dimanche 30 juin 2024

La peur des autres

 Ce matin, plus que jamais, il me semble URGENT de lire et relire Michel AGIER "La peur des autres  Essai sur l'indésirabilité" où il analyse nos peurs aujourd'hui et la peur de l'autre avec une clarté foudroyante.

... Et comme bibliothèques, librairies sont fermées ce matin, je vous propose un court extrait de la conclusion p 91 Payot-Rivages (poche). Conclusion intitulée "Le courage de la vie commune" :

"... La prégnance et la contagion médiatiques et politiques des climats de peur, de rejet de l'autre et leur obscur horizon, l'enfermement et l'atmosphère de guerre permanente appellent une réponse qui doit s'imaginer sur d'autres bases. Y verra t-on une utopie ? Dans ce sens certainement, car il n'y a pas de compromis possible avec les récits mortifères de la fermeture sur soi, de l'encampement du monde, avec l'idée d'indésirabilité des autres, une construction imaginaire et politique fondée sur les peurs, et destructrice de notre monde présent et de tout espoir. Il faut donc partir d'une autre description de la réalité à partir de laquelle d'autres horizons sont possibles. Mais bien sûr, les peurs sont ressenties individuellement, intimement, c'est ce qui fait leur force sidérante. Il faut donc du courage pour vivre avant même d'avoir supprimé les peurs.
Voici des pistes pour renverser la situation, en acceptant la présence de la peur mais en agissant contre les politiques de la peur. ..."

J'ai entendu hier M Agier lors d'une conférence, dans le cadre du Festival Concertina, qui a lieu chaque année à Dieulefit dont le thème général est "Les marges", ai dévoré son petit livre cette nuit. Il n'est jamais trop tard pour relever ses manches.

mercredi 26 juin 2024

comme si 3 26 06 2024 dernier texte atelier Virginia Woolf, tristesse pour ça

Sur l'arbre obélisque terrassé par la foudre
Arracher le rameau pour disperser le feu
Sur les os boursouflés par les cendre encore chaudes
Ranimer les couleurs des printemps sacrifiés
Et dans l'ébranlement de la nuit qui avance
Sauver les mots mal dits, tous les mots malmenés
Comme des vagues-béliers sur un mur de ténèbres
Dans l'ébréchure du jour trouver une lueur
Et que l'oeil du cyclone engloutisse la peur

mardi 18 juin 2024

comme si la femme

 

quelle femme

au bras de lumière

armé de lames colorées

sur l'eau allongée?

est-ce Virginia au corps englouti

est-ce elle la femme traversée?

— le verbe est de chair —

la langue du corps

la langue lacère

la langue gémit

la langue crie

une langue singulière



nous, face à cette Genèse,

comme si la femme

entre mer et ciel, immobile,

de son bras de lumière

de son bras vertical

créait un nouvel alphabet

une vie qui naît d'entre les mots

un corps écriture

et nous à déchiffrer

à déplier un imaginaire

plein de contrastes

et une invasion de détails

éloigné de la droite route

samedi 15 juin 2024

Comme 2 12 juin 2024

Comme une jeune fille étendue sur une mer de bout du monde

dans sa main une lampe qui jette mille feux

l'autre main qui brandit un éventail

tour à tour fermé pointant le ciel

puis déployé

chaque lame d'opale décorée

terminée par une lame d'argent effilée

comme si une jeune fille étendue 

l'étendard de son corps dans l'eau pâle

comme une Jeanne d'Arc aquatique

épuisée

comme si l'horizon prenait source dans sa chevelure

dans la lumière des gouttes d'eau ceignant son front

puis comme si lassée d'espérer, d'indiquer, de combattre avec la nuit,

elle enflammait l'horizon le consumait  

pour accoucher du soleil

lundi 10 juin 2024

Comme 1 -2024 05-

Comme un drap ridé par des rêves agités,

les cauchemars

Comme une nappe froissée après un déjeuner sur l'herbe écourté par l'orage,

la déception

Comme les craquelures zébrées d'un ciel qui exagère

le déluge

Comme un costume de lin blanc à la fin de la nuit

l'élégant négligé

Comme les circonvolutions volcaniques d'un cerveau harcelé,

la migraine

Comme les plis ronds du ravin de Corboeuf

Comme les plis creux des stalactites crème

les grottes mystérieuses, le compas des gouttes qui creusent

Comme tout ce qui se ride, se plisse, se contracte, se froisse

Comme tout ce qui se tend, se détend, s'étale, s'épanouit

la colère qui fait pschitt, la joie qui se répand