samedi 10 décembre 2016

TRANCHE DE VIE;

  Un lit ou peut-être deux; des femmes et des hommes; des hommes et des femmes qui s'agitent; se heurtent sans se voir; se précipitent; des femmes en blanc des hommes en bleu; ou l'inverse; des coursiers du soin vulnérables; en sous-nombre. Moi au fond du lit; d'abord je ne suis rien; je ne suis plus rien; je suis un tout malade; un tout voué à l'infection qui me ronge; ma respiration courte se perd en avant de mes lèvres; un souffle qui ne m'emmène plus; qui ne m'amène plus le monde; je perds le temps; je perds son sens. Des couloirs longs si longs; si froids ; du gris partout; sur les murs sur le sol silencieux; des néons qui éclaboussent les visages blafards. Et on pousse une porte; royaume de la lumière cinglante démultipliée; pieuvre tentaculaire au plafond; royaume du métal; des cliquetis hurlants puis des chuintements. Un cathéter sur la main; le sang gicle; des pansements; accélération des mouvements; un masque sur la bouche; le trou noir.

1 commentaire:

Ange-gabrielle a dit…

Merci pour ce souffle suspendu. Pas un mot de trop ... plus de paroles