jeudi 31 décembre 2015

Aujourd'hui ce qui demeure immobile


" Le temps bien sûr. Pour ce dernier jour de l'année une consige en devinette de sphinx. Le temps ne s'écoule pas comme on veut nous le faire croire. Le temps est là, tout le temps, statique, instant après instant. L'écoulement, la durée est une construction de notre esprit, construction de l'homme qui a besoin d'un passé, d'un avenir, de faire des projets. Le temps est un point, puis un autre point. Dès mon enfance, l'image du temps a été pour moi symbolisée par une grenouille qui saute. A chaque saut, l'instant qui jaillit, l'instant créateur comme le qualifie Bachelard. Entre les deux : rien, les instants s'égrènent mais n'ont aucune durée. Tout est donné et existe dans ce pur instant. »

mardi 29 décembre 2015

Heureuse année 2016

Pour cette année une gerbe de beauté, de pureté, une abondance de couleurs et de parfums dans une terre vivante, de la légèreté au coeur et la danse aux pieds.



Que notre eau demeure pure et transparente



Nos ciels toujours aussi inspirants






Que nous soyons chaque jour visité par la grâce comme cet ange qui prend son envol







Et je vous offre mon jardin bien sûr






Un énorme bouquet de couleurs ...






... et une assiette de bons produits de nos jardins pour vous garder en bonne santé.


Belle année à vous. Je vous embrasse.

lundi 28 décembre 2015

Aujourd'hui bras ...

 Comme Montaigne et La Boétie, nous allons bras dessus, bras dessous. Mais il est des bras moins connus, tel le bras d'Orion qui est pourtant la partie spirale mineure de la Voie Lactée où se situent le soleil et la terre, c'est à dire notre véritable adresse. Pour éclairer vos lanternes, les bras spiraux sont des régions de formation d'étoiles qui s'étendent du centre de la spirale des galaxies. Il existe 4 bras spiraux majeurs dans la voie lactée, le bras d'Orion est lui, un bras spirale mineur. Vous connaissez toutes et tous les bras d'un cours d'eau dont certains sont morts aujourd'hui, sans doute beaucoup moins les bras du chromosome qui sont ces parties qui s'étendent d'un côté et de l'autre du centromère. Devrais-je aussi mentionner le bras d'honneur ? »

mercredi 23 décembre 2015

Joyeux Noël à toutes et à tous




 
Que votre réveillon soit doux et paisible et votre Noël comblé d'amis, de présents et de joies.
A bientôt pour un repas de début d'année tous ensemble

mardi 22 décembre 2015


après la mer
après la vague, un peu lasse
y aller en trainant les pieds
si tu ne sais pas où tu vas, souviens toi d’où tu viens
dans la cour de l’école
désertée pour l’été, se rassembler
avec des inconnus faire une ronde
quand dans un village les gens marchent sur la tête, marche sur la tête
entendre un air qui entraîne
rythme chants d’ici cadence
se prendre par les bras 
dessus dessous
s’attraper aux petits doigts
regarder les souliers d'autres
s’emmêler les pinceaux
si tu vois un serpent à bicyclette c’est qu’il sait pédaler sans les pieds
point par point essayer
à tout petits pas
être connectée aux pieds 
planter déplanter planter les choux 
comme égarée dans un manège
prise dans la farandole
les jambes font toutes seules
la roue tourne
les mains se serrent les bras se soulèvent
laisser aller
les regards croisés
le soleil grandit rétrécit s’ouvre parfois
le sentir s’élargir à force d’y passer
flux et reflux 
des marées
déferlantes vagues
l’amitié est une trace dans le sable, si tu cesses de la refaire elle disparaît
j’entre dans la danse




* en italiques des proverbes béninois, burkinabés, ivoirien et gabonais dépliés avec nos papillotes 



vendredi 18 décembre 2015

une autre manière d'entrer dans la danse

sortir des eaux  du lac
faire un Cygne
en direction des jetés du port
sable chaud, à Petipa marcher sur les pointes
s'allonger sur le sol
simplement
oublier les pirouettes, les arabesques et les poses de plage
s'écarter des codes du langage
retrouver la voix du nouveau-né
Babilé
fermer les yeux et
arrêter le petit manège
mariner, (dé)bauscher, et même bejarter
sentir le fouetté de la brise
sur le corps déplié
assembler les pensées
échapper aux idées noires
accueillir la glissade des nuages qui cachent les étoiles
réinventer le jeu des petits rats entre (les) chats
regarder du côté du bois dormant et
donner sa chance à l'adage des sens.


Merci pour le contexte :Magie rose*



Dernier atelier 2015 - Vive le prochain, Mercredi 13 janvier chez Natô.

Les absentes étaient aussi représentées : 1 couple de cochons à la queue remuante, offert par Linette.
L'absent planait au-dessus de tout ça : les papillotes avec leurs proverbes africains, les biscuits roses de Reims, le vin rose pétillant de mon colis de Noël, le jus de grenade, les dattes moelleuses, l'émotion de notre nouvelle amie, la fatigue des journées de travail, la nouvelle chaudière ronronnante. Les textes toujours à la hauteur de nos (re) sentiments. 


* (un vieux spectacle de Diane Dufresne à Montréal)
** **(Grand Glaïeul, t'es passé où ?)

jeudi 17 décembre 2015

Entrer dans la danse

"Entrez dans la danse
Voyez comme on danse
Sautez, dansez
Embrassez qui vous voulez"

Sans hésiter, se jeter dans le tourbillon
Attraper une main à droite et une 
à gauche.
Se laisser entraîner, tirée, poussée, ballotée.
La longue chaîne humaine
colorée
serpente autour de la place.
Elle rit, elle chante, elle ondule, elle vacille, 
des pancartes passent de mains en mains
"Cop 21 Mensonges"
"Le climat c'est l'affaire de tous".
Des chants fusent, d'autres mains s'accrochent
Ouvrent la chaîne, se joignent
Des sourires éclatent, la joie perle, des mains
se tendent et ...
Tout à coup, je décroche. Je lâche deux mains, la chaîne se reforme, le maillon manquant n'apparaît plus, absorbé le trou. Je me jette dans une rue adjacente, une rue vide presque déserte, silencieuse, un peu triste après le feu d'artifice. Besoin de repos, de silence, de pas lents, d'entendre mes pas sur le trottoir, de me faufiler, de quitter les cris et les rires.

Prise dans la danse
Tu ne peux plus échapper au tourbillon
Tirée par devant
Poussée par derrière 
Tes pas ne t'appartiennent plus
La direction t'échappe
Tu n'es plus qu'un maillon
Et sans les autres tu n'es plus rien.

Je marche seule un long moment et décide de rentrer à pied, il me faudra une heure mais je choisirai de petites rues, la lumière et la foule me blessent, le bruit et les slogans m'assourdissent. Il me faut fuir et me réfugier dans la nuit, ré-installer le silence dans ma tête et la lenteur dans mon corps.

mercredi 16 décembre 2015

Paroles et tissage

 « Aujourd'hui tissus De tissu social en tissu urbain et en tissu de mensonges, le fil m'entraîne à tisser une intrigue et tisser des liens pour déboucher sur entrelacer, mailler, entrecroiser, intriquer, entremêler et aboutir inévitablement à « textus » dont la signification « enlacement, tissu » a donné le mot « texte ». Une chaîne, un trame, une navette, des fils et voilà le tissu qui naît sous nos yeux. Depuis toujours, l'humanité a associé paroles et tissage comme les Dogons aujourd'hui. Les dents de la bouche évoquent le peigne quand la langue qui va et vient sans cesse dans la bouche évoque la navette. Les paroles elles-mêmes sont des fils que le tisserand transforme en tissu. Dans l'acte de parler, le mouvement alternatif et régulier des mains se renvoient la navette de gauche à droite puis de droite à gauche ainsi que le va et vient vertical des deux pédales du métier à tisser qui changent le plan des fils. Les Bambaras du Soudan utilisent la même métaphore. »
Dans le muséee des rêve,
j'ai acccroché mes toiles
                                toiles d'araignées
                                toiles de jute
                                toiles de baptiste
fines si fines que j'y ai passé ma mémoire à travers
et elles se battent elles se débattent
contre le temps qui gratte et qui écaille
qui leur file des cauchemars.
Les araignées ont fait leur oeuvre
à longueur de toile.
Elles ont tissé détissé démaillé les propos
et troué les histoires.
Les toiles de jute ont résisté
opiniâtres
l'alpha tendu jusqu'à l'extrême
oscillant entre le droit et le penché
entre l'endroit et l'envers
entre le vrai et le faux.
Elles sont l'oméga de l'histoire
de celle qu'on voudrait oublier
de celle qui me fait exister.
                          Eaux calmes ou rivières en tumulte
                          lits de rien ou couches en volupté
                          monochromes ou chamarrées
elles sont.
Les toiles de baptiste
délicates
bleu de rêve et court vêtues
elles attendent
sans encadrement elles attendent leur heure
                     leur heure de rencontre
 au flot  des vents contraires et des arbres en fleurs
                     leur heure de mots tendres
sur les lignes des phrases
                    leur heure de vins moelleux
dans les verres vacances
elles attendent leur heure de nuits gelées
dans la moiteur d'un drap
Et elles dansent une valse en sous main
un tango pathétique
Indociles fragiles elles se balancent
et elles s'endorment
dans le musée des rêves évanouis.


samedi 12 décembre 2015


au musée des rêves il y a
des étendues d’eau
des bottes d’esquimaux
la maison de l’enfance
la sœur, pure présence
le chaton gris évaporé
un plat à gâteau vide, blanc
une pelle dedans
le visage de l’ancien amour, rouge
des plaques urticantes
les feuilles mortes dans le caniveau
la maison japonaise du psy
des cordes entre deux eaux
l’échafaudage qui tremble
des escaliers à monter à descendre
du vertige à apprivoiser
la peur du chat perdu
le père au même âge que toi
un pan de cils qui tombe
le poids du premier rôle
ne pas savoir le texte
vouloir fuir la scène
recevoir une assiette vide
penser que c’est une roue
planer au dessus d’un l’escalier qui tourne
échapper au loup
savoir traverser
pouvoir voler




dimanche 6 décembre 2015

Aujourd'hui un secret

 ...  de famille bien sûr. 
« Ligne & fils » d'Emmanuelle Pagano commencé cette nuit d'insomnie - une de plus – m'a beaucoup brassée. Au travers de ces pages, elle remonte au fil de l'eau les générations, dévide les fils de soie des cocons de ses mémoires, passe du fils à l'arrière-grand-père, retrempe ses mains dans l'eau bouillante qui défait  les chrysalides pour retrouver le chemin de ses lignes de vie. Dans les archives de l'eau, par capillarité, remontent les mémoires anciennes des secrets bien gardés agissant sur les corps d'aujourd'hui. L'auteur trie les débris restés enchâssés au cours des siècles dans les méandres de la rivière, et ça fait mal. »

samedi 5 décembre 2015

La permaculture est arrivée chez nous !

2 buttes en lasagne terminées et recouvertes de paille (prêtes à la plantation pour ce printemps)

Une 3° en cours : ici la couche de bois concassé



Il y a longtemps que je voulais me lancer mais pour cela, il fallait AVANT collecter tous les matériaux nécessaires. Voilà qui est fait. Il ne reste qu'à laisser les 3 buttes reposer tout l'hiver, se réchauffer et à procéder aux plantations dès le printemps. Je vous parlerai des résultats

Pour qui voudrait se lancer, voici comment procéder :

 Permaculture en lasagne



1° Déposer des cartons sur le sol en 2 ou 3 couches croisées. Recouvrir de tonte fraîche. Arroser abondamment pour bien détremper les cartons.

2° Déposer une couche de bois broyé et feuilles mortes. Ajouter une couche de déchets de légumes et de fumier. Arroser copieusement.

3° Ajouter une couche de compost et de tonte sèche. Ajouter une couche de tonte fraîche. Arroser à nouveau.

4° Recouvrir d'une couche de terreau (environ 10 cm). Puis une couche de paille sèche. Arroser une dernière fois.

5° Procéder aux plantations.

Pas d'arrosage par la suite pour que les plantes développent un système racinaire en profondeur.

Ou pour celles et ceux qui préfèrent les croquis :  









jeudi 3 décembre 2015

Le musée des rêves

On y chuchote à l'imparfait, en observant dans les vitrines opaques des clones qui nous ressemblent par morceaux.
On traverse tour à tour
La chambre des promenades, nue
La chambre des conduites sans chauffeur
La chambre des rivières du temps
La chambre des pierres et des fontaines
La chambre des rêves non identifiés
La chambre des images escamotées où les ombres à peine entrevues s'effilochent en brume de révélation fugace mais à jamais perdue
La chambre de l'escalier qui mène en soi en colimaçant.

Le Musée des rêves est ouvert 7 nuits sur 7. L'entrée se fait pas la fenêtre dérobée, ou par le troisième œil, par la bouche du petit déjeuner, par le cahier à spirale, car un rêve ne vaut que d'être raconté, mis en mots ou en sons.
Et pour peu qu'on y croise un autre, les images se mettent en 3D. Picachou contre Totoro, Super 8 contre HD.
L'entrée semble gratuite, mais il faut y mettre un peu du sien.

Parfois il n'y a rien à voir. Le rideau est tombé dès la fin de la connexion.

Dans l'aile Ouest du Musée se trouve l'expo permanente. On y chuchote au conditionnel, voire au  futur Y sont exposés, des chefs d'oeuvre de rêves non rêvés, des rêves grandeur nature au pays des géants, irréalisables, inaccessibles, hors de propos, mais qui avaient tenu un temps leur place dans la galerie des rêves à la mode, ou dans celle des Refusés et qui pensent encore avoir leur heure de gloire.

Et puis trône, en belle place, le plus beau rêve, qui telle l'oeuvre d'art quand elle vous touche, vous donne envie de rentrer chez vous et de vous y mettre, vous aussi, à faire le Bonnard, l'Hokusaï, l'Odilon REDON.

Pas de musée des rêves

Les rêves bougent sans cesse. Ils courent, volent, s'envolent, s'interpénètrent. Quand on veut les écrire ou les raconter, ils s'échappent, s'évadent. J'ai bien essayé de les collectionner, de les épingler comme des oeuvres dans un musée, de les mettre en conserve, de les consigner dans un grand cahier. Quand j'ouvre le cahier des année plus tard, je ne les reconnais pas, ils ne sont plus miens, ils n'ont l'air de rien. Tout a fondu dans le papier. Envolés les images dynamiques, les glissements de sens, les changements d'époques, de personnages. Disparues les superpositions de lieux et les paroles immédiatement intelligibles. Les rêves résistent mal au bocal. Ces traces sur le papier ne sont que résidus mémoriels sans vie. Ce n'est qu'en rêvant à nouveau que je plonge dans cet abîme de visions et de mise en abyme.
Dans un musée, bien sûr, je peux rêver, voler des images qui viendront hanter mes rêves. Je peux thésauriser sans m'en rendre compte tout un bestiaire qui viendra alimenter un imaginaire que j'ai longtemps cru personnel. Des figures de Goya, Dali, Ensor et tant d'autres hantent mes rêves ou leur donnent figures et formes.
Enfant, un temps, j'ai eu la capacité, en fixant le plafond, les rainures dans un plancher ou une quelconque tache d'humidité sur un mur, d'y voir tout un peuple merveilleux d'elfes et lutins ou grouillant de visions de monstres et de loups. Les murs parlaient, sous les lits se glissaient des fantômes, cachés derrière les rideaux, des yeux me regardaient. J'habitais alors des lieux peuplés d'un monde qui s'est, peu à peu dépeuplé, vidé asphyxié. Où sont allés ces vivants habitants, nombreux, mouvants, fidèles compagnons quoique rarement bienveillants. N'auraient-ils pas été épinglés sur un mur ?

réveil

Entre les persiennes des songes, le souffle du matin murmure des mots azurés
    l'encre de chine reprend son vol
    les voix des défunts s'apaisent et des tâches étoilées recouvrent leurs linceuls

Le mouvement du monde repousse le décor
   redresse les corps à l'envers

Entre les murs du musée : bataille des rêves en stock et des lendemains désenchantés
   un jour, le renoncement de l'hiver sursautera à nos oreilles
   tout sera oublié



Eugène Savitzkaïa

http://www.telebruxelles.be/news/eugene-savitzkaya-laureat-du-prix-rossel-2015-2/

mercredi 2 décembre 2015

Je suis différée, me cognant contre les égaux surdimensionnés ; des orgueils qui me piquent le nez.
Le jour se lève, puis se recouche. Ne restent que des squelettes d'arbres, des troncs de boulot négatifs, des branches épileptiques et des fils électriques. La brume fait fond, surtout par le bas.
Passe le camion poubelle- la-vie et je me dis : "ça force les yeux que de vouloir percer les ténèbres" et je retourne à mon quant-à-moi, hérissé de douceur contrariée, mais chimiquement -Shalom- Pace- Salut- Salam- infiltrée

mardi 1 décembre 2015

C'est un fruit orange veiné de grenadine . Ses cornes pointues et piquantes lui font croire qu'il est intéressant. Il explose en vert luisant, son jus acide sulfurique laisse un trou à la place du cri. C'est un cactus tout petit dans son pot qui ne pique que si on le serre. "Je suis un homme libre", clame-t-il. C'est un homme piqué par je ne sais quelle mouche, qui frotte ses humeurs à mes vices. c'est une surface trompeuse aux aspérités cachées urticantes. On croit s'abandonner à son lisse et on se brûle à ses malices.
Je me pique de me frotter à des sentiments infréquentables. Des dards je ne crains que ceux des frelons, même morts. Qui s'y frôle..
Je me pique, je me casse le coeur, je ne me tiens pas assez à carreau.
Et si d'aventure je me frotte au danger, si la piqûre en vient à s'envenimer, que ma peau tombe en lambeaux, sous la lamelle de bourreaux. Que les tiquent me liment, que les tocs me troquent et que l'on m'apporte des frittes.