mardi 24 mars 2020

Confinement

7° jour de confinement, qu'elles sont bizarres ces journées, vides, silencieuses, comme si nous vivions en sursis puisque nous ne savons pas si nous serons encore vivants quand tout cela prendra fin. Trop de questions se pressent au portillon. Manquons-nous de réponses, ou bien est-ce notre soif de réponses le véritable problème ?
Miracle des premiers jours, le soleil, le silence, aucun bruit dans la rue, finie la rumeur de la ville au loin, le ciel tout bleu au petit déjeuner, même les stries qui rayaient notre ciel ont disparu, plus d'avion, seulement les fleurs partout dans le jardin, les chants des oiseaux, la campagne à la ville.


Peu à peu, les petites voix et cris des enfants commencent à manquer, on se met même à remarquer (regretter ?) les ados descendant bruyamment la rue, l'environnement semble bizarre, la chatte ne se comporte plus tout à fait pareil, aux aguets, étonnée ...


Alors comment est-ce que je vis ces jours sans but, sans objectif, sans tâches, sans devoirs, mes jours hors du temps et des exigences que je crois m'être imposés par la société, les autres, ? Les cinés, les théâtres, les réunions ... ? Alors que c'est bien moi qui me les impose, pour le meubler ce temps justement dont j'ai peur qu'il se vide de tout et me retrouver face à … à quoi d'ailleurs ? À moi-même ? Au non-sens de l'existence ? Ne serait-ce pas plutôt à ma propre incapacité à vivre sans sens, sans direction, sans but, à juste vivre et me laisser porter, juste ETRE sans « m'occuper » ou occuper mon temps et remplir ma vie et ses heures.


En fait, c'est bien ce qui se passe. Je me dis : « là, ce seront bientôt les nouvelles de 18h alors t'as le temps d'aller écrire ton journal », je regarde plus souvent le réveil ... sans internet, ni téléphone depuis 4 jours, tout cela est encore plus flagrant que les jours précédents. Apprendre à juste ETRE, comme une fleur, comme un oiseau, comme ma chatte, ne rien attendre ni espérer, juste être là à chaque instant. Pas si simple !


Le confinement me contraint à faire l'expérience de la « nudité », du « vide » et je résiste à me désencombrer, à laisser se rompre les digues, à vivre un autre rapport au temps, au monde, plus libre, à laisser le remplissage, si naturel au quotidien, se disloquer. Un tel événement me montre soudainement que je suis incarcérée dans le jeu de mes habitudes et de mes pensées, mais si je parviens à l'entendre, cette soudaineté m'invite à me dépouiller de mon ancienne peau, à me simplifier. Elle me contraint à voir et débusquer mes faux-semblants et les multiples compromis que je fais avec moi-mêmes. Alors il faut oser la vie nue, plus de fuites possibles.

1 commentaire:

Ange-gabrielle a dit…

Merci Solange d'être intervenue sur le corps de caractères et ... courage à tous