J'ai sept, huit ans peut-être. Cesont les "grandes vacances". Je les passe entièrement chez ma grand-mère, dans une ferme isolée. Deux mois pour une petite fille c'est l'éternité, cette éternité-là m'est disponible du matin au soir, la chaleur, les prés qui attendent la fauche, le bassin qui coule, les feuilles des arbres qui bruissent, les nuages qui filent ... Et la petite fille dans ce silence qui observe, enregistre, vit tout intensément.
A chaque nuit des étoiles, je me remémore une expérience très forte vécue pendant ces vacances-là. J'aimais particulièrement m'allonger le matin dans les hautes herbes du pré devant la maison, sentir leurs odeurs, les graminées me chatouiller les joues. Ma rêverie se perdait dans les nuages qui se formaient, se déformaient et là ... j’entendais la « musique du monde » comme je
l’appelais, une espèce de bruissement sonore incessant et
apaisant ; cette musique était encore + forte, allongée sous le
ciel étoilé, là c’était les étoiles
dont j’entendais le scintillement et c’était la même musique
« planante » zzzz. Parfois, je sentais réellement tourner la terre.
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"parfois, on peut aussi la voir"
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Pendant une lecture ce matin, j'ai été saisie et figée par le passage suivant :
« Quelqu'un a décrit le
son du silence comme un murmure cosmique, un fond sonore scintillant,
quasi électrique. Bien qu’il soit présent tout le temps, en
général nous ne le remarquons pas, sauf quand l’esprit est ouvert
et détendu … le son du silence est comme un flot continu, une
rivière infinie … Dans cet état, l’esprit est un peu comme un
radar. La conscience est très vaste, en expansion ; elle
inclut, elle est ouverte et réceptive … comme si c’était le
chant des anges, un son cosmique primordial … Il est partout et pas
seulement dans les oreilles ... »*
Le chapitre s'intitule "Le son du silence" pour moi, ce son reste et restera la musique du monde
* Extrait de "La conscience intuitive" de Ajahn Sumedho