mardi 28 décembre 2021

à la mémoire

à la mémoire de l’enfant que je fus – et qui

frémit encore sous ma peau – je collectionne

cet objet allongé – tout ensemble boîte pour

trésors – écrin en bois – cassette des riens

de pacotille – où dormirent crayons gommes

porte-plumes et plumes – règles en bois à la

forme carrée et graduée – tout un matériel –

et désormais empli d’une errance de ces mots

découpés ça et là et cachés dans cet antre

des mots bousculés – ébauches de lumière –

genèse d’une sphère d’un dire qui ne se sait

pas – un doigt sur le poussoir et s’ouvre le

plumier et le plein de secrets qu’on écorche

 

lundi 27 décembre 2021

Des objets de rencontre

 

Dans Que ma joie demeure, Jean Giono écrit: "On a l'impression qu'au fond les hommes ne savent pas très exactement ce qu'ils font. Ils bâtissent avec des pierres et ils ne voient pas que chacun de leurs gestes pour poser la pierre dans le mortier est accompagné d'une ombre de geste qui pose une ombre de pierre dans une ombre de mortier. Et c'est la bâtisse d'ombre qui compte."
J'ai souvent pensé à cette ombre dont parle Giono, l'ombre du geste, l'ombre du mortier: tout ce qui, dans un geste, dans le rapport avec le monde, est nourri d'intention, d'émotion. Tout ce qui, par-delà la mécanique, guide la main pour construire un muret et la pierre vers la main. Cette pierre-là et pas une autre, parce qu'il y a quelque chose en elle qui convient.
Forcément, je fais le lien avec les objets. Les objets auxquels on s'attache un peu trop. Ceux dont on ressent le besoin de se débarrasser, comme une violence nécessaire. Ceux qui nous parlent et nous attirent, tout émaillés de souvenirs à peine conscients. Une bille de verre dans un bol, un galet sur la plage, un éventail posé sur une commode qui appelle le regard et presque aussitôt, sans même y penser, le contact de la main. C'est instinctif, on prend l'objet dans sa paume, on le tourne et le retourne avant de le reposer. Il y a une émotion qui vibre, entre les objets et nous. C'est leur ombre à eux.

Lise Benincà " Des objets de rencontre Une saison chez Emmaüs " (Editions Joelle Losfeld)

 

dimanche 26 décembre 2021

Objet d'hier et d'aujourd'hui

Osier, osier, osier, de 3 couleurs tressées

lisse au regard vernis, rugueuse au toucher sombre

élégante et vieillotte, inattendue, choisie

La valise en osier pour partir en pique-nique

prendre le thé glacé, macarons, trucs et chips

la campagne en été / rituel liturgique

Le déjeuner sur l'herbe en ajustant la nappe

Les tranches de concombre, les assiettes en plastique

Ou bien ranger dedans les carnets de dessins

érotiques de pics /enneigés mais pas trop,

de cols ultramariens / frontières, accouchements

les parchemins de gloire toute semée d'embûches

éternel émigrant, voyageur inconstant

 

45 ans plus tard,

la valise chinée exhumée des fantômes

cadeau plus-que-parfait à l'usure raisonnable

Objets inanimés surgissant de l'oubli,

voyageurs souvenirs passant de mains en mains.


On défait les ferrures précautionneusement,

la valise béante l'avale d'un seul tenant

comme s'il y découvrait la tête d'une morte

 

Le cadeau le transperce : "je ne peux pas le prendre"

 

Il m'écrivait des lettres noires de chagrin de Chine,

bourdonnantes d'abeilles coiffes et blouses blanches

tandis que la tumeur avançait dans sa tête

 et l'emmourrait d'une lumière toute chirurgicale.

...

Dans la douce valise prête depuis longtemps,

comme on part accoucher, les brassières de bébé

Savait-elle, ELLE, qu'elle ne reviendrait jamais ?

Des ombres de chaise vide, des odeurs chimiques

ses précieuses affaires, chemises de nuit brodées

un souvenir béant au sein de l'existence

Une écriture muette sur la nappe du temps

Parchemins en poussière, rouleaux de sa mère morte.

vendredi 24 décembre 2021

Très doux Noël à vous toutes


 

 


 


 

Il en reste encore quelques unes blotties contre de vieilles pierres,

"une sorte de silence avec le jour dedans

une palpitation qui travaille la nuit

et des couleurs qui suintent"

comme l'écrit si tendrement Laura dans son "Jardin d'ombres"

Qu'elles vous apportent la douceur en cette nuit de Noël et en cette fin d'année. Elles sont la promesse des jours qui grandissent. 

                                                    De coeur à coeur

 

mercredi 22 décembre 2021

# 6 L'objet-souvenir.

    Le cube de bois aux lignes strictes aux arêtes à queue droite. La calotte de métal bombée hémisphérique s'ouvre en grinçant. On verse le grain. On tourne la manivelle qui actionne l'arbre. Les stries coupantes écrasent concassent. L'axe s'agite broie déchiquète fait un bruit de pétales rouillés. Le bruit se meurt. Un arôme suave s'échappe par tous les pores du bois. Lentement on ouvre la porte du réservoir-tiroir. Un duvet sombre et délicat des cristaux soyeux. Le café moulu. On essuie on flatte l'appareil vieillot qui frémit sur sa semelle. Le moulin à café de grand-mère.

Les chrysanthèmes dont je vous parlais

 




mardi 21 décembre 2021

hors piste avec mon précédent texte : conte de presque Noël

 Je suis couchée dans mon moyen lit, dans la petite maison de la campagne. J'ai laissé la fête dans la maison d'à côté. Trop de bruit. Trop de lumière. Un monde compact et enfumé. Trop d'artifices. Dans mon lit donc, je broie un peu du noir, gris souris en fait, la lune à son poste, rondouillarde,éclaire la nuit. Je broie un peu de gris, compte quelques moutons, essaie de trouver le bon côté de la situation,je ne suis pas festive, on me l'a assez dit.

Respirer profondément Retrouver mon calme.

Quelques craquements normaux résonnent dans le silence, la maison est pleine de planchers distordus, de cloisons bancales, les matériaux travaillent jour et nuit. Pas de trêve pour les matériaux.

Des pas dans le grenier, pas de quoi fouetter le chat qui se promène sans doute, la région en est infestée ; c'est le terme consacré lorsqu'ils ne sont pas de la maison. La charpente est fourrée de loirs. Qu'ils se débrouillent. Ce doit être un gros chat me dis-je entre deux moutons, car les pas sont lourds.

Soudain dans mon moyen lit, je me tétanise, aplatie de peur au fond des draps. Moi qui rêve toujours de dormir à la belle étoile dans une forêt, je révise à la baisse mes fantasmes et essaie de me raisonner tandis qu'au-dessus de ma tête résonnent toujours de drôles de présences.

La seule chose à faire pour ne pas mourir, me sermons-je, c'est d'aller voir. De qui sont ces pas lourds qui tapent sur ma tête ? Quelques minutes passent. Il fait chaud dans ce moyen lit et si je ne respire plus, peut-être que la chose va s'en aller, ou en tous cas s'endormir, et moi avec. Je vérifie, il ne me reste que quelques moutons.

Bon je me lève, l'action ça a du bon, me convaincs-je, après que la marche ait repris.

Je gravis précautionneusement les marches comme pour apprivoiser ma peur, les escaliers, la chose. Lui faire comprendre que je ne viens pas en conquérante, qu'il doit y avoir moyen de trouver un compromis.

Plus que quelques marches, j'ai le coeur qui ne bat plus, je ne sais plus où il est, j'avance comme un canard sans tête.

Je pousse la porte : elle a mal, elle fait gzzzzzzzz et j'entends : 

NOOOOON !  PAS MAINTENANT !

Mes cheveux se dressent exactement comme il est dit dans les livres, je ne cherche pas plus loin, j'ai compris que j'étais indésirable, je redescends tout aussi précautionneusement que j'étais montée.

Je me recouche dans mon lit moyen, je mets mes boules Quiès et m'endors avec quelques chèvres, j'avais épuisé les moutons.

Fin de jour


N'avoir besoin de rien

qu'un morceau de fenêtre

où appuyer son front

et contempler le ciel.

 

 Là, se perdre dans le delta du soir 

où tout se défait.

Découvrir qu'ici se niche

l'infini.

 

Consigne : Quatrains avec les mots de Linette

objet imaginaire: la boîte à rimes

codicille : débute par "je ne sais pas", faire rimer les premières syllabes de début et les dernières de fin de phrase, et laisser aller ainsi les mots, comme ils viennent

lundi 20 décembre 2021

BRUIT BLANC

 Se mettre au lit douillet commencer le strip-tease

Déshabiller la cire rose de son ouate

Pétrir en forme oblongue réchauffer, réchauffer

quelque chose n'arrête jamais

Enfoncer retirer pétrir recommencer

Dans le train dans l'avion réguler la pression

Sur le quai du métro, dans les grands magasins

les bruits du maudit monde, mes pensées ruisselantes

clignotantes auto-tamponnantes

la boîte métallique l'épervier des sourdines

Maintenant en plastique seul le prix a doublé

Comme des petits oeufs, comme des nouveaux nés

Bien souvent elles me sauvent quand je suis acculée

Préférer les piqûres au zonzon des moustiques

Déambuler en vie, pavillons déployés

Tous ces sons imposés, écouter nos silences

Les battements de coeur, le regard plus qu'hagard

Déambuler dans nuit Fermer les écoutilles.

Ce soir je sors sans ma tête. Qui est-ce ?

table basse

codicille : une seule phrase, commencer par "je ne sais pas", forme : une vague folle (comme la mer au Maroc) avec des mots tirés de la dernière "liste des petits riens" de Linette

dimanche 19 décembre 2021

à la marge

à la marge des objets d’écriture mais serrant

les mots de près – manteau de verre enfermant

les silences – demi-sphère de gravité sous la

main – au-dedans des filaments colorés rouges

et noirs entremêlés – des blancs aussi – avec

des bulles ou des gouttes émergeant des creux

fils de couleurs figés dans un labyrinthe –

féerie sauvage – la pensée dérive quand l’œil

déambule – la paume se love autour et cherche

la chaleur oubliée – celle d’une main infinie

qui n’est plus là depuis si longtemps – en un

geste d’entour et de détour de cette boule de

verre – ce presse-papier à retenir le temps –

 

vendredi 17 décembre 2021

#4 FLEUR.

Légèreté d'une aurore boréale. Poussière de cristal rosé. Taffetas virevoltant prouesse du drapé. Sagesse débridée du pinceau. Lèvres lissées de mauve. Sphère en devenir retenant la lumière. Religiosité d'une coloration profane. Fugacité de la délicatesse. Esquisse d'une méditation sensuelle. Nuance de solitude. Espoir de transfiguration. Feuillets fraîchement encrés palpitant d'une rosée féconde. Vibrations parfumées dans le matin naissant. Partition fébrile prête à s'éparpiller. Notes timides et odorantes. Tentative de concerto coloré. Reflets d'une mélodie harmonieuse dans les moindres replis. Orchestre de finesse appliquée.
Fleur d'or.
Fleur de chrysanthème appelée.




jeudi 16 décembre 2021

à l'affût

à l’affût d’un tout près – d’un presque réussi

quand on va parmi l’obscur – à errer dans ce

qui est friche – aussi sombre que des corbeaux

presque épris de fièvre – à tenter de percer

ces nappes de nuit – à égrapper les épines des

buissons où s’accrochent nos doigts – à passer

au travers des ombres froides du silence – ici

ou là – dans le bruit du monde âpre qui alarme

et que l’on n’en finit pas de buter sur tout

ce qui s’érige sur le chemin – comme des pieux

ou comme des fantômes – et puis un seuil ouvre

soudain l’espace – on est arrivé aux portes de

 

dimanche 12 décembre 2021

Portes d'hiver




Il y a de ces portes, sans âme, sans bordures
On ne sait si elles s'ouvrent ou se referment
Certains les nommeront sas, portillons, port
Trouée. Elles laissent passer l'avant et l'arrière
Mistral et Tramontane,  la neige et le réconfort
Il y a de ces portes sans bosquet ni extrémité
elles observent l'émotion hivernale  disgracieuse
le fondu photographique d'un paysage déshabillé

Quelle magie diabolique piètre et malheureuse?
Pitreries des arches antiques oubliées en lisière
sur la route, sans appétit sinon celui du rêve bohème
de retrouver l'odeur des beaux jours, du soleil, des bourgeons
et l'aplomb telle une rude pierre ne supportant pas le badigeon




samedi 11 décembre 2021

# 3 -Portes

      L'étrange histoire des cadavres dans le placard ne se mesure pas à l'épaisseur de la porte brinquebalante qui malgré tout ferme aère ventile le meuble sans âge échoué dans la cave. Peinte en bleu pétrole elle se voudrait joie lumière ciel grec mais elle n'est que bleu délavé coulées de peinture taches de graisse autour du pêne. La clef rouillée qui la sert geint quand on l'enfonce dans la serrure obscure et solennelle. Elle l'ouvre quelquefois sur des rangées de bocaux joufflus contre lesquels vient cogner et mourir la mouche d'Europe très vite happée par le noir des secrets.

jeudi 9 décembre 2021

Mise en garde à l'attention de Linette et de ses mouches européennes

 Sache, chère Linette, qu'ayant écouté LES PIEDS SUR TERRE aujourd'hui sur France Cul la bien nommée, aujourd'hui sur les aphrodisiaques (pour femmes) j'ai appris que ce qui marchait le mieux bien qu'interdit, (c'est toujours comme ça) était les ailes de mouches espagnoles, car contenant de la Cantharide.

Fais donc bien attention lorsque tu ouvriras les portes de ton placard à bocaux. Les cadavres c'est plus facile il suffit de prendre les ailes et de les ajouter au contenu du bocal, et pour les vivantes, tu peux peut-être les capturer et nous les servir dans ta prochaine tisane le 18.

Après vérification googleienne, ça agit plutôt pour les messieurs, et a parfois des effets irréversibles. Kennedy devait en gober beaucoup.

à vous Cognacq Jay, à vous les studieux



entre deux portes et toujours à la recherche de la forme

 Debout près de la porte regarder en arrière

Ne pas me décider à faire 
le pas qui me détachera
De ce qu'était la vie jusqu'à l'instant d'ici
Sur les écrans, le clan des poètes disparus
l'intelligence émotionnelle parler avec son cœur
le prof de l'écran dit "poésie métrique"
les pages concernées ont été arrachées
l'ex prof attend près de la porte, le cartable à la main
la future que je suis contemple son présent
les étudiants du film montent alors sur les tables
en résistance en rébellion et à la marche au pas 
au nombre de pieds imposé
en soutien à leur camarade suicidé
à leur capitaine désigné coupable
Il ne sort pas, il regarde, il soutient du regard
Les étudiants sous mes yeux ne montent pas sur les tables
certains dorment d'autres rêvent à la physique quantique
qui les ferait s'enfuir d'ici malaxer d'autres
réalités virtuelles
Aucun désir n'affleure, les têtes sont penchées
je pousse la porte, si lourde, si lente
le futur immédiat m'appartient.

mercredi 8 décembre 2021

à huis-clos

à huis-clos bien cloîtrée entre les quatre murs

le regard fixé sur la porte – cet ultime bloc

rempart contre un dehors dont on ne peut plus –

à détailler chaque écharde de bois – morceau de

l’obscur – écorchure du temps – toutes graphies

de pleins et déliés – toute cette ponctuation –

où le front des heures se cogne – ensanglanté –

rester dedans à regarder dehors – ne voyant que

cette répétition de rien – dans chaque fibre de

bois – puisque tout n’est rien – mots gravés là

sur le chambranle de la porte – qui martèlent –

les parois du crâne enserrées entre les mots et

les pensées sous les verrous – porte bien close

 

lundi 6 décembre 2021

à l'heure dite

à l’heure dite – la main prête à frapper –

là en plein cintre – sur l’âme de la porte

l’âme où se cadre l’invisible – c’est le

doigt plutôt – l’index légèrement replié –

il tape cogne avec énergie – ou par petits

coups brefs – le corps lui espère derrière

l’âme un sésame de passage – quand l’index

plié pose le geste qui va décaler le corps

attisé du désir d’errer d’un dehors vers

un dedans – l’au-delà de l’âme de la porte

cet écrin de bois de bronze de pacotille

dont on peut du feu de la phalange pliée

délivrer l’ouverture – toutes les portes –

comme un origami d’un seuil qui se déploie

 

dimanche 5 décembre 2021

les deux battants en jus d'érable







lexithèque de la porte

Imposte / Ouvrant / Paumelle / Fixe latéral / Dormant / Meneau /Traverse / 

Serrure (généralement composée d'une crémone à plusieurs points de fermeture et d'une poignée béquille) / 

gâches (Pièces métalliques encastrées dans le dormant de la porte et dans lesquelles viennent s'enfoncer les points de fermeture pour un verrouillage optimal) / Panneau / 

Montant  (pièces verticales du dormant) / Seuil (Le seuil est la traverse basse de l'encadrement de la porte, qui protège l'habitation des infiltrations extérieures) /

Jet d'eau (Généralement associé à la plinthe, sur la partie extérieure du bas de l'ouvrant, le jet d'eau évite tout ruisselement d'eau de l'extérieur vers l'intérieur de la maison.)

Poussant

Débattement

Chambrale

Feuillure de porte

Rive de chant

Le chant de la porte ou rive correspond à ce que l’on appelle communément la tranche de la porte.

Une porte à âme pleine est constituée d'un même panneau plein qui rempli entièrement l'intérieur de la porte. Elle peut être en bois massif, en aggloméré, en bois lamellé-collé, en aluminium, PVC, rempli de polystyrène /


Portes

 Toujours à travailler nos klasmas! Nous affinons notre regard autour des objets. Dans un premier temps, le regard sera commun sur le même objet, à savoir une porte! 

Ces portes peuvent être celles de l'enfance ou plus contemporaines et le regard va s'appesantir sur elles, tenter de faire résonner tout ce qu'elles ont à exprimer. Cela peut être aussi la porte dans la symbolique qu'elle peut évoquer. Ne pas oublier, nous sommes dans la mise à l'honneur du détail.

Plusieurs textes autour  des portes sont les bienvenus!!!

Ne pas oublier les contraintes de forme que chacun se donne: nombre de mots, de phrases, rythme, ponctuation, mots piochés dans les boites à mots, la présentation sur la page... Un inventaire de formes est en cours...



 

jeudi 2 décembre 2021

à vue d'oeil

à vue d’œil – de vieux chiffons abandonnés –

oubliés - en bordure d’un chemin forestier –

un tas de choses recroquevillées enroulées –

un monticule d’oubli – beige ocreux havane –

mise au point de l’œil sur l’amoncellement –

cela brille – cela se tord – s’ entortille –

besoin de toucher – de dérouler ce qui fait

rouleau – avec délicatesse car ne pas briser

ces morceaux de ce qui fut vêtements d’arbre

parure de bouleaux – palimpseste de récits

où des mondes se sont écrits – dans le froid

de ces hauts plateaux – mémoire du vent d’un

jour et d’un autre – encore et encore – sans

répit – mes rouleaux d’écorces de bouleaux –

 

mercredi 1 décembre 2021

Le mur

Même si déambulant l'œil au vent qui s'attise

par les ombres, le sel, par la rouille, par la terre,

une herbe dans son trou, une fleur dans un creux

On se raccroche encore à des formes connues

des pics et des vallées, des couleurs anodines

Dénicher la beauté à l'échelle de soi

Et garder ce fragment comme bonheur du jour

jeudi 25 novembre 2021

Y être

"J'incise" dit-il, entend-elle

Elle essaie d'imaginer le scalpel.

De toutes ses forces.

Les pieds de béton refusent de bouger.

 

Le cerveau émerveillé, en alerte, fonctionne à 1000 %.

Comprendre comment ça marche, comment est-ce possible.

Présente à 100 %. 

Absente totalement. 


Observer, assister.

Sortie du corps, entièrement dans le corps.

Fascinée.

Vivre pleinement les mystères dont on ne sait rien.


"14" minutes", la voix du burkinabé.

Splendidement éveillée.

Regards stupéfaits sur les poissons intubés et inertes qui l'entourent.

Y être.


Gratitude à tous ceux qui ont rendu possible cette impensable expérience.



Consignes que je me suis données : 100 mots /Quatrains

 

PS : A aller regarder "Articles les plus consultés", je m'aperçois qu'il y en a qui prennent plaisir à revisiter le blog et c'est tout à fait passionnant/émouvant de relire ces textes, parfois anciens et toujours aussi beaux.

vendredi 19 novembre 2021

à force de

à force de scruter rêvasser disséquer sonder

quelque chose finit par advenir – éclore –

s’immiscer dans les brouillards & les ombres

poindre de la douceur de l’obscur – rester 

immobile – longtemps – si longtemps – trop –

peut-être – jusqu’à voir pleine à ras bord –

la coupe cuivrée d’or et d’argent des éclats

d’aubes à venir – tous ces matins à fouiller

les étendues de lumières et d’ombres – rêves

ou certitudes – songes desquels on s’éveille

les mains tendues pour cueillir ce qui vient














codicille:  sur mon traitement de texte, pavé d'écriture et photo ont une taille similaire, c'est moins évident sur le blog et par conséquent n'arrive pas aux cents mots, mais à 76 mots. Les autres contraintes subsistent.

mercredi 17 novembre 2021

02 # Visage.

L'effet-miroir de son teint sur le drap. Valse du temps sur sa peau jaunie dans un écrin de rides-arborescences remplies de vides-pleins. Mouvement perpétuel de la bouche blessée sous un seul souffle irréversible. Ebauche de mots-palabres inachevés en quête de sens. Doutes qui sont chemins surannés  dans des yeux couleur d'onirique. L'indicible du temps. L'indicible du corps-espace enfoui sous le tissu-manteau laissant à découvert sa figure marquetée des saisons vécues en-dehors en-dedans. Son âge à répétition file d'un côté à l'autre de ses joues érubescentes. Elle est le gris le mauve et la terre d'ombre.

Codicille:
-écrire en 100 mots; utilisation de mot-valises; pas d'autre ponctuation que le point; commencer le texte (et les suivants) par la lettre L (de Linette); s'attacher à la couleur.


catalogue de consignes pour Klasma

 En attendant d'en faire un pour de bon : connaissez-vous Aby Warburg : fragments sur l'expression ?

Un livre assez essentiel et très compliqué 

je l'apporte la prochaine fois et/ ou vous en met quelques extraits bientôt ici


mardi 16 novembre 2021

je ne sais pas. Klasma 3

contraintes: un carré, mettre "je ne sais pas" au début, milieu et à la fin. 

Texte issu de la rencontre avec des automates s'allumant et parlant, lors du festival des Pléiades, arts numériques, novembre 2021, Saint-Etienne.

à tout instant

à tout instant – tout est dans l’œil – vif ou

délavé – de qui regarde – ce mouvement de vie

qui se cristallise – mouvant et inachevé – là

ébauche d’une caresse – valses sur le tapis

lueurs vagabondes et incertaines – vague de

temps qui avance – à l’esprit il faut bien un

ailleurs – un geste de détour – une invisible

quête – en quête d’invisible – alors l’enfant

sa main – elle tente de saisir – quoi – une

trace déjà enfuie – ne reste qu’un réel terne

et confus – puis la danse reprend – jusqu’aux

bout de ses yeux – et ses doigts se referment

sur ce leurre de reflets blanc telle une page

 

Codicille concernant la forme: vers justifiés, cent mots, débute par à, pas de majuscule, ponctuation uniquement par tirets, titre ou ce qui peut en tenir lieu à la fin

Rumeurs d'automne

 

"Dans le bruit

            du jardin qui s'agite,

les herbes hautes

            fourmillent d'informulés :

« la table est couverte de revenants

 et de nappes de nuit»

entends-je murmurer

            dans mon oreille

collée à la porte des livres.


Mais moi,

            les feux au bout des doigts

pour éclairer novembre,

            je sais que le seuil

ouvre l'espace

            et que la discrétion d'une anémone

se loge au fond d'une caresse."

 

Frustrée de n'avoir vraiment pas le temps pour suivre notre atelier avec toute l'assiduité nécessaire, faute de ... je vous poste ce "collage" avec les mots de Solange, juste pour être parmi vous, sur la page, mes ami(e)s de si longue date et d'amitié de coeur (car écrire pendant plus de 20 ans toutes les quinzaines ENSEMBLE forge des liens inaliénables et indélébiles). Un grand bravo pour vos derniers textes dont -me semble t-il- l'originalité, la complexité et la qualité de la consigne permet et met à jour de nouveaux styles et manières d'écrire. Vive la forme ! qui exige. Je vous serre fort dans mes bras (au nez et à la barbe du Covid, d'ailleurs j'ai eu ma 5° dose ...)

dimanche 14 novembre 2021

Sans titre provisoire (3)

 Même parmi l'obscur le seuil ouvre l'espace

Nature écarquillée pour éclairer novembre

Le café qui percole, la tartine beurrée

L'espoir d'un jour joyeux sans armure et sans ombre

Au fond d'une sous-tasse trouver une langueur

 

Même le TESSON bleu a des allures de roi

sans titre provisoire (2)

Nature morte au miroir dans ton écrin de bois

Table des revenants qui pèlent des oranges

Un chien en boule chaude, un velours cramoisi

Des faisans tête en bas et du sang qui s'égoutte

Lointain défenestré d'où s'envolent des anges

En mouvement blessé, ébauches inachevées

Et dans un vase altier, oubliée, mauve de terre,

 

    La discrétion même d'une anémone


Sans titre provisoire (1)

 Dans l'éclairage noir du rouge inactinique

Qui ne révèle rien d'un passé révolu

Même le regard plombé par le voile anémié

Chaque vague du temps qui avance dans l'âge

Herbes hautes tracées aux plis noirs de la bouche

Épines de l'hiver enfoncées sous la peau

 

L'indicible mère à boire

Pas de couleur sur le 7/4

 Mur de pluie sur bitume / phare à l'arrêt

Mer des ombres disloquées / cordes à tous vents

"ébauches inachevées"

Mauvais temps côté bâbord / vague au sud-est

Matin sans un aujourd'hui / nuit à midi

"soupirs arrachés"

Manivelle du remonteur : temps ronronnant

Mont de la baie ensablée / crustacés crus

"instants écarquillés"


Ce qui surgit

flambeau vif sur une crête, en cet automne, en un clin d'oeil éclipsé
une fin d'été qui roule en cascade glissant sur les roches
Bleu amer dans la vague
Sel doré dans la rivière
le souffle retenu de l'eau qui saccade
et la falaise fait naître un Yokai
C
Dans l'écorce
Gravé
assis dans le wagon immobile
Mets tes mains près des yeux, comme si tu tenais un objectif
Ainsi, c'est bien. Maintenant, regarde par la fenêtre
tu captes ton reflet fondu dans la poussière de la vitre. Clic !
Queue en porcelaine
d'une Bestiole
Cassée
Elargis le champ, vas au-delà de ton visage
un enfant passe, rieur, excité, tirant une petite valise beige
Une femme tente de le rejoindre, essoufflée, sa mère sans doute
tu remarques son rouge à lèvre vermillon
Et si je retirais des couleurs ?
quelque chose, tu le sens, ne cadre pas
tu refermes les doigts, t'enfonces dans le fauteuil
le train s'ébranle
tu ne réfléchis plus jusqu'à la fin des tunnels
Répétitions
Répétitions
Répétitions
la chorégraphie que les mains suggèrent
Sissone, glissade
Balanchine la connaît
En entendant le nom des pas, sans rien montrer
juste leurs noms
chat quatre
tombé, pas de bourrée
Tour extérieur