mardi 22 décembre 2009

jeudi 17 décembre 2009

le beffroi de Bourdeaux

Cet après-midi, nous avons traversé une dizaine de villages des environs de Noirétable, à la recherche d'agences immobilières. Bien avant le panneau d'entrée des villages, se découpant en silhouette contre le ciel lourd de nuages, à chaque fois : le clocher de l'église. Souvent carré, massif et non pas fin et élancé comme dans d'autres régions. Ce n'était pour nous qu'un repère, nous savions que près de lui se presserait le centre avec sa place, ses boutiques et que, par conséquent nous y trouverions vraisemblablement l'unique agence immobilière. Le clocher comme panneau de signalisation dans un monde rural horizontal.

Un seul , pour moi, résonne différemment : le beffroi de Bourdeaux.
Le dictionnaire m'apprend :"beffroi : tour de guet dans une ville servant autrefois à sonner l'alarme pour rassembler les hommes d'armes de la commune. Origine germanique : Bergfrid. Je me fiche des hommes d'armes. J'entends "Friede" et je pense à "paix". Cette origine germanique met en branle tous mes neurones de proche en proche.
Il domine la viale, il est mon image-refuge. Yeux ouverts ou fermés, quand je suis un bateau en haute mer, quand tout tangue autour de moi, quand je prends l'eau, il est mon amer.
D'ailleurs, chaque nuit, dans cette chambre qui donne sur le beffroi, et où je ne ferme jamais les volets, j'ai si souvent ouvert les yeux sur sa tour noctiluque, qu'il est tatoué derrière mes paupières.
L'été, quand il se découpe sur le ciel criblé d'étoiles, j'ai peine à croire être dans le monde éveillé. L'hiver, quand je le devine derrière l'incessante danse des flocons de neige, je suis persuadée de tourner les pages d'un de mes livres d'enfant et d'être arrêtée sur cette page justement où je revenais sans cesse.
De jour, hors de la chambre, il est plus un repère qu'une émotion : où que l'on se trouve, où que l'on se perde, il suffit de le chercher pour se remettre dans ses pas et de dresser l'oreille pour savoir si cette journée encore a volé des heures à notre vie. Car c'est une spécificité de ce beffroi : il vole les heures. Je me lève, disons il est huit heures, à peine mes tasses de thé bues, je me retourne, il est dix heures et c'est ainsi jusqu'au soir. Est-ce pour cela que les villageois prétendant avoir soixante-dix-sept ans ont l'air si jeunes et qu'au dernier repas offert par la mairie aux plus de soixante-dix ans, ils étaient une centaine à table ?
Certains -de passage-(que le Dieu de Janine leur pardonne) se plaignent qu'il sonne. Oui, il sonne, les heures, en double ET les demies. Moi, ce qui m'affole, c'est quand il ne sonne pas. J'entends les trous. Le guetteur s'est tu et je pense à Cracovie et à ses cloches dans la nuit de Noël. Sans guetteur, on est foutu. Qui va surveiller le monde pendant qu'on dort ?

le jeu des métiers

Janine nous a mimé hier soir une famille -père, mère et leurs trois enfants- jouant au jeu des métiers à deviner. Il s'agit d'une sorte de rébus où les syllabes sont à découvrir uniquement par l'observation des gestes. Dommage, dommage pour tous les visiteurs qui ne pourront que nous lire que de n'avoir point pu vivre ce moment unique, où Janine agitait ses seins et où Dieu se morfondait d'observer combien vivante, pétillante et pétulante était sa brebis quelque peu égarée. Etait-ce la neige, le marc de Roland ou le diable qui montrait le bout de sa queue, en tout cas nous en avons vu de toutes les couleurs, des bouts, et le reste.
Malheureusement, je ne vous raconterai pas les gestes qui étaient le clou de la soirée, si délicatement mimés par une Janine debout :

Mes deux seins (médecin) bon, ça c'est gentil et Bobby l'avait chanté il y a fort longtemps

Bouts reliés (bourrelier) en nouant délicatement les bouts de ses seins qu'elle porte fièrement

Bout langé (boulanger) en mimant élégamment un homme enveloppant son sexe

Les 3 enfants ayant fort bien joué, la mère est à court d'idée, aucune n'accourt, elle se frappe le front, puis la table, encore et encore : Con table (comptable)

Le père a consciencieusement établi la liste de toutes ces trouvailles, encore plus ininspiré que son épouse, il s'en saisit et s'en torche : Au cul liste (occuliste)

Nos ateliers sont parfois beaucoup moins drôles, plus de "je" moins de fables. Alors Janine, bien sûr, c'est nul, tout nous le dit assez, tu restes irremplaçable.

Bonne année à toutes et à tous

hier soir

Ange, pourrais-tu remettre cent fois le nom des métiers de Jeanine (sur leur ouvrage ???) sur le blog
je crois que tu as mis z ou lieu de x dans le titre de john berger
ce message s'auto détruira par la suite
merci à tous pour cette belle soirée, même sans soupe MPB

mercredi 16 décembre 2009

Clochers

Je connais un clocher de l'intérieur. Celui de Saint-Didier-en-Velay. Nous étions deux ou trois garnements (qui pouvaient bien être les autres ?) à emprunter l'escalier à la rembarde trouée, à nous glisser entre deux barreaux trop lâches, et à monter sur le coup des moins cinq (de préférence celui de 4) pour aller nous faire sonner les cloches en direct et en privé. Nous nous tenions les mains, nous tremblions lorsque le mécanisme annonciateur se mettait en route,et nous redoutions et craignions autant que nous les attendions les 4 coups fatidiques, qui nous broyaient, les oreilles, le coeur et les jambes. Les oiseaux s'envolaient en ribambelle par les orifices au premier son, nous laissant pétrifiés sur nos poutrelles et après cet orgasme géant, nous reprenions nos esprits et l'usage de nos jambes, nous éloignant au plus vite du péché véniel d'avoir osé regarder le dessous des jupes des cloches. Une revanche pour toute l'arrogance des clochers des Béatrice.

Tiers lieu

Un jeud soir je fus à la cinémathèque de Saint-Etienne pour voir un film d'Alain Dumas, de 1996, intitulé Tiers Lieu. Ce film racontait l'un de ses innombrables retours au Pérou, sur un mode de journal de bord d'un voyage improvisé. Tiers lieu, car en faisant son film, il recréait un troisième espace, ni ici, ni là-bas, puiqu'il n'a jamais su choisir, puisque les images de Haute Loire succèdent à celles de l'Altiplano, et que les paysages se confondent au bénéfice des retrouvailles avec soi-même, et voilà que je m'y retrouvais aussi. Embarquée par ce demi frère  qui ne m'a jamais emmenée là-bas, comme projeté parfois. Lui et ses acolytes dérivent, de fièvre en révélations immenses, coïncidences inévitables lorsqu'on cotoîe cet Alain-là. Parmi les spectateurs, pourtant prévenus, certains étaient parfois déçus de ne pas reconnaître dans ce film les clichés habituels, la musique à flûtes, (OUF !) les grands sites, même Cuzco était ennuyeux, Arequipa hautaine et Nazca filmée au raz du sol, faisant de ses dessins seulement compréhensibles vus du ciel, de larges sillons de terre sèche survolés par l'incessant brouhaha vrombissant des petits avions à touristes. Mais à la fin il y eut Macchu Picchu et sa pierre. Celle qui fait prisonnière le soleil à son lever et signait la fin de la quête. Après la fin de la lumière, quelques mots-clés encore, Culpérou, et le nom de la pierre piégeuse, et celui d'une jeune fille, fraîchement adoptée. Maintenant je n'ai plus forcément besoin d'y retourner.

La légende de la géographie (1)

"Je nomme et l'obscur s'illumine. Les mots créent le territoire, le badigeonnent, le fixent, l'immobilisent, le fourrent dans une géographie. Il arrive qu'ils soient dépassés par les événements et que l'obscur demeure car toute terre, au fond, est innommable. Le plus vaillant des écrivains voyageurs, Nicolas Bouvier, enrage quand il rencontre un paysage si beau qu'il n'arrive pas à lui mettre des mots dessus. Un paysage qui déborde tout vocabulaire. Bouvier essaie et il essaie encore. Il rate. Une couleur, un pli de paysage le narguent. Le mots ne ramènent aucun gibier. Nicolas Bouvier est énervé. Il rage. Parfois, j'ai l'impression qu'au fond de sa colère, il y a comme de la jubilation : il a la conviction d'avoir atteint le bout des choses, non pas le bout de la route ou la dernière station de chemin de fer, [...]Ce que Bouvier a trouvé, c'est le vrai bout des choses, le point où règne la Terre, solitaire, dédaigneuse, intouchée, une Terre qui demeure inviolée. Une Terre qui précède et qui achève toute géographie. Une Terre au large de toute géographie, non par ce qu'il est difficile d'y atteindre mais parce que le langage défaille à son approche. Une Terre qu'aucun dictionnaire, et par conséquent aucune mappemonde ne peut désigner. Le Graal du géographe, de l'écrivain."

Paysage fer (2)

"Ailleurs, cette découpe sur une colline de dix arbres dans l'hiver, comme peints à l'encre de Chine et se détachant du ciel uniformément gris dans ce qu'on se souvient, et maintenant, à l'instant même, si on lève le regard à travers la fenêtre du train c'est soudain des échancrures violentes dans les nuages et des accumulations presque noires sur l'horizon qu'ici on domine, sur seulement l'étendue moutonnée de champs immensément labourés et personne.
Ne pas relire, accumuler seulement ces notations d'instants, puisque le même train, de jeudi à jeudi, en permettra la répétition, que ne changeront, mais lentement, que le cycle perceptible des saisons et la lumière.
[...] Décider cette fois en amont du voyage ce qu'il y aura à regarder et s'y tenir. Avoir préparé sur la carte Michelin 241 vendue 30F gare de l'Est les marques au stylo de ce qui s'ordonne sur le mince et serpentant liseré noir de la ligne de chemin de fer, et savoir gérer l'attente, la posture, savoir comment l'image va se mettre en place et ce qu'il faudra alors y saisir, même si ici on en rend compte dans un ordre qui n'est pas celui des marques sur la carte, mais celui de la reprise des notes sur le bloc jaune à papier quadrillé qui a servi, sur les genoux, aux mots repères, voire à quelques croquis de disposition de masses. S'être d'ailleurs répété plusieurs fois dans la semaine, non pas à voix haute mais quand seul on pense au texte qui s'élabore, alors même qu'on n'y travaille pas, puisqu'on n'est pas dans le train : ce qui compte,  c'est la disposition de masses. Ou bien : ce qui impressionne, dans l'encadrement de la vitre du compartiment, c'est la disposition de masses."

Paysage fer (1)

"C'est à notre sol silencieux et naïvement immobile que nous rendons ses ruptures, son instabilité, ses failles ; et c'est lui à nouveau qui s'inquiète sous nos pas."
Michel Foucault

jeudi 10 décembre 2009

mon beffroi



En attendant un texte qui, probablement ne verra le jour que pendant les vacances de Noël, je vous le repropose "mon" beffroi bourdelois. C'est la vue que j'ai de mon lit, avouez que le paysage est de rêve... Vous avez droit à la version de nuit, sous la pluie, il ne manquera plus que la version "neige"

mercredi 9 décembre 2009

rétrospectif : de la part de grandpierre

J'ai un peu tardé donc ça n'a plus rien à voir au niveau du "ce soir" mais c'était pour le mettre un peu "dans le coup"
notre prochain "ce soir", c'est mercredi prochain chez Ange-G.miammiam

Désolé, je ne serais pas à l'atelier ce soir, je suis en Lozère et y reste. Faites moi passer la consigne et les dates du trimestre à venir. Je m'attellerai à l'écriture tout seul comme un grand à l'occasion. Je ne désespère ni de faire court ... ni de rejoindre le site, et pense pouvoir être là pour le banquet de fin d'année. Bonne soirée. @ + su le web ! Jean-Pierre


Bacchanales

Vernissage / Performance

7 poètes et slameurs des Bacchanales
La revue Bacchanales de la Maison de la poésie Rhône-Alpes a publié depuis 1992 près d’un millier d’auteurs.
Pour cette soirée de vernissage, 7 jeunes poètes ou créateurs aguerris de la Loire, de l’Isère, du Rhône et de la Drôme diront, rythmeront leurs textes et nous feront partager leur plaisir de la langue, leurs empreintes dans la vie et la société : Lionel Bourg, Jean-Louis Jacquier Roux, Katia Bouchoueva, Bastien Maupomé, Fabienne Swiatly, Jean-Yves Loude, Caroline Sagot-Duvauroux, Gérard Gâcon et Tomato.

Vendredi 11 décembre
19h
Médiathèque de Tarentaize (Salle Publique)

lundi 7 décembre 2009

Minaret des Balkans ou à peu près


Morceau de photo de Nuri Bilge Ceylan

une échelle pour décrocher la lune

bidonvilles

arbres sans tête



chapeaux-clochers

dong, dong, dong,

les clochers sont des chapeaux,

des zébulons pointus,

ding, dong,

«turlututu chapeaux pointus»,

les clochers portent des couvres-têtes,

en forme de parapluies entrouverts,

prêts à se déployer,

à s’envoler ?

dong, ding, ding,

les clochers sont coiffés de bonnets élancés,

comment souvent chez les fées,

ding,

des tortillons enroulés,

qui voudraient bien décoller,

et flotter,

planer,

vers les petits nuages qu’ils regardent passer,

ding, dingue, dong

Clochers

ils n'évoquent plus rien
ou des souvenirs usés
mais leur hérissement
dans une ville
l'entaille dans le ciel
ainsi consumée
traversent mon regard
qui balaie l'espace plein
et malgré des fragments d'absence
délivrent une sève
qui se dissipe
dans les ombres

je vois j'entends
je reste au seuil

vendredi 4 décembre 2009

à peignes, à Dallas, à Jeanine


qui réveille toutes les 1/2 heures : à Ange-Gabrielle


à balconnet


à bulbes


heure d'été, heurs divers


ars en ré, amer kréma


jeudi 3 décembre 2009

Atelier en action


Une photo qui en ravira certaine, et moins une autre,..., allez, si, ils sont doux tous les 2, non ? En tous cas, j'ai demandé à Bounette si elle abandonnait son droit à l'image : nous avons négocié moyennant quelques croquettes. Pour  Michelangelo, j'ai une autre marque, au poisson, j'espère que ça ira aussi.

clocher, à peigne, Cayres (43)


clocher, à peigne, Solignac sur Loire (43)


Clochers



Après avoir erré sur les chemins, couru dans les prés , arpenté les collines,  folatré dans les clairières, tutoyé les sommets, s'être rafraîchi sous une cascade, reposé sur une plage, et laissé enveloppé de nuit, la nouvelle consigne concoctée par Linette et MPB nous élève vers les clochers.

Qu'il soit à bulbe, à dôme, à peigne ou octogonal; qu'il soit surmonté d'un coq ou d'une girouette aux quatre vents voire plus si affinité; qu'il soit appelé campanile ou qu'il serve de beffroi, le clocher élément architectural de l'église est indissociable de nos paysages ruraux ou urbains. Qu'il abrite encore des cloches sonnantes et trébuchantes ou qu'il se soit presque tu "enfin tu" aux dires de certains, il appelle les uns au rassemblement, aux sacrements, il rappelle à l'heure les retardataires et pour les autres il est un repère dans le paysage: sur le littoral, il est un amer pour la navigation.
Qu'il prenne par usurpation le nom de clocheton, on le voit de loin comme le minaret sur sa mosquée (lui-même plus discret souvent!) n'en déplaise aux Suisses et autres suivants étriqués; on s'approche de lui, on cherche à savoir à quelle époque remonte sa construction, on évoque son style, on parle de ses bâtisseurs et puis on lui donne un nom, une apparence dans la brume ou sous le soleil; il nous parle de nous, peut-être de notre avant s'il nous a bien connus ou il nous invente une vie...
Qu'il soit unique dans le paysage ou que du haut de la Tour Montparnasse vous dominiez tout un champ de clochers, et même de minarets, parlez d'eux, de ce qu'ils sont pour vous, esthétiquement, poétiquement, dans le domaine de la pensée; inventez leur une histoire, partagez vos émotions ou simplement vos impressions.





Extrait de "A la recherche du temps perdu" de Marcel Proust illustré par Stéphane Heuet (Delcourt)





mardi 1 décembre 2009

Altiplanant

En ex-elle, entre moi et moi, entre lui et lui et lui, avec des bouts d'avant et des restes de futur incertain, des portions de paysages qui font écho, à tel bout de Vietnam où je ne suis jamais allée, à tel mardi de décembre, Altiplano, éternité de ces atmosphères pelées, rares en air, mais pures en rareté, seule au monde mais intégrée comme un grain de terre, ici chaque instant était ainsi, chaque geste avait un sens, on se regardait vivre, non, intensité magistrale.
Il n'y a pas une minute à perdre.La réalité n'a rien à voir, rien à branler. Elle branle toute seule, et des atomes, je ne fais pas ce que je veux.