vendredi 25 février 2011

impasse


Dans la série des noms de rues, voici une photo prise sur l'île de Ré. Chacun y voit ce qu'il veut....

jeudi 24 février 2011

chute des corps



mon lapin

envie de caresser

ton poil

d’où ?

aperçu

à l’encolure

sous

l’édredon givré

brrrrrrrr

décongelons

mon lapon


tu rentres ?

ou

tu restes ?

on danse ?

a

prendre ta main

toucher ton bras

sentir

et

dire

«dansez les pattes»

à 4 pattes

pattes de chat

pattes d’oiseau

pattes d’oie

pas d’ours

ils ont valsés

tournoyés

furetés

flairés

...

mon lupin

lu

envie de caresser

tes cheveux

tignasse

folle

comme l’herbe

chien fou


avant

ou

après

?

la tentative

de tuer ma muse

pan ! pan ! pan !

raté


lapins

toutes tripes à l’air


juste contempler

l’ampleur de ta chasse

de ma chute



dimanche 20 février 2011

Petit éloge de la rupture 1

"On ne peut écrire que contre les siens, on ne peut qu'être extracomunitario dans l'écriture.
Et je veux prendre pour mienne une langue que je ne possède pas totalement, qui se dérobe sous mes pieds, qui m'empêche une certaine facilité, vernis, bravoure et pirouettes, et m'oblige à aller vers l'essentiel. Et il faudra bien - et c'est ça qui est difficile- que je finisse par trouver mon ton dans cette nouvelle langue. Un ton ou, mieux encore, un son, un pas, ma façon de marcher ; d'ailleurs, l'écriture tient du fonctionnement du corps, du souffle, de la façon de se mouvoir, il suffit d'observer les corps des écrivains autour de soi pour s'en convaincre. Alors je veux bien continuer à m'enfoncer dans ma forêt de doutes ; c'est ça écrire, et ce dans n'importe quelle langue, maternelle ou non."

samedi 19 février 2011

pina chute




un homme

plante un micro

au coeur des danseurs

palpitations

sourdes

bang

bang

bang

rythme

des battements

envahissent l’espace

percussions

sang

son

p

de poète

le champ d’oeillets

à perte de vue

une femme

jambes longues

échassier

perchée

hauts talons

accordéon contre

la poitrine nue

avance

lève les pieds

haut

i

ils

en costumes noirs

vigiles-architectes

construisent

des tours en cartons

vides

vite

grimpent à l’échafaudage

dans le vide de cartons-briques

sautent

chutes

n

nus bras en couronnes

auréoles autour des visages

s'approchent

tour à tour

nous regardent

nous parlent

disent

pourquoi ?

a

ils sont danseurs







photo : ulli weiss

jeudi 17 février 2011

nouveau message

Vous avez un nouveau message
Bonjour mon grand, c'est maman,,je t'ai attendu hier toute la journée
mais tu n'es pas venu,je suis descendue à la salle à manger.C'est
toujours aussi mauvais ce qu'on nous donne.
je n'ai rien mangé, pense à m'apporter mon ancien dentier et des
gauffrettes à la framboises si jamais tu viens demain.
Bonjour mon grand, c'est maman cette nuit, j'ai rêvé que tu t'étais
tué en moto Appelle moi pour me dire si c'est pas vrai.
Bonjour mon grand c'est maman j'ai eu la visite de ton frère le petit
il est de plus en plus bizarre maintenant qu'il a plus de femme, il
avait les cheveux gras et une bague accrochée au nez il paraît que
c'est la mode
je pense qu'il est mal parti c'était bien la peine toutes ces études tu
devrais lui parler
Bonjour mon grand, c'est maman il faut que je te dise quelque chose
j'espère que ca va pas te vexer.Hier c'était le sapin de Noël on a eu
la visite de celle qui s'occupe des vieux à la mairie; elle est pas toute
jeune elle aussi elle a serré la main à tout le monde ça n'en finissait
plus il y en a qui dormait fallait les réveiller
On a mangé de ces chocolats qui ont de la crème blanche dedans ils
sont pas trop bons ça doit être des restes pour les vieux.
on a bu du champagne enfin surtout les hommes moi je suis sure
que c'était que du mousseux ma ça fait rien
Quand je suis remontée dans ma chambre,j'ai failli tomber dans les
escaliers et tu vas rire il y avait le Marcel couché dans mon lit il
voulait pas s'en aller il a fallu que j'appelle l'aide soignante.Il lui a
dit qu'il s'étai trompé de chambre mais moi je crois que c'est autre
chose …....
Est-ce que tu as vu ton frère? est ce qu'il s'est lavé les cheveux?

mercredi 16 février 2011

messagerie

Mardi 15h53
Salut, c'est moi, je viens de voir Doudou, chez qui on devait se retrouver demain soir avec Charly et Jef. Est-ce que tu peux prévenir Jef, parce que Doudou n'a pas son téléphone, que finalement ce sera chez Charly, mais pas demain soir parce que Doudou n'est pas libre. Ça pourrait se faire après-demain, à condition que ce soit possible pour Jef. Si ça n'est pas possible, il faudrait voir une date pour la semaine prochaine, parce que Doudou et Jef sont pris ce week-end. Par ailleurs, si ça se fait la semaine prochaine, il faudra que nous nous retrouvions soit chez toi, soit chez moi. Tu vois avec Jef et tu me rappelles. Pendant que j'y pense, Charly m'a parlé d'un mec qui serait intéressé, c'est un copain à Tony, pas celui que tu connais, un autre qui travaille avec lui. Faudrait voir si on peut le faire venir. Allez, tchaotchao!
Jeudi 14h46
Salut, je viens de voir Charly, finalement le copain de son collègue Tony n'est pas intéressé, par contre Tony, pas son copain, celui qu'on connaît, lui, serait intéressé. Je lui ai dit qu'il t'appelle pour la date. Allez, tchaotchao!

LA DERNIERE FOIS

17.H. Je suis au pied de l'escalier extérieur, le sac lourd de tout ce que j'ai à lui rendre. J'essaie de camoufler le bruit de talons que font mes bottes sur le pavé des marches poussiéreuses. Je les compte une dernière fois, dix sept, dix huit, la dixneuvième est glissante, je fais attention pour ne pas tomber, que je sois présentable! A la vingtième, j'atteins la sonnette que je n'ai pas besoin d'actionner car la porte s'ouvre immédiatement sur son visage tanné par la vie au grand air. Je le regarde, mes yeux traversent son corps pour se glisser dans le vaste appartement plongé dans la pénombre. La lumière du jour l'agresse constamment et je hais cette obscurité latente qui dès le matin donne déjà du corps à la nuit. "On ne s'embrasse pas?" Je tourne la tête à droite, encore à droite pour éviter ses lèvres chaudes sur les miennes, je les accepte seulement sur mes joues refroidies par le vent des derniers jours d'avril.
17.H.10. peut-être. J'essaie un pied dans le salon. Dans ma tête, je compte les pas que je ferai, quatre ou cinq pas plus, peut-être une dizaine, surtout ne pas dépasser la dizaine au cas où la situation tournerait mal. Je devrais pouvoir faire volte-face facilement! Il s'appuie au chambranle de la porte pour me laisser passer. La laine de son chandail électrise le gilet que je porte. Il baisse la tête, regarde nos deux vêtements, tente une manoeuvre d'approche pour se serrer contre moi. Je glisse sur le côté, un pas, deux pas, il n'est plus en face de moi. Le champ libre, je pose sur le carrelage blancle sac de papier qui m'encombre.
17H.13. "J'ai rapporté les catalogues que tu m'avais prêtés pour les vacances de printemps." "Pour nos vacances?"De deux doigts posés sur sa bouche, je cloue un "je t'aime" au pilori. "Pour les vacances!" Je le vois se tasser, comprendre que quelque chose vient de se passer, ses yeux noirs dans lesquels je me suis si souvent perdue, s'enfonçer un peu plus dans leurs orbites. Il va crier, hurler peut-être, je le connais. Je vide mon sac, le plie et le replie consciencieusement, il me sert de prétexte à mon hésitation pour continuer. "Nous ne partirons pas ensemble, nous ne partirons plus ensemble. Toi et moi c'est fini! Notre voyage s'arrête ici!" Un silence glacial s'est installé en écho à la froidure du dehors. Il est devenu livide. Il ne faut pas que je vacille, que son regard perdu, que ses bras qui se tendent et que je repousse machinalement, que ce corps souple que je regretterai, me fassent revenir sur ma décision. Ces yeux lourds de reproches qu'il n'arrive pas à formuler, je ne les regarde plus. Je recule d'un pas peut-être de deux. Pourvu qu'il ne bloque pas la porte pour m' en interdire la sortie dans un de ses accès de violence que j'ai pu essuyer et que je ne veux surtout plus revivre!
17H.20. Le silence devient effrayant. Je le rompts d'une voix que je veux la plus rassurante possible par un banal au revoir. Il est complètement tétanisé. La voie est libre, libre je me sens, je n'arrive pas à être triste.
17H.25. Je crois. Quand j'arrive au bas de l'escalier, j'entends le premier objet en verre qui se fracasse violemment sur le sol.

mardi 15 février 2011

Comment faire disparaître la terre ? 840 PIRE pp 177-178

"Quand les élus ou les familles ont un problème, ils réfléchissent, réfléchissent, puis finissent par imaginer une solution intitulée " la Famille". Les tragédies grecques ont démontré que le choeur familial, tandis qu'il chante et scande le rythme avec ses pieds, produit une espèce de lamentation paralysante qui entrave les gens, même les plus vaillants, au lieu de les aider, et absorbe une part énorme de leur énergie qu'ils utiliseraient plus utilement ailleurs : hypothèse confirmée par de nombreux chercheurs en sciences sociales. Mais il n'y a rien à faire, nous revenons constamment  à nos parents et à nos enfants, c'est une drogue, un trou vers lequel penche de tous les côtés un parquet glissant. Les mieux conseillés perdent parfois l'équilibre et se mettent soudain à déraper dans un seul sens, les bras moulinant l'air à toute allure pour rétablir leur stabilité, mais ils n'y réussissent pas car le parquet familial est diaboliquement ciré."
Pireyre Emmanuelle  - Comment faire disparaître la terre ? Seuil, 2006 - coll. Fiction & Cie.

lundi 14 février 2011

Rupture

Je sais que tu dois rentrer dans la journée. Il y a déjà plusieurs semaines que tu es de plus en plus souvent et de plus en plus longtemps en déplacements. A dire vrai, tu ne rentres guère plus que le week-end, parce que quelque chose encore t'y oblige.

Tu arrives vers midi, je t'ai mitonné un repas léger comme tu les aimes, je me suis faite belle et je t'attends. Tu entres, déposes ton cartable, ta valise, ôte ton écharpe rouge et ton imperméable noir que tu accroches consciencieusement dans l'armoire. Tu ne me sautes pas au cou selon ton habitude, déposes un baiser sec sur mes lèvres et quand je te demande « Où étais-tu tous ces jours-ci ? », tu me dis « Hé bien, je vais te dire la vérité. J'étais chez une femme, elle s'appelle Irène, j'ai dormi chez elle. Je voudrai que nous nous séparions, mais je souhaite continuer à travailler avec toi. Je trouve qu'à nous deux, la boîte tourne bien, on se complète parfaitement, tu es bonne partout où je suis mauvais, et je réussis partout où tu te débrouilles moins bien. Nous faisons un bon tandem, les clients sont satisfaits et il n'y a aucune raison de ne pas continuer ».

Je le regarde, sonnée, ne rougis ni ne blémis, aucun des muscles de mon visage ne se contracte , je respire profondément, calmement, abdominalement comme je l'ai appris, le regarde longuement n'en croyant pas mes oreilles ; en réalité , j'attends qu'à tout moment il éclate de rire et me dise « Mais non, ma chérie, c'est une plaisanterie stupide, ce n'est pas vrai »

Je me lève, nous étions jusque là, tous les deux assis au soleil, à la table de la cuisine, vais dans notre chambre, prend le petit père Noël en peluche accroché à notre lit – c'est le premier cadeau que tu m'as fait, lorsque nos yeux étaient encore rivés l'un à l'autre au restaurant, au point de ne pas savoir ce que nous mangions-, attrape la paire de ciseaux de cuisine et délibérement lui coupe la tête au-dessus de la poubelle et sans un mot, laisse tomber les deux morceaux. A ton regard, je comprends que mon geste te déboussole, sans doute as-tu prévu des cris, des pleurs, des arguments. Je me regarde agir mécaniquement, aller à pas tranquille vers les étagères de verre que tu m'as confectionnées, saisir le magnifique gros oeuf en pierre, composé de cinquante pièces parfaitement ajustées et qui tient debout sur son socle, offert un jour d'anniversaire de rencontre, disjoindre chaque pièce dans un bruit d'osselets et leur faire rejoindre la poubelle dans un joyeux tintamarre. « Mais qu'est-ce que tu fais …? ». Je suis déjà repartie pour revenir avec ce beau pommier en bois, puzzle en deux dimensions, avec ses branches vertes, couvertes de magnifiques pommes rouge-vif ; d'un geste sec, je le démantibule et lui aussi part rejoindre les morceaux précédents dans la poubelle. Je me rassieds et m'entends te dire qu'il est hors de question que je continue de travailler avec toi, que oui nous allons nous séparer, et que vu que tu es gérant de la Société, tu veuilles bien me convoquer pour un entretien de licenciement, et que tu as intérêt à bien réfléchir aux raisons que tu vas invoquer. Tu ne me crois pas. J'ouvre la porte et te demande de préparer quelques affaires, t'annonce que je ne reviendrai pas sur ma décision.

Au moment de sortir, tu m'embrasses, me serres dans tes bras et me dis « Tu sais, tu fais partie de moi maintenant... ». Je n'écoute plus, déjà la porte est refermée...

Tessons et mantilles

Déjà un service complet de vaisselle -en grande partie de l'Emmaüs dépareillé- réduit en tessons. X accompagne ses éclats de verre d'éclats de voix, eux-mêmes capables de briser des céramiques du XVème siècle espagnol. Entre 2 coups de tonnerre, je donne d'une main un coup de balai  et remplis  de l'autre de grands sacs plastiques, séparant les tessons que je recyclerai pour mon grand oeuvre façon Facteur Cheval de style Mudejar, des gravas de notre amour défunt, désormais inutilisables, emberlificotés dans les embrouillaminis de points d'interrogation, à jamais sans réponse. J’étiquette les sacs pour ne pas les confondre.
« Depuis combien de temps ça dure, ton petit manège ?» me demande X ? «De quel manège parles-tu ?» réponds-je, «tu sais bien que j'ai toujours eu horreur des manèges, ça me donne envie de vomir ! » « Oh ça va ! Ne joue pas sur les mots, tu sais très bien de quoi je parle » En parlant de maux, {mais c'est bien la dernière fois} je viens de me couper avec un saloperie de bout de verre Duralex, je monte dans la salle de bains chercher un pansement dans la boîte à pharmacie intitulée « coups et blessures ». Evidemment le sparadrap a glissé dans la boîte contigüe intitulée « digestion, estomac, ventre », mélangé avec les pansements gastriques. L'ennui d'avoir pour bonniche une bibliothécaire, c'est que  le classement prend souvent le dessus sur le rangement et ranger une maison en Dewey, même avec la version augmentée, et mise à jour en 2009, c'est pas de la tarte. Il y a toujours un moment où pour  disposer les choses à leur juste place, il faudrait couper les livres en 2 et/ou les cheveux en 4 afin d'être  cohérent et totalement rigoureux (2 qualités requises dans la fiche de poste bibliothécaire).

A partir de là, les événements se précipitent

UN) Le téléphone sonne : je note l'effort du metteur en scène : penser à introduire un élément extérieur qui généralement met fin à l'hystérie du vase clos, ramenant les protagonistes à la réalité des autres mondes, faisant irruption pour annoncer qui la mort d'un proche, qui la  pluie verglaçante sur le territoire, le blocage des régimes de bananes dans le port de Marseille, à moins que ce ne soit Chris le voyant, qui m'annonce encore qu'un grand changement va se produire dans ma vie.

DEUX) Je note une odeur de brûlé, je regarde par la fenêtre. X s'est lancé  dans la scène II du Grand Incendie de Rome, mais au lieu de jouer de la lyre, il est en train de brûler notre piano synthétique sur lequel nous avons joué ensemble de belles musiques dissonantes, car, comme le disait Oscar Wilde, "l'amour c'est ne faire qu'un, mais lequel ?"
«  T'as toujours eu le feu aux fesses ! » s'étouffe X dans la fumée de son barbecue. Machinalement je jette un coup d'oeil dans la glace : Non, aucune fumée ne sort de mon bas-côté. Mais ça ne veut rien dire, parfois il y a du feu sans fumée, ça ne se sait pas assez.

TROIS) Malgré mes efforts de colmatage, je ne réussis toujours pas à stopper le flux de sang qui s'écoule depuis 10' de ma blessure. Dans le lavabo, mes globules, les rouges que l'on voit, et les blancs que l'on devine, mon fer, mes plaquettes et tout mon bon cholestérol, rejoignent les égouts en fines rigoles. Moi je ne rigole pas trop et flageolante et autant que faire se peut, je dévale l'escalier, remontant le chemin de gouttes rouges que j'ai tracé à la montée.

« Tu peux m'emmener aux urgences ? Avant qu'on se sépare ? », demande-je.

vendredi 11 février 2011

Lecture atelier 18 février 2011 au Remue Méninges

Comme pas annoncé dans le flyer du Remue-Méninges :

Nous ferons une lecture de certains de nos textes* écrits pendant les 2 ateliers animés par Noëlle Revaz au cours de ses 2 périodes de résidence à Saint-Etienne (Octobre et février).

date : 18 février 2011 -19 heures
lieu : le Remue Méninges, 59 rue Désiré Claude St Etienne. tel 04 77 37 87 50 (voir lien dans notre liste de blogs)

Cette soirée est une carte blanche à Noëlle Revaz qui invite Joël Bastard**

Merci à Daniela Diblasi et à Philippe Georjon de la Médiathèque de Saint-Etienne pour tout le travail qu'ils effectuent en direction des auteurs contemporains et des auteurs contemporains inconnus aussi.

*dont quelques uns sont publiés sur ce blog sous le libellé "atelier Noëlle Revaz"
** extraits de textes de Joël Bastard sur le blog Jardin d'ombres (voir lien dans liste de blogs)

jeudi 10 février 2011

gare de l'est

J'étais arrivé dans le hall de la gare de l'est environ dix minutes avant l'heure du rendez-vous qu'elle m'avait fixé.Je m'étais assis sur un banc qui me permettait de la voir dès son apparition.Mais en fait,je me suis rendu compte assez rapidement qu'elle était déjà là,près du kiosque,debout feuilletant un magasine .Je ne la reconnus pas immédiatement car elle portait un long manteau rouge que je n'avais jamais vu .A cet instant,je pris conscience de la banalité de la situation j'allais la quitter ici dans cette gare au milieu de la foule et cette scène tant de fois vue dans les films allait se dérouler presque sans moi car je disparaissais derrière l'acteur anonyme qui allait jouer.Moi ce qui accrochait surtout mon regard, c'était le décor:la haute verrière blafarde,les panneaux d'affichage des trains et le va et vient des voyageurs.
Absorbée par sa lecture,elle ne s'était pas aperçue de ma présence et cela me laissait le temps de l'observer.Cette femme qui vivait à mes côtés depuis plus de dix ans semblait s'être dissoute dans une silhouette quelconque.Je n'arrivais plus à reconstituer les traits de son visage ;elle n'était que le reflet des femmes glacées des magasines qu'elle lisait.Elle ne m'évoquait plus rien,je cherchais en vain dans ma tête un souvenir de nous,le timbre d'une voix ou les traces d'un bonheur enfui.Plus encore, elle prenait peu à peu le visage de toutes les femmes qui se croisaient sous l'immense verrière .Cette histoire qui avait été la notre se mêlait à celles de milliers d'autres couples ,d'autres ruptures dans les gares semblables des villes d'Europe ou d'ailleurs,elle perdait sa singularité pour ne garder que la forme, cette sorte de loi du couple qui comme les êtres vivants nait vit et meurt.Figé dans une espèce de sérénité vaguement triste,déconnecté de toute souffrance,à des années lumière du désespoir,ce moment pouvait s'étirer à l'infni.Bien sûr ma décision était prise,cela n'avait pas été douloureux ,un vague désagrément comme la roulette du dentiste sous l'effet de l'anesthésie:ça pourrait faire mal mais on sent pas grand chose.
Oui j'allais partir mais allais-je lui dire quelquechose, expliquer, justifier .Les phrases préparées depuis des jours ,justes raisonnables,censées mettre un point final à notre relation ,je les murmurais pour moi même ,une sorte de test avant de les lui dire.Même chuchotées, elles sonnaient horriblement faux,comme des répliques mal jouées.Le temps s'écoulait ,le manteau rouge près du kiosque ne manifestait pas la moindre impatience.La foule devenait plus dense et quelquefois je ne voyais plus la silhouette de celle qui était encore ma femme.Comme l'heure du train approchait,je me décidai à aller vers elle,pour enfin lui dire ,après lui avoir demandé de ne pas me couper la parole,toutes les phrases froides , définitives et sans réponses attendues que je ciselais dans ma tête.Le mot qui convenait le plus à mon état d'esprit était «formalité» j'accomplissais une démarche où j'étais peu présent;je m'étais glissé dans la forme et j'avais évacué les sentiments.
J'avançai vers elle et lui posai doucement la main sur l'épaule.Elle se retourna
«Oh excusez moi dis-je j'avais cru que c'était......
Ce n'était pas elle ,devant mon air dépité ,elle me gratifia d'un large sourire.
Tout était à refaire une profonde lassitude m'envahit et ce fut pour moi la première vraie douleur.

mercredi 9 février 2011

ASTHENIE D'UN SOIR, D'UNE NUIT...

Elle est assise, peut-être pelotonnée, peut-être les jambes croisées, frôlant le canapé, les bras en fuite, pour ne pas toucher leur aigreur, leurs courbures momifiées qui refusent de se lancer, leur décadence annoncée, son inquiétude de tous ses jours quand elle est là à attendre, incapable de se détacher, de laisser se diluer les incertitudes sournoises, la perfidie de la souffrance, d'autopsier ses avenirs qu'elle sait fragiles, égarés, peut-être déjà perdus, dans la démission de ses espoirs, preuve à l'appui de sa tristesse qu'elle scarifie en larmes lentes et sinusoïdales qui se perdent dans une mèche de cheveux, échappée belle sur le velours, douceur momentanée, lambeau de plénitude en décomposition, trêve édulcorée dans le processus de sa douleur, de son corps qui se rétracte, un étau, une ceinture d'aiguilles, une acupuncture d'échar-des nauséabondes, recroquevillée, ses sens anesthésiés qu'elle agite comme un fanal éteint dans le bleu de sa nuit, le souffle court de sa respiration qu'elle retient, mise en suspension d'un instant indolore sous ses paupières closes, sur ses lèvres entrouvertes où s'éveille l'impudence de ses désirs, car libre elle est jusqu'au fond de ses "tripes", son ventre se soulève, sa tête se renverse, son sexe s'offre, détonation de son plaisir, fulgurance fractale, son corps hoquète, élixir de solitude... "à l'avenir
laisse venir
laisse le vent du soir
décider"...
poursuit Bashung en sourdine, comme un frisson, comme un murmure qui coule dans ses veines blessées, comme un soupir qui tangue avant que de sombrer à côté du sommeil qu'elle attend, encore, encore, dans sa nuit longue-vue à la dérive.

mardi 8 février 2011

PHOTOS 11 & 12.

Petits pois
dans le ciel...
Points fermés
Traits tirés
Virgules ouvertes courant
à l'infini
qui se répètent en suspension.
Une phrase
dans le ciel
comme ça, pour rien.
Peut-être qu'il y a quelque chose
derrière le rideau blanc-bleu...
On entend des murmures...
et la branche qui se tord
arthritique
touche du doigt l'essence
du message
qui palpite,
l'indignation avant que de mourir
en pattes veules et difformes.
Le trait s'est épaissi, la matière racornie.
Petit oiseau frondeur
il a piqué du nez
avant que de gésir
flasque et grisâtre comme la main
d'un mort!
Peau boursouflée,
ongles désincarnés,
monstres
prêts à violer ces petits riens d'éternité
sur un coin d'arcopal
qui
s'est octroyé le délire
de
se parer des fleurs du ciel.

vendredi 4 février 2011

500 messages ça se fête !!!!!!!!

Nous en sommes au 502ème message  :
j'ai voulu mettre des bougies mais ce doit être politiquement incorrect, j'ai pas réussi pour le moment

mercredi 2 février 2011

je ne résiste pas à la lune

tout est lune

Sur la route de Cuzco, réponse à Béa

J'avais la même, je l'ai toujours et j'ai sauté le portail
Quant au canapé, c'est une autre histoire

1954, Photo Werner Bischop cop

mardi 1 février 2011

Last but not least : patte à trac

Du pigeon ne reste qu’une patte
Vaisselle des petits jours
Myosotis d’Arcopal
De l’immaculée tâche de neige, que quelques conceptions
………………………………………………………….De traces
envoyées du ciel et qui s’arrêtent ………………………………
………………………au milieu de nulle part.................................
Des détails,
des morceaux,
des lambeaux,
Des univers marins qui ont perdu leur eau
Des univers célestes qui ont perdu leur bas

ooooooo
 
La lune a fait son plein, une fois deux fois trois fois
La guerre qui ne fait pas la difficile a ravagé quelques portions de paysage
Une blessée, une absente, quelques égratignées,
Le joli manège pourtant continue de tourner
Sous la brise tour à tour tourmentée et légère les mots s’alignent
Comme des petits paquets  ||||||||||||||IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII||||||||||||||

Dont chacun guette à son écran, l’apparition

^-^-^-^-^-^ Et pourtant ^-^-^-^-^-^-
Quel calme lumineux ce soir, quelle accalmie, quelle douceur, quel silence ronronnant 

Chacun dans sa lumière, dans ses couvertures, dans ses peluches, à l’ombre du cerf blanc
Protection des matières,
Concentration extrême
Seul le chat Totoro explore tous les continents de nos sacs et me donne son regard pour m’y noyer

Le fantôme de la photographe, à intervalles réguliers
Nous a délivré ses clichés singuliers
Ses natures empaillées, ses espaces en suspens
Ses glaçures roses
De la glace, beaucoup de glace, comme du sucre sur un gâteau anglais

Et nous tous nageant, barbotant, marmonnant dans ses pièces intranquilles, glacées,
Glacées à l’air des musées des solitudes
Nous débattant dans ces images comme la photographe se débattra dans nos mots
Mais toujours essayant –toujours- de remonter à l’air libre
Des images ou des mots lequel aura le dernier ?