vendredi 26 décembre 2014

nous sommes à une charnière

Charnière, quel rapport avec charnier et charnier avec chair niée et pourquoi j'écris toujours ethymologie avec un h, ça sent l'alcool de mots c't'affaire, ça fait fermentation c'était quoi cette émission sur le e muet, le féminin qu'on n'entend pas, les femmes ont toujours droit au silence "oh ferme-là, tu me casses les oreilles" -Quelqu'un ! faites que cette petite fille soit un e muet, que sa mère arrête de lui crier dessus, que sa mère rentre et la couche,et se couche aussi, que le monde entier se couche, à chaque fois je m'en sens coupable de ne pas m'ingérer "tu es trop directe Chantal" -et toi pas assez mon cher, on se perd dans tes circonvolutions - et je me sens coupable de non assistance à personne en danger, j'accumule de l'observation du matériau, je fais des listes sur une pensée en 2 colonnes le positif d'un côté le reste de l'autre une longue phrase avec des dents, comme un piège à loups qui se referme sur moi dans cette salle d'attente et du temps perdu, depuis combien d'heures -je ne savais pas qu'on pouvait atteindre un tel seuil de fatigue et être encore vivant, si ça se trouve je suis morte et personne ne m'a prévenue, je suis dans l'antichambre de quelque chose, tout à l'heure lorsque je me suis assoupie je suis passée de l'autre côté, sans m'en rendre compte, allez arrête, clame toi, non, toi aussi tu es un e muet, la majorité silencieuse, celle qui n'a pas le droit d'exprimer ses sentiments, calme toi plutôt, un temps perdu de survivante, de quoi je me plains, oh mon dieu si j'avais pris ce métro, j'ai 36 ans , j'ai échappé à un attentat, je suis seule au monde, personne ne sait où je suis, je me suis glissée dans une fente du temps, j'ai 50 ans, je devrais faire partie du carnage, merci qui ? Comme je l'aime ce type avec sa casquette ridicule, de quel carnage a-t'-il réchappé, lui ? où rêve-t'-il d'aller ? comme j'aimerais bercer cette petite fille la câliner la déposer endormie dans sa poussette, rasséréner sa mère ; tous ces gens qui continuent de vivre d'aller et venir, tous ces gens qui s'embrassent sont contents de se retrouver - charnière ? que disent les saintes écritures numériques ? zut presque plus de batterie, personne à rassurer, personne à qui dire que je n'étais pas dans cette rame de métro, "nous sommes à une charnière" et moi je suis sortie de mes gonds, c'est con, "il faut que nous prenions du recul" peut-être qu'à force d'en prendre on tombe à la renverse, quand on dit ça c'est qu'on en a déjà pris "j'ai besoin de réfléchir", miroir mon beau miroir, je la rate jamais celle-là, et moi de dormir, dormir. 

2 commentaires:

Ange-gabrielle a dit…

Belle surprise en ce lendemain de Noêl, en attendant la neige, que d'entrer dans ton ressassement sur le rythme (avec un "h" lui) du train. J'ai hâte de voir le texte -construit- qui va en jaillir et j'adore ce "clame-toi". Nous avons entendu la même émission sur le "e" MUET qui se prononce de moins en moins, voire plus du tout, dans le même demi-sommeil.

lin a dit…

super, tu as réussi ! et ça roule comme sur des rails !