samedi 20 avril 2019

Cartographie 23/ Légende

Se dire que, bien sûr, on n'a pas fait le tour de la question, qu'il resterait bien des pistes à explorer encore...mais qu'il faut aussi savoir conclure, et laisser chacun s'emparer de toute cette matière qu'il a entre ses pages écrites et d'en faire quelque chose...ou pas...
Alors, voilà la dernière proposition d'écriture après lecture de fragments de "Dans les ruines de la carte"  d'Emmanuel Ruben, avec qui j'ai commencé ce chantier d'écriture:
 
De quoi est faite une carte? De chiffres et de lettres, de lignes et de couleurs, de quelques pictogrammes épars. Cinq registres de signes pour suppléer la réduction du visible et de l’invisible en deux dimensions et de nos cinq sens en un: la vue, disons plutôt le regard – ce toucher, cette écoute de l’oeil lorsque la rumeur du monde s’est tue, lorsque se sont aplanis les moindres reliefs. Selon qu’un de ces quatre éléments prend le pas sur les trois autres, l’enfant qui a longtemps vagabondé ces cartes en main, ces cartes sous les yeux, ces cartes plein les paupières, se rêvera tour à tour géomètre ou mathématicien. S’il veut tenir ces quatre-là en un, il se rêvera stratège, arpenteur, cartographe, ou plutôt géographe. Ou qui sait, dessinateur, écrivain: mesurer, interpréter, partager, délimiter auront fini par le lasser. Ce qu’il voudra désormais, c’est créer. Créer la carte. Créer sa carte. Non seulement tracer des lignes mais construire la légende, construire sa légende. “Trouver le lieu et la formule” signifie en réalité les inventer, les réinventer. Réinventer le lieu. Réinventer la formule. Créer encore et toujours, jusqu’à l’épuisement.
Proposition d'écriture: créer sa propre légende émotionnelle, affective, face à sa carte; noter un arbre, une ruine, un chemin... avec quelques mots pris dans ses textes ou réécrits avec poésie
Petit cadeau,un extrait de l'épilogue du livre de Ruben :

J’appelle en archipel une écriture faite d’allers-retours, de va-et-vient, de chassés-croisés – une écriture à sens multiples
J’appelle en archipel une écriture qui explore le labyrinthe de l’esprit et traverse le miroir du corps
J’appelle en archipel une écriture qui sait que la vie est le rêve d’une ombre
J’appelle en archipel une écriture qui sait le réel improbable
J’appelle en archipel une écriture qui sait qu’il n’y a pas de monde un mais des mondes pluriels, innombrables
J’appelle en archipel une écriture qui relie les lieux délaissés et relit les livres oubliés
J’appelle en archipel une écriture ouverte, au plus près du dessin, de l’ébauche, de l’esquisse
J’appelle en archipel une écriture qui consent à recourir à l’image lorsque les mots ne suffisent plus, que cette image soit une photo, une carte, un croquis, un simple trait
J’appelle en archipel une écriture qui se méfie de l’ordre du discours et laisse la place au désordre des voix
J’appelle en archipel une écriture qui multiplie les points de fuite et superpose les échelles 
(...)
J'appelle en archipel une écriture hantée par le démon de l'inachevé

1 commentaire:

MarieBipe REDON a dit…

quelques idées commencent à germer, j'espère que les saints de glace ne mes les gèleront pas sur pied !