vendredi 26 avril 2019

M'en lasserais-je un jour ?

Lieu-dit "Le Calme" à Bourdeaux



En arrière-fond, à gauche  "Le Pré de l'Âne", extrémité de la forêt de Saoû, à droite "Couspeau"
Entre les deux, le Col de la Chaudière.
Cette nuit est tombée "La neige du coucou", nommée ainsi parce qu'elle est la dernière après avoir entendu le chant du "coucou". Ce qui n'empêche pas une grande douceur et de minutes en minutes des ciels changeants, certains à fondre de beauté.




Couspeau et son "têton" lui aussi saupoudré pendant la dernière nuit et la douceur des innombrables verts printaniers






Photo prise durant la même balade à quelques minutes d'intervalle et à quelques mètres des deux premières. Le printemps est une merveille de tous les instants.

samedi 20 avril 2019

Cartographie 23/ Légende

Se dire que, bien sûr, on n'a pas fait le tour de la question, qu'il resterait bien des pistes à explorer encore...mais qu'il faut aussi savoir conclure, et laisser chacun s'emparer de toute cette matière qu'il a entre ses pages écrites et d'en faire quelque chose...ou pas...
Alors, voilà la dernière proposition d'écriture après lecture de fragments de "Dans les ruines de la carte"  d'Emmanuel Ruben, avec qui j'ai commencé ce chantier d'écriture:
 
De quoi est faite une carte? De chiffres et de lettres, de lignes et de couleurs, de quelques pictogrammes épars. Cinq registres de signes pour suppléer la réduction du visible et de l’invisible en deux dimensions et de nos cinq sens en un: la vue, disons plutôt le regard – ce toucher, cette écoute de l’oeil lorsque la rumeur du monde s’est tue, lorsque se sont aplanis les moindres reliefs. Selon qu’un de ces quatre éléments prend le pas sur les trois autres, l’enfant qui a longtemps vagabondé ces cartes en main, ces cartes sous les yeux, ces cartes plein les paupières, se rêvera tour à tour géomètre ou mathématicien. S’il veut tenir ces quatre-là en un, il se rêvera stratège, arpenteur, cartographe, ou plutôt géographe. Ou qui sait, dessinateur, écrivain: mesurer, interpréter, partager, délimiter auront fini par le lasser. Ce qu’il voudra désormais, c’est créer. Créer la carte. Créer sa carte. Non seulement tracer des lignes mais construire la légende, construire sa légende. “Trouver le lieu et la formule” signifie en réalité les inventer, les réinventer. Réinventer le lieu. Réinventer la formule. Créer encore et toujours, jusqu’à l’épuisement.
Proposition d'écriture: créer sa propre légende émotionnelle, affective, face à sa carte; noter un arbre, une ruine, un chemin... avec quelques mots pris dans ses textes ou réécrits avec poésie
Petit cadeau,un extrait de l'épilogue du livre de Ruben :

J’appelle en archipel une écriture faite d’allers-retours, de va-et-vient, de chassés-croisés – une écriture à sens multiples
J’appelle en archipel une écriture qui explore le labyrinthe de l’esprit et traverse le miroir du corps
J’appelle en archipel une écriture qui sait que la vie est le rêve d’une ombre
J’appelle en archipel une écriture qui sait le réel improbable
J’appelle en archipel une écriture qui sait qu’il n’y a pas de monde un mais des mondes pluriels, innombrables
J’appelle en archipel une écriture qui relie les lieux délaissés et relit les livres oubliés
J’appelle en archipel une écriture ouverte, au plus près du dessin, de l’ébauche, de l’esquisse
J’appelle en archipel une écriture qui consent à recourir à l’image lorsque les mots ne suffisent plus, que cette image soit une photo, une carte, un croquis, un simple trait
J’appelle en archipel une écriture qui se méfie de l’ordre du discours et laisse la place au désordre des voix
J’appelle en archipel une écriture qui multiplie les points de fuite et superpose les échelles 
(...)
J'appelle en archipel une écriture hantée par le démon de l'inachevé

mercredi 17 avril 2019

Carte géologique harmonisée du département de la Haute-Loire

http://infoterre.brgm.fr/rapports/RP-56860-FR.pdf

Cartogaphie 22

Quelque part
au milieu
il y a le lac

La trace de l'ancienne route

Elle est encore visible
il faut connaître.

Elle descendait jusqu'à la scierie
noyée
au fond du lac

Le bief
En est encore visible
Quand le niveau baisse

De l'autre côté
La route goudronnée existe encore
Mais l'arrivée sur la berge
A été détourné vers le barrage

Les anciennes photos
Montre les attelages
qui descendait vers la scierie ou en revenait

On ne sait pas

Les gens posaient longtemps
Immobiles
Au soleil

On imagine, avant
Avant le barrage
Avant que le lac ne referme
Le vallon

Comment était la lumière ?
Avant le barrage ?
Avant le lac noir ?

L’eau miroir,
Les résineux en étouffe la transparence

Seule une tache claire, une petite plage
Pour des elfes farceurs qui s’en viendraient la nuit
Rejoindre les fantômes des scieurs disparus
Des temps anciens
Avant,

Avant l’histoire.

dimanche 7 avril 2019

Rive

sur la rive d’eau on fixe
et nait le songe
de ce qui peut être


un peu d’infini usé par les plis de l’eau
sur l’âpre lit de pierres
le chant des ombres qui n’en finit pas d’émousser
ce qui se cherche encore
les forces qui fluent, se brisent et traversent
l’inerte en dedans
les peaux d’eau de chair et de chagrin battantes
où glissent des mots de rien
l’équilibre fragile d’un reflet où un autre versant se cueille
entre secret et vertige des signes


peaux de tambour
la main presque à toucher
les bois flottés, les herbes d’eau, les galets noirs
chair de poule
on dirait de la mémoire

mercredi 3 avril 2019

rocher

sur un pan de mur
le regard fore la carte
et cherche
ce qui importe


l’œil en ciseau
en deçà
il va où cela respire
où le réel a pris forme
et, mine de rien,
a donné souffle


un rocher de granit
sa peau, ses os
ses cheveux de lichen
sa bouche grise
le vert autour
et le ciel sans pudeur
qui a prise un peu
à la marge


devant
les mots manquent
la mémoire est en remous
avec ses coins d’ombres
mais on dit pierre
pour le précieux


dedans
sables mouvants
ça tremble encore
on attend
rien d’autre à faire


on s’approche un peu plus près
on reste au seuil
on touche le grain de sa peau
on ne franchit pas
on attend de voir