Quel beau moment de partage devant ces livres riches de tout un travail réalisé! Merci d'avoir joué le le jeu, d'avoir passé du temps et de l'énergie dans ces réalisations. Cela donne envie de poursuivre, de recommencer, de travailler en binôme peut-être pour d'autres productions! Je vais imprimer tout ça et relire tranquillement.
C'est pas tout ça, mais on ne va pas s'arrêter là! On continue notre errance dans les cimetières avec l'aide de quelques textes pour nous mettre dans l'atmosphère!
Daniel Bourrion et un extrait de son dernier livre paru aux Editions publie.net: Lieux
Le
centre d’ici de fait, de la vallée entière aussi, est à la porte
du village son cimetière qu’on croise en venant de M*** et qu’on
a donc longé après la traversée du pays, l’arrivée dans la gare
là-bas perdue, le reste du chemin dans l’auto surchauffée, son
cimetière et ses six gardes qui sont tilleuls, dont les rangées de
tombes tracent sur le sol des allées de gravier rouge crissant
sous les chaussures plates des femmes qui toute la journée y
traînent des pots de fleurs, des plaques, des arrosoirs, des
souvenirs dorés dans une incessante fourmilière monotone,
monochrome, que ne rehaussent pas les pétales vite tombés, le froid
n’épargne rien, la porte est noire de fer forgé qui grince à
chaque passage et ça ne cesse pas, ça ne dérange personne et
certainement pas les morts dessous la terre dans leurs boîtes bien
rangés attendant le jugement dernier pour ressortir, ça risque de
durer, quelqu’un devrait penser à graisser les gonds mais les
hommes dont c’est ici le travail ne viennent jamais dans ce
rectangle ou seulement pour accompagner l’enterrement et ce jour-là
n’est pas le jour, ou seulement trop morts et c’est trop tard
pour bricoler.
Baptiste-Marcey pour poursuivre et son évocation de San Michele dans Venise l'ile des morts (Editions Le temps qu'il fait)
Avec son tapis de dalles mal jointes où entre les fentes naissent hautes et fragiles
Des campanules mauves et violettes/ autour du puits central/ marmite géante de pierres/
Que l’on pénètre dans l’Ile des Morts
Jeanine Baude dans Venise Venezia Venessia ( Editions du Laquet)
On
peut se distraire, à la lecture des inscriptions, elles sont parfois
touchantes. Les plus nobles se trouvent dans les allées qui bordent
le jardin d’entrée, à l’intérieur du péristyle. Ici, la
brique rouge s’assagit. Il y a bien sûr , dans les divers carrés,
les tombes toujours fleuries, parfois recouvertes de guirlandes, des
passants célèbres. Igor et Vera Stravinsky, Serge Diaghilev, Ezra
Pound, qui se trouvent dans le périmètre le plus visité. ( …) A
lire les inscriptions, justement, on peut faire, chacun selon son
gré, d’assez remarquables découvertes, parfois amusantes, si l’on
est suffisamment attentif. (…) La prima notte che il poeta
dorme.
Un poème de Pablo Neruda pour affiner:
Tu
ne dors pas, non, tu ne dors pas
peut-être
ton cœur entend-il éclore la rose d’hier,
la
dernière rose d’hier, la rose nouvelle.
Repose
doucement...
Une proposition d'écriture a suivi : en s'inspirant d'une errance réelle dans un cimetière de notre carte , tenter une description de cette déambulation en y joignant des mots, phrases adressés à ceux qui dorment là, connus ou inconnus...