samedi 30 septembre 2017

cartographie #1 100 mots #3 et 4

Un rêve récurrent. Le souvenir commence au moment où je dois atterrir. Je suis en l'air. Comme en parachute, mais sans. Sous mes pieds il y a une carte de géographie. C'est une région située à l'Est de l'Europe. Des montagnes marquent la frontière. Je dois bien viser pour ne pas me retrouver à cheval sur 2 pays. L'échelle du rêve permet cela. Je ne sais pas quel est l'enjeu de mon choix. Le rêve dit seulement l'hésitation et aussi le danger de me retrouver avec une chaîne de montagnes entre les jambes. Je pense aux Himalaya de ma mère.


Longtemps nous avons exploré la région.
Rapidement nous avons pris les routes secondaires.
Insidieusement nous nous sommes enfoncés dans les marges.
Méticuleusement nous avons hachuré la carte marquant ainsi le territoire défriché.
Inlassablement nous avons noté dans notre carnet le nom des hameaux, des rivières, des promontoires, des points de jonction.
Ponctuellement nous avons observé l'impact des phénomènes plus ou moins naturels sur les paysages.
Impatiemment nous avons attendu la mise à jour par l'IGN.
Et dorénavant, lorsque nous filons droit "dans la vraie vie" sur l'autoroute, nous sommes bien placés pour savoir que l'enfer du décor, c'est les autres.

jeudi 28 septembre 2017

Cartographie 1

Nous voilà plongés dans un nouveau chantier d'écriture que j'ai nommé Cartographie. Il va s'étaler sur plusieurs séances et peut-être bien sur toute l'année!
En guise de prologue à ce travail chaque participant a reçu des textes pour se mettre en désir d'écriture ( enfin je l'espère...): une définition de la cartographie, des extraits du livre d'Emmanuel Ruben " Dans les ruines de la carte"

 et un long extrait du Rivage des Syrtes de Julien Gracq pris dans le chapitre La chambre des cartes. 
Hier la première séance a eu lieu et ce sont Nicolas Bouvier, Anne Savelli , Pouchkine et Antonin Artaud qui ont lancé le travail en évoquant des souvenirs en relation avec une carte.

Proposition d'écriture:  retrouver le premier souvenir en lien avec une carte , le dévider en 100 mots. Puis faire la liste d' évocations d'autres cartes et en choisir trois autres qui seront écrits elles aussi en cent mots ( travail à faire à la maison!!!!) de manière à obtenir quatre textes de taille identique liés à la cartographie. Les textes pourront être mis sur le blog afin que nous puissions les partager. ( penser à mettre des photos aussi....)
Ne pas oublier pour la prochaine séance de se munir d'une vraie carte qui a de l'importance pour vous; veiller à ce qu'elle comporte suffisamment d'informations ou de détails pour faciliter le travail à venir.

mardi 26 septembre 2017

Rencontre

C’était …. sous la table de la cuisine,
ou recroquevillée entre mur et commode
calfeutrée près du fourneau l’hiver
c’était …. assise sous le pommier du grand pré surplombant la maison
allongée sur la mousse du bois de pins
assise en tailleur sur le gros rocher de granit
c’était …. coincée derrière la table d’écolier
appuyée au tronc d’arbre à la halte d’une marche
calée dans l’angle du mur ou se lovait le lit



C’était... c’est ...puisque je suis toujours parmi, avec,
immergée dans ce bivouac bleu où se bousculent les mots
c’est le livre donc
le livre, les livres
depuis les tout premiers qui ont déchiré l’épaisseur des murs dressés autour
jusqu’au dernier abandonné sur le bureau avant de sortir
et que mes yeux espèrent



C‘était, c’est…. un certain vis à vis
où le regard touche le dense,
effleure l’épais de ce qui importe,
ébranche les certitudes
aspire une parole claire



C’était, c’est ….
le petit monde du quotidien bousculé
la noirceur d’un matin tranchée
l’espace et le temps métamorphosés
un présent un peu rehaussé



C’est …. assise sur la plage entre mots et océan
là où l’azur s’accorde à ce qui tremble
sur une marche d’escalier
le jardin délivré devant le regard
dans le fauteuil près de la fenêtre les yeux entre ciel et freux
et la cathédrale de livres bien plantée dans le dos



et c’est toujours la même intensité entre nous
l’oracle bleu finit presque toujours
par ensemencer la jachère du jour



samedi 23 septembre 2017

Une rencontre


Un dimanche après-midi ordinaire où je tente de mettre à jour tout ce que j'ai entassé durant la semaine. Avant classement, je feuillette un mini-catalogue d'une petite Maison d'Edition.
… mon regard bute sur ton nom auquel est accolé « Algérie, Le soleil et l'obscur » à paraître en septembre. Sans aucun doute, c'est bien ton nom, il ne peut s'agir que de toi et pourtant c'est impossible.
Tu avais l'âge de mon père mort depuis vingt ans, tu ne peux donc être en vie.
Tout se télescope, mon esprit tiraillé dans un sens puis dans l'autre. Après un temps assez long d'égarement et de confusion mêlés d'intenses émotions, une invincible envie d'appeler sur le champ la Maison d'Edition me saisit.
Ma nuit fut agitée, les heures s'étiraient, le temps se distendait, lundi ne se résignant décidément pas à arriver. Dès le matin, tout s'est enchaîné en accéléré, un film passé à grande vitesse comme pour rattraper ces cinquante ans perdus. Je t'ai écrit, tu m'as répondu, je t'ai appelée, nous avons eu de longues conversations téléphoniques avant de pouvoir enfin nous rencontrer. Tu sortais d'une grave opération, affaiblie, ce n'est qu'après cinq interminables mois que nous nous sommes enfin rencontrées.
Rencontre inévitable, il nous apparut d'emblée évident à toutes deux qu'il n'y avait aucun hasard dans ces retrouvailles : une nécessité avait jailli, il était temps et nous devions nous retrouver. Ta vie arrivait à son terme, ma présence a été pour toi le rayon de soleil que tu n'espérais plus ; ton corps si fragile, tes paroles si fortes, tout ce que j'attendais et que tu étais prête à me transmettre. Nous nous sommes parlé chaque jour de longues heures au téléphone, tout ce qui nous arrivait était partagé, lectures, rencontres, pensées, maux. Nous nous sommes tout dit, le plus intime. Le plus souvent possible, je filais passer une journée ou quelques jours avec toi. Nous en sortions épuisées d'avoir trop parlé, trop évoqué de douleurs et de merveilles. Tu m'accueillais, visage et chevelure blancs illuminée de ce regard incomparable, deux billes noires pleines de ce soleil algérois que tu avais tant aimé ; tu me caressais le visage, prenais mes mains dans les tiennes, ne me lâchais plus. Je buvais tes paroles, j'avais tant à apprendre, tu avais tant à me transmettre, nous étions pressées par le temps, les jours étaient comptés, nous le savions intensément. Nous dormions dans la même pièce, dans ton minuscule studio, nous réveillions émerveillées, tu t'asseyais au bord de mon lit et ce furent parmi les plus beaux réveils de ma vie, mes mains dans les tiennes, notre bienveillance mutuelle sans limite.
Dix-neuf mois, dix-neuf mois de vie intense, dix-neuf mois pendant lesquels tes forces déclinaient, dix-neuf mois dont je ne me remettrais jamais. Malgré le manque, la transmission se poursuit. Tes livres -annotés-, ta bibliothèque, tes bijoux, tes lettres, ce que je vis au jour le jour et essaie de comprendre avec ton regard et ton intelligence sont une longue ligne de vie que tu poursuis. Tu m'accompagnes, j'en ai plus de forces et moins de solitude.
Maintenant silence, il me reste le temps de vie pour explorer ce miracle.


Consigne : une rencontre qui a changé votre vie, qui vous a transformée. Raconter les tenants et les aboutissements






jeudi 21 septembre 2017

Fête du livre à St Etienne : "Ecrits en ville"

Hier, 20 septembre à Saint-Etienne, dans le cadre de la prochaine Fête du livre (7 et 8 octobre) démarrait "Ecrits en ville", une proposition de rencontre des pratiques en atelier d'écriture. L'atelier "A la brise" inaugurait au 23D Rue de la République cette série de 8 ateliers qui se dérouleront du 20 au 28 septembre.
Le thème en était "La rencontre" inspiré du livre d'Antoine Choplin "Quelques jours dans la vie de Thomas Kusar".

En lien avec ces ateliers d'écriture, trois évènements sont proposés au public, ils se dérouleront au 4, Rue A Malraux à la Maison des Associations :

* Jeudi 28/09 à 19h Table Ronde autour des pratiques en ateliers d'écriture, introduite par Sylvia Faure, sociologue, qui a questionné les raisons d'écrire de personnes fréquentant les ateliers d'écriture.

* Jeudi 5/10 à 18h30 Restitution de textes écrits lors des ateliers, chaque atelier sélectionnant 2 textes

* Vendredi 6/10 à 19h Rencontre-débat avec Antoine Choplin et lecture d'extraits de son dernier livre par la Cie Voix-ci Voix-là
 20h30 "La nuit tombée" Représentation théâtrale d'une adaptation du roman d'Antoine Choplin par la Cie "Emoi"


A vos plumes