes amoureux de leur sujet ?

" ... Une grappe à fleurs éparses couronne l'édifice, elle borde les clairières ou l'orée des forêts de cortèges touffus se fondant en un brouillard de corolles roses ... Voici qu'elle s'ouvre brusquement à tout vent ... Ainsi commence un lâcher de parachutes se déroulant selon un rigoureux programme ... les graines  déploient leurs houppes de soie, oscillent un instant et disparaissent ... Duvets, aigrettes, réseaux de poils impalpables, les plantes ont hérissé leurs graines des plus étranges coiffes pour retarder leur chute fatale au sol. Ces plumeaux extravagants développent des surfaces considérables tout en demeurant très légers. A cette échelle, rien de tel que de jouer sur les forces de frottement pour tenir en l'air le plus longtemps possible. Les graines du coton, noyées dans un nuage blanc de fibres cellulosiques représentent un sommet dans l'art d'être échevelé pour mieux voler."

"Eloge de l'herbe : les formes cachées de la nature" C. Nuridsany- M. Pérennou ADAM BIRO


vendredi 16 août 2013

Arles in black : mes coups de coeur (2)

Pour ce qui est des photos que j'appellerai "sociales", six photographes m'ont fortement marquée. Leurs images persistent sur ma rétine et dans mes pensées.
Deux photographes chiliens Sergio Larrain et Alfredo Jarr arrivent en tête de mon palmarès personnel.
Sergio Larrain a photographié les enfants des rues, Londres, Santiago, Valparaiso ... Ses images bouleversent tant par le sujet que par le cadrage hors des conventions. Son oeil découpe des fragments de réalité sans crainte du hors-champ, du flou, du plein soleil ... Ses personnages sortent parfois du cadre comme insaisissables. La célébrité à portée de main, il s'est enraciné dans sa terre pour écrire, peindre et alerter sur la destruction par l'homme de la planète-terre.


Quant au travail d'Alfredo Jaar, j'ai reçu ses boîtes empilées comme des cercueils -installation contre le génocide rwandais-, son film muet sur Kevin Carter, ses trois minuscules femmes exceptionnelles Graça Machel / Ela Bhatt et Aung San Suu Kyi, comme autant d'uppercut à l'estomac dont j'ai du mal à me relever. Il s'emploie à montrer avec force qui fait les images, qui les diffuse, qui les possède, pourquoi elles sont là ou au contraire manquent. On comprend physiquement que - face aux images de la presse - on n'a jamais les yeux suffisamment ouverts et l'esprit suffisamment vigilant.

Jean-Louis Courtinat (France) témoigne pour tous ceux en marge de la société, SDF, handicapés, orphelins ... et nous livre des images émouvantes et tendres ou insoutenables. Ses images sont une prise de position militante "Mes photos sont affaire d'engagement".

Gordon Parks a été le premier photographe américain à avoir rejoint la prestigieuse FSA ( Farm Security Administration), c'est un militant antiraciste sur tous les fronts (photos, films). Certaines de ses photos ont fait le tour du monde et c'est la première fois qu'une telle rétrospective lui est consacrée en Europe.
"Ce que je veux, ce que je suis, ce que vous m'obligez à être, c'est ce que vous êtes, car je suis vous, et je vous dévisage dans le miroir de la misère et du désespoir, de la révolte et de la liberté. Regardez-moi et comprenez que me détruire, c'est vous détruire vous-même.".

Quant à Samer Mohdad, ce libanais, il photographie ses "Arabies" pour montrer un autre visage que celui de l'islamisme radical qui est l'image qu'en ont les médias et les consciences occidentales. Il nous montre des pays, des peuples, des gens qui rient, souffrent, sont en guerre perpétuelle et en particulier Beyrouth sa ville natale en mutation continuelle. Son oeuvre est une exploration fouillée de la diversité et de la complexité des mondes arabes, traversés d'enjeux géopolitiques, confessionnels et sociétaux majeurs.

Le néo-zélandais Robert Hammond présente de terribles images sur le Zimbabwe, pays oublié de tous avec 95% de sa population en chômage, 14% de séropositifs, un million d'enfants orphelins. Sa population y est terrorisée et le pays ravagé par Robert Mugabe, 89 ans, président depuis 1980, réélu et qui se cramponne à la tête d'un pays autrefois luxuriant. On peut se procurer son livre "Your wounds will be named silence."



mercredi 14 août 2013

Arles in black : mes coups de coeur (1)

Pour leur 44° édition, les Rencontres-Arles 2013 affiche la photo en noir et blanc.
Parmi la cinquantaine d'expositions proposées, j'ai été, face à certaines bouleversée et séduite par d'autres.
Après quelques jours persistent en moi deux grands chocs : celui procuré par les photos "sociales" qui auscultent guerre, misère, rejetés de la société, racisme ; et celui des approches poétiques, libres d'intention documentaire, d'univers parfois étranges (photos sociales et poétiques étant parfois bien proches).
C'est par ces univers de rêves, de poésie que je commencerai.

Quatre grands écrans sur un mur nu sur lesquels se succèdent d'incroyables photos. Montagnes prises du ciel ? Macrophotos de quelque goutte d'eau ou paramécie ? On n'y est pas du tout.
La sonde de la NASA nous envoie des dizaines de milliers de photos de la planète Mars. D'une netteté quasi parfaite, ces photos sont prises à environ 300 km de cette planète et nous fascinent.




Un livre paraîtra en septembre avec des interprétations scientifiques de Francis Rocard.


Nous hésitons longtemps devant les photos du français Antoine Gonin : quelle technique ? Dessin sur la photo ? Ses compositions abstraites et poétiques sont des photos, simplement des photos noir et blanc : houblon, vignes en Alsace, ostréïculture ...




... devant lesquelles méditer longtemps.

L'italien Alessandro Imbriaco a choisi de photographier son " Jardin". Une des rares entorses à Arles in black, ses photos sont en couleur ; ici domine le vert foncé des frondaisons, l'ombre des feuillage et de ceux qui s'y cachent. Il photographie des familles survivant sous un viaduc de Rome, dans un univers végétal présenté comme un jardin d'Eden où règne fraîcheur, paix et silence.

J'ai beaucoup aimé le travail de l'anglais John Stezaker qui détourne des photos de cinéma du XX° siècle et nous fait "partager" un univers étrange, humoristique et poétique : il découpe et colle ...

Vous pouvez consulter plus de ses collages sur "les collages de John Stezaker : la boite verte"

Et pour terminer, toujours dans le noir et blanc, mais en quittant la photo, nous avons longuement admiré les oeuvres récentes de Lee Ufan (Corée du sud) : pierres aux ombres peintes, feintes qui nous déroutent, jardin japonais où sont mis en relation des pierres, bois et matériaux industriels qui évoquent le vide et invitent à la méditation.
Ces installations ont en fait tout à voir avec la photo noir et blanc : on s'interroge, nos certitudes sont bousculées ...