Je ne sais si vous connaissez ce superbe livre à la couverture rouge de Ramòn Gomez de la Serna, intitulé "Lettres aux hirondelles et à moi-même" André Dimanche Editeur (1° édition juillet 2006)
En triant dans les centaines de livres amassés au cours de ma vie pour mon déménagement, je le re-trouve, et me vois dans l'obligation de partager quelques lignes de la 1° lettre aux hirondelles. Elles sont au nombre de 13, une chaque année. Dans le grand vide que j'effectue pour mes 75 années, celui-ci ne sera pas donné comme de très nombreux autres dont je n'ai plus besoin, mais me suivra bien sûr. Je ne peux pas ne pas le partager. Ce seront donc quelques passages que je vous offrirai, je n'y mettrai pas 13 années -disons 13 semaines ou un peu plus- ce sera suffisant, sait-on jamais ...
Lettre de la première année (extrait)
" ... Comme vous êtes essence d'encrier, vous êtes toujours entrain d'écrire des cartes postales de votre écriture hachée et pleine de post-scriptum. Aussi, dans la crise actuelle de la correspondance privée et pour éviter que ne se perde la confidentialité du style épistolaire, à qui écrire mieux qu'à vous, vieilles et chères amies, qui cautionnez de votre signature le chèque du printemps, vous aventurant parfois à virer à découvert ?
Vous êtes le cachet qui scelle l'envoi des jours heureux. Voilà les hirondelles et les hirondelles ne se trompent jamais, dit-on en vous voyant, mais le beau temps se fait attendre et nous pensons alors que vous avez pris de l'avance par abnégation, pour donner du courage aux malades et aux convalescents en leur faisant croire à un temps beau et sec. ...
... Vous volez et vous écrivez, vous écrivez et volez. Vous avez quelque chose du secrétaire de l'amour et vous griffonnez les éternels modèles de lettres, du modèle de lettre n°1 "déclaration d'amour à la voisine" au modèle où la veuve répond à celui qui veut être son protecteur et qui fut l'ami de son mari.
Vous n'avez pas la frivolité du chardonneret, car, vous, vous ne chantez pas, vous écrivez en improvisant sur les feuilles que vous arrachez au carnet du ciel, lesquelles sont bordées de noir parce que vous êtes toujours en demi-deuil."