lundi 11 août 2014

Morceaux de texte (3)


1    Elle parle tout bas, depuis longtemps, bruissements légers dans la cacophonie du monde et des choses à faire. Elle appelle. Parfois sur un lit de mort.  Parfois au réveil. Parfois au cœur d’une conversation amicale. Son espace-temps n’a pas de limite, pas de cycle, pas d’éclipse, pas de passé, pas de futur. 
     S’agiter, se griser, s’étourdir : rie n’y fait, elle est là poursuivant ses sourdes vocalises, impromptues. 
     Elle ne s’entend pas avec la raison ni avec la décision
     son territoire est le corps. Elle le dévêt de ses oripeaux et de ses apparats, jusqu’à ce que seuls vibrent la mélancolie, la colère, la tristesse, la joie, la créativité, le désir, le remord, l’impuissance, 
     puis elle le vêt de la rosée matinale, de la blancheur de la lune, de la transparence de la pluie, du gris-brun de l’ennui. 
     Sans éclat, la voix monte d’un ton, puis de deux, bientôt tu l’entends mais tu ne l’écoutes toujours pas, pas tout de suite. Tu la penses et tu fuis. Et dans cette fuite, ses paroles sautillent, se métamorphosent, s’imposent à toi, un fil discontinu de paroles… un fil qui bientôt se resserre, t’immobilise. Il n’y a plus rien à faire. Rien vers quoi, rien vers qui, tendre. Personne ne t’attend. Seules ses paroles se font compagnes aigres et douces. 
     Tu et nu, tu es fou. Chair de solitude.
    





mercredi 6 août 2014

morceau de texte (2)

    un morceau de rocher émerge du lac sombre, au premier abord une seule couleur enveloppe le paysage : un gris-brun s’enfonçant au plus loin dans la montagne couverte par une voûte de plomb qui pourtant n’écrase pas les reliefs des pics. 
     Tandis que le reflet du sommet forme une courbe inverse à celle que dessine la silhouette montagneuse, le gris-brun s’entache de lueurs bleutées et orangées. Par touches successives les teintes se font sonorités appelant à taire l’agitation des mots. Le précipice se devine, un puits sans fond qui absorbera le rocher solitaire égaré au milieu du lac ? 
      Des ombres l’entachent  peu à peu puis complètement. Elles forment bientôt une barrière entre lui et moi. Il est derrière ou dans un trou noir et je ne peux le suivre, je reste à ma place,  périphérique, celle des comètes vibrantes et minuscules.
Le groupe de touristes s’arrête maintenant devant la photographie, je m’éjecte  de la salle du musée déçue de ne pas savoir ce qu’il est advenu du rocher.

morceau de texte (1)

1   Epuisée par son ennui elle a pris son sac-à-dos, enfourné la tente bivouac, le duvet, un tee-shirt de rechange, un sac de fruits secs, son tabac, deux bouteilles d’eau. Mais n’as-tu pas peur, seule, sur les chemins, la nuit surtout ? – si terriblement, j’ai cru maîtriser la peur, mais elle a gonflé et débordé ruisselant par toutes les coutures de la toile, suintant une mélodie inaudible dans les branches des pins dissimulés par les ténèbres, puis des bruits de pas et des murmures ont emmuré l’espace, et je les sentais s’approcher
    ils ont agité lentement les piquets de la tente, je me suis pelotonnée dans le duvet et ait rallumé mon téléphone, le réseau était indisponible, j’ai sorti mon couteau suisse rouge, minuscule, ça s’approchait encore, encore. J’attendais. Aux abois. Déjà souillée, déjà dépouillée, tandis que les murmures se taisaient, prêts à agir. Le vent s’est suspendu. J’ai attendu dans mon sarcophage de plumes, j’ai attendu, serrant le couteau. J’ai attendu. Devançant l’ennemi, j’ai sorti la tête de mon linceul, ait craintivement tiré sur la fermeture éclair de la tente. Soudainement, les odeurs de champignons, de réglisses et de menthe m’ont attrapé le visage. La lune m’a ébloui de son halo blanchâtre. J’ai fermé les yeux, vaincue, abandonnant la partie. Et je me suis endormie au bord d'un chemin.





lundi 4 août 2014

Paulhiet - Drôme 26

Paréidolie d'une scène de ménage
Une paréidolie est une association d'images informes à un élément identifiable, souvent de forme humaine ou animale


châtaigneraie de Paulhiet


Pustules



Jeunes plants de lavande



Ces quelques vues de cartes postales prise entre Dieulefit et Bourdeaux hier 3 août par 27°, de quoi faire rêver toutes celles et ceux que la pluie gratifie de ses bienfaits.

samedi 2 août 2014

Transblog avec Petites Histoires de terre

Bourdeaux, son beffroi, son vieux château et le champ de lavande




La viale de Bourdeaux

Justement ce jour-là, j'arrive à Bourdeaux
Trop beau, trop silencieux, on croit rêver ... malgré la grisaille