Matines - entre chien et loup
L'aube assombrit le village. Aucune ombre ce matin.
Aux premières neiges, mes bêtes sont redescendues des pâturages.
Je pars pour une traversée du massif du Pelvoux, aller-retour. Léger. Une miche de pain de campagne, un peu de fromage, un couteau, mon manteau qui me couvrira cette nuit.
Je passe ma dernière épreuve pour devenir guide de montagne. Apparemment la plus facile. Pourtant je devrai gravir deux sommets, descendre le grand glacier, passer plusieurs cols peut-être dans le brouillard, ne pas m'égarer sur les multiples sentes. Ne pas chuter dans une crevasse. M'agripper aux frêles arbustes. Contourner des lacs. Franchir les rivières débordantes. Ecouter la forêt. Guetter le loup.
Personne ne sort me donner du courage.
Sexte - sonorités
Mon corps est réchauffé, mes muscles toniques mais souples. Les genoux ne craquent plus. Le ciel s'est recouvert de petits nuages et s'est légèrement teinté de rose. J'aime le coeur de l'automne qui bascule dans l'hiver, les prairies rougissent balayées par le vent. Le silence s'installe après les tintamarres alertes des brebis surveillées par les aboiements des chiens. Je me surprends à sursauter en entendant les battements de mon coeur. Un pierrier s'est écroulé derrière moi, je ne l'ai pas vu. Le fracas m'a redonné de l'envie. Là, un cri déchire l'espace, c'est celui des grands oiseaux à l'affût des carcasses des bêtes égarées.
Nous sommes peu de connivence.
Vêpres - paroles
Tout à l'heure, le colporteur ne manquait ni de courage ni de bagou. Il tirait sa carriole sur le chemin de Venosc quand nous nous rencontrâmes. Il avait suivi l'ancienne route romaine en direction de Briançon qu'il comptait atteindre par le col du Lautaret dans quelques semaines. Il voyageait tant qu'il lui restait de la marchandise. Certaines années, son périple s'arrête au bout de deux mois, me racontait-il, mais le plus fréquemment il parcourt les bourgs toute une saison avant de pouvoir redescendre dans la vallée. Les affaires... fluctuantes, comme les guerres, la famine, fragiles comme la parole.
Laudes - directions
Le repos nocturne a été bref, j'avais le sentiment du retard. Grâce au bon vouloir de la lune, j'ai pu poursuivre mon chemin sans encombre, voyant pratiquement comme au petit jour. Au loin, j'apercevais la Bérarde. Mais je devais aller encore plus en avant, jusqu'à la Grave, braver les tumultes de la glace agitée et me méfier des mouvements des moraines. Après, si je restais vivant, m'y attendraient le guide instructeur et quelques confrères.
Sur ma gauche, le Pelvoux converse maintenant avec la Meije lumineuse. Je suis sur le chemin de retour. Quand j'arriverai enfin, le village sera endormi, de nouveau. Décidément. Mais je sais que je pourrai veiller pendant longtemps, des années peut-être, sur les anciens, les femmes et les enfants. Oui, je pourrai demeurer ici grâce à mon travail de guide, de cultivateur et de berger. J'accompagnerai ces touristes anglais dans le massif, et je gagnerai suffisamment d'argent. Je ne serai plus contraint de quitter le pays comme mes voisins s'en allant embaucher à l'usine, en bas, dans la brume.
A cet instant, je suis simplement satisfait.
samedi 26 mai 2018
jeudi 24 mai 2018
Cartographie 12/ Journal
Nouvelle séance dans nos
errances cartographiques. Quatre auteurs nous accompagnent avant
d'aborder l'écriture:
1/Anne
Savelli / Celle ou
celui qui voudrait partir”(Livre collectif:
Une ville au loin)
Alors
viens et regarde : le carnet dont je te parle, c’est un beau
cahier bleu légèrement pailleté, à feuilles nuancées, de
couleurs différentes. Sur la couverture est écrit Une
intuition dans la matière.
Si tu sens que cette phrase t’attire, même à n’y rien
comprendre, même à ne savoir quoi en dire, ouvre, tourne la page.
Allez viens.
2/ Sylvain Tesson: Sur
les chemins noirs
Le
col de Tende marquait un ensellement de la ligne de crête du
Mercantour. Il séparait l’Italie de la France. J’avais décidé
de commencer là, dans le coin sud-est du pays, et de rejoindre le
nord du Cotentin. Les Russes, par tradition, avant de partir en
voyage, s’asseyent quelques secondes sur une chaise, une malle,sur
la première pierre venue. Ils font le vide en eux, pensent à ceux
qu’ils quittent, s’inquiètent de savoir s’ils ont fermé le
gaz, caché le cadavre–que sais-je encore ? Je m’assis donc,
manière russkoff, le dos contre un oratoire de bois où une Vierge
méditait devant le paysage d’Italie. Soudain je me levai et je
partis.
3/ Pierre Cendors:
L’invisible dehors ( Carnet islandais d’un voyage intérieur)
Au
printemps 2011, je suis parti en Islande . J'ignorais ce qui
m'attendait là-bas. Comme Martin Buber, je pourrais écrire
aujourd'hui: Tous
les voyages ont des destinations secrètes dont le voyageur n'a pas
conscience.
Car, dès mon premier regard par le hublot de l'avion, j'ai été
tout à coup emporté...ailleurs.
C'est là, durant un mois,
que j'ai marché, vécu et écrit les pages de ce carnet: dans une
région islandaise de l'ailleurs, au nord-ouest de l'ailleurs,
là-haut, dans l'invisible dehors, à la frontière boréale de
l'esprit.
4/
Stevenson: Voyage avec un âne dans les Cévennes
Le
commerçant s'intéressa beaucoup à mon voyage. Il pensait dangereux
de dormir en rase campagne.
— Il y a des loups, dit-il. Et puis, on sait que vous êtes anglais. Les Anglais ont toujours bourse bien garnie. Il pourrait fort bien venir à l'idée de quelqu'un de vous faire un mauvais parti pendant la nuit
Je lui répondis que je n'avais point peur de tels accidents et que, en tout cas, j'estimais peu sage de s'attarder à ces craintes et d'attacher de l'importance à de menus risques dans l'organisation de la vie.
— Il y a des loups, dit-il. Et puis, on sait que vous êtes anglais. Les Anglais ont toujours bourse bien garnie. Il pourrait fort bien venir à l'idée de quelqu'un de vous faire un mauvais parti pendant la nuit
Je lui répondis que je n'avais point peur de tels accidents et que, en tout cas, j'estimais peu sage de s'attarder à ces craintes et d'attacher de l'importance à de menus risques dans l'organisation de la vie.
Proposition d'écriture:
Un
voyageur, muni de votre carte, pénètre sur ce territoire et écrit
des pages de journal ( au moins 4 jours différents et bien plus si vous sentez que l'inspiration vous habite...!) notant ses motivations, ce qu’il découvre,
ses pensées face à un lieu inconnu, ses rencontres. Cela se passe
dans la période choisie la dernière fois , ou dans les années qui
suivent ou précèdent.
mercredi 23 mai 2018
Cartographie # 11. Des histoires à l'Histoire.
Je me remets
ce Noël de l'année 1914 dans son hiver tant rigoureux. Tous les gars du canton de La Chaise-Dieu bons pour le service étaient partis. Ne restaient que les femmes et les gamins avec dans leurs souliers deux oranges et un bâton de chocolat. Les femmes, elles, n'avaient rien.
Je me remets
le visage émacié de l'homme, le pli soucieux de son front, les yeux jaunis, vieilli trop vite et resté à la ferme. Inutile pour le front, inutile pour les travaux des champs, le corps en catafalque. Une bouche inutile à nourrir.
Je me remets
la foire d'automne sur la place du bourg, les vaches maigres à faire peur, toutes côtes saillantes, trop mal nourries, Les hommes absents, les femmes assuraient les transactions. Transactions miteuses qui donneraient à peine à manger le temps d'une saison.
Je me remets
le mois de juillet 1915, sa chaleur moite. Les hommes au combat. Les femmes courbant l'échine sous le poids du foin et de la paille, rouges et transpirantes, s'essuyant le front dans les larges mouchoirs à carreaux, mais fortes, ô si fortes!
Je me remets
ton grand-père, Jean-Marius Bonnet résidant à Cistrières, du canton de la Chaise-Dieu, incorporé au 142ème régiment d'infanterie le 9 avril 1915 , qui passera de régiment en régiment, qui sera blessé aux Chambrettes le 9 mai 1917 puis proposé à la réforme en juillet 1918. Il viendra se retirer à Cistrières son village natal. Pour lui, la boucle sera bouclée.
Je me remets
les couchers de soleil, sur la petite rivière, la Dorette, ignorant la laideur du monde, fardés comme de jeunes mariés dansant autour des feux de la Saint Jean.
Je me remets
les quelques jours heureux où l'on aurait dû emmagasiner les rires, les cris de joie, les bruits qui frissonnent pour animer les soirs funestes devant les cheminées sans âme.
ce Noël de l'année 1914 dans son hiver tant rigoureux. Tous les gars du canton de La Chaise-Dieu bons pour le service étaient partis. Ne restaient que les femmes et les gamins avec dans leurs souliers deux oranges et un bâton de chocolat. Les femmes, elles, n'avaient rien.
Je me remets
le visage émacié de l'homme, le pli soucieux de son front, les yeux jaunis, vieilli trop vite et resté à la ferme. Inutile pour le front, inutile pour les travaux des champs, le corps en catafalque. Une bouche inutile à nourrir.
Je me remets
la foire d'automne sur la place du bourg, les vaches maigres à faire peur, toutes côtes saillantes, trop mal nourries, Les hommes absents, les femmes assuraient les transactions. Transactions miteuses qui donneraient à peine à manger le temps d'une saison.
Je me remets
le mois de juillet 1915, sa chaleur moite. Les hommes au combat. Les femmes courbant l'échine sous le poids du foin et de la paille, rouges et transpirantes, s'essuyant le front dans les larges mouchoirs à carreaux, mais fortes, ô si fortes!
Je me remets
ton grand-père, Jean-Marius Bonnet résidant à Cistrières, du canton de la Chaise-Dieu, incorporé au 142ème régiment d'infanterie le 9 avril 1915 , qui passera de régiment en régiment, qui sera blessé aux Chambrettes le 9 mai 1917 puis proposé à la réforme en juillet 1918. Il viendra se retirer à Cistrières son village natal. Pour lui, la boucle sera bouclée.
Je me remets
les couchers de soleil, sur la petite rivière, la Dorette, ignorant la laideur du monde, fardés comme de jeunes mariés dansant autour des feux de la Saint Jean.
Je me remets
les quelques jours heureux où l'on aurait dû emmagasiner les rires, les cris de joie, les bruits qui frissonnent pour animer les soirs funestes devant les cheminées sans âme.
Bulletin de réforme de JM BONNET, yeux gris-bleu, nez ordinaire... |
mardi 15 mai 2018
Août 1914
T'apercevoir: te voir sans te prendre dans les rets de l'immobilité. Te voir sans même vouloir t' "avoir", sans même savoir ce que j'aurai vu de toi. Ton image, je ne la "possède" donc pas. Mais elle demeure en moi. C'est elle, plutôt, qui me "possède" désormais.
Georges Didi-Huberman
du tocsin du premier août 1914 à seize heures
du glas qui n’en finit pas de psalmodier la litanie des morts
comme autant de balles transperçant les corps
c’est le solfège du cataclysme qui écrit un temps interminable
puis c’est le silence qui suit où l’on retient son souffle
il n’y a plus rien à dire
voici le glas de nos gars qui sonnent
puis c’est le tambour qui passe et repasse
c’est
la voix de l’autorité qui appelle au devoir d’état 3 580 000
hommes
de
l’oubli ( ne pas)
des
affiches blanches surmontées de drapeaux tricolores
de
la mobilisation générale
des
gens amassés devant et criant “à bas Guillaume”
du
grand-oncle Guillaume débaptisé dans la foulée et renommé Marius
des
hommes cherchant dans les commodes le livret de mobilisation
des
sacs avec deux chemises, un caleçon, deux mouchoirs
de
quoi manger pour deux jours
d’Alphonse
sac sur l’épaule et regard perdu
du deux
août 1914 et des vies déchiréesde l’oubli ( ne pas)
de la foule dans les gares et des scènes d’adieux
des soldats pantalonnés de rouge et encapés d’un bleu lourd d’horizon
de la chaleur et de la soif pour tous ceux qui marchaient vers la Lorraine
du 38ème Régiment d’Infanterie prêt pour le départ le 5 août
d’Alphonse et ses compagnons mineurs, cultivateurs, ouvriers du Velay
des 30 kilos sur le dos et du Lebel avec sa baïonnette
de l’attente qui commençait pour ceux qui restaient
des
regards qui n’en finissaient pas de scruter le bout du chemin
de
ce monde pétrifié et de l’horreur qui débutait
de
l’oubli ( ne pas)
des
rumeurs sur les bonbons empoisonnés donnés aux
enfants
du
nom du préfet de la Loire monsieur Lallemand
du
6 août 14 pris pour un ennemi un sourd-muet fut tabassé à
Saint-Etienne
d’une
première lettre d’Alphonse : il
marche toujours vers l’avantdes unes de journaux qui ne disent pas tout
du
silence dans les villages
des mots
d’Alphonse où il dit être dans un bon pays où on l’a bien reçune vous faites pas de mauvais sang et gardez toujours bon espoir
votre fils et frère pour la vie signé Alphonse
de
l’oubli ( ne pas)
des
défilés dans les villes derrière la clique et le drapeau
des
larmes des femmes qui parlent mieux que des fanfares
des
canassons de toute sorte entassés dans les wagons
des
fusils Lebel, des canons de 75 et des mitrailleuses de Saint-Etienne
du
règlement d’obéissance totale et de soumission de tous les
instants
de
l’incompétence de certains généraux
des
gamelles qui rutilent au soleil
de
ces fantassins figurants d’une armée du passé
des
marches de cinquante kilomètres sous le soleil
de
l’oubli (ne pas)
de
la première confrontation avec le feu de l’ennemi le 14 août à
Ancervillers
où tombe
Eugène le premier mort de Tiranges.
du
guet-apens dans la région de Sarrebourg, suivi d’un ordre de
retraite générale le 21 août
de
la seconde lettre d’Alphonse écrite au crayon sur un mauvais
papier, tamponnée le 23 août 1914 à Dompaire,
commune des Vosges
j’ai
reçu votre lettre je vous fait réponse de suite, vous êtes dans la
détresse, ce n’est pas la peine, ça n’avance à rien. Je suis
en bonne santé c’est tout ce que je puis vous dire, je ne peux pas
vous dire où je suis ni ce qu’on fait ça nous est défendu.
Maintenant pour l’argent vous me demandez si j’en ai besoin, j’en
ai encore quelques uns, la Séraphine m’en a donné. Ne m’en
envoyez pas beaucoup de peur qu’il se perde. Je ne vous en dit pas
davantage pour cette fois, je termine en vous embrassant tous bien
fort. Votre fils et frère pour la vie. Alphonsede cette dernière lettre écrite juste avant la bataille de Baccarat où le pont sur la Dolaizon devait être repris à l’ennemi
du soir du 24 août où le 38 et le 86 ème revenant de Sarrebourg ont l’ordre d’arrêter l’avancée allemande
des
durs combats qui ont lieu le 24 et le 25 sur Baccarat où “les
unités s’élancent dans un élan irrésistible à la baïonnette
et rétablissent intégralement la situation”
des
1300 morts sur 3200 engagés dans la bataille
de la
mort de Jean-Baptiste le 24 et d’Alphonse ce 25 août
qui ne sera annoncée que le 25 janvier 1915
de
l’oubli ( ne pas)
des
blessés couchés dans les avoines
des
hommes restés au champ d’horreur
des
fantassins qui se protègent de l’artillerie ennemie avec leurs sacs
de
la peur face à une mort certaine
des
milliers d’hommes tués par l’absurdité des ordres
des
convois de blessés d’où montent les plaintes
des
premières gueules cassées
des
civils fuyant les villages incendiés
du
premier mois d’une guerre qui n’en finira pas de s'éterniser
jeudi 10 mai 2018
Cartographie # 11 Histoire 1868-1874
Pliés en accordéon
ces bouts épars de XIXème siècle
operculés dans leurs alvéoles
larvés, fossiles, belles au bois dormant
Ils gisaient
ces souvenirs inconnus dans la frise de l'Histoire
mais pas dans la raideur de mes cheveux
Avachi,
le Concile de Vatican sur son saint siège de Rome
laissant aux femmes le soin de continuer à astiquer les dorures et les cuivres de la renommée
Échoué,
LE Garibaldi qui avait traité Pie IX de «mètre cube de fumier».
Paralysés,
Paralysés,
Affalés,
ses espoirs de lumière et de fraternité, son anti-concile de Naples. et il y a tant de Rome qu'on se perd en chemin.
Fiasco !
Enterrées,
les grèves sanglantes dans le Massif Central,
par les moustachus qui ne faisaient pas dans la dentelle du Puy
les grèves sanglantes dans le Massif Central,
par les moustachus qui ne faisaient pas dans la dentelle du Puy
Mes cellules se souviennent
qu'une arrière-arrière-grand-mère avait rêvé de moi
Effondré, en France,
le Second Empire sur la Troisième République
Abdiquante, en Espagne,
la deuxième Isabelle
Pour une éphémère primera Republica.
Mes cellules savent
que les souvenirs sont sélectifs et si j'ai mieux retenu l'Histoire de l'Espagne que celle de la France de ce siècle-là c'est parce qu'à l'âge où l'on retient, c'était l'Espagne qui comptait.
Mes ancêtres sont-ils espagnols ? bien puede ser !
que les souvenirs sont sélectifs et si j'ai mieux retenu l'Histoire de l'Espagne que celle de la France de ce siècle-là c'est parce qu'à l'âge où l'on retient, c'était l'Espagne qui comptait.
Mes ancêtres sont-ils espagnols ? bien puede ser !
Effacées, les dates sur les tombes commençant par 18..
je n'ai presque jamais eu la mémoire des dates et des chiffres, je me trompe toujours d'une unité
je n'ai presque jamais eu la mémoire des dates et des chiffres, je me trompe toujours d'une unité
ashes to ashes, plus rien ne subsistait
Mes cellules savent
que certaines périodes de l'Histoire sont en noir et blanc,
comme dans les films à flash-back, au cas où on n'aurait pas compris
Ronflant, le four électrique inventé par Siemens
j'ai pensé à mon mini-four,
puis j'ai réalisé
qu'il fallait des décennies pour qu'une invention se miniaturise
j'ai revu mon image à la hausse, jusqu'aux hauts-fourneaux
j'ai repensé aux intérieurs sombres, bas et enfumés des fermes où ils habitaient
Assoupie,
la construction de l'Abbaye Notre Dame de Lerins où je ne suis jamais encore allée
Magnétique,
celle de l'église de leurs villages en Pierres du Velay
celle de l'église de leurs villages en Pierres du Velay
Tronqueur,
Bismark de la dépêche d'EMS le 13 juillet, anniversaire de ma mère, au passage, et qu'a-t-il bien pu faire du morceau enlevé : la guerre !
Bismark de la dépêche d'EMS le 13 juillet, anniversaire de ma mère, au passage, et qu'a-t-il bien pu faire du morceau enlevé : la guerre !
Mes cellules se souviennent
que je n'étais que l'embryon de l'embryon de la poussière d'une idée à venir
et que compost to compost, le fumier a bien fini par faire éclore mon coeur
Ronflant,
le décret de Crémieux (si cher à Bernadette) sauf qu'il s'agit d'Isaac Adolphe et non de la petite ville d'Isère,
qui faisait des juifs algériens des citoyens ... et ravalait les musulmans au rang d'indigènes
le décret de Crémieux (si cher à Bernadette) sauf qu'il s'agit d'Isaac Adolphe et non de la petite ville d'Isère,
qui faisait des juifs algériens des citoyens ... et ravalait les musulmans au rang d'indigènes
Hypnotique,
chaque nouveau fait appris, auquel s'agrègent des milliards de points d'interrogation, genre : "Ah bon ? les juifs algériens n'étaient pas des citoyens ?"
chaque nouveau fait appris, auquel s'agrègent des milliards de points d'interrogation, genre : "Ah bon ? les juifs algériens n'étaient pas des citoyens ?"
Merveilleuse
Ange Gabrielle, de renchérir avec sa chère Cixous et notre cher Derrida qui avaient été expulsés de l'école publique, sauf que c'était sous Vichy
Ange Gabrielle, de renchérir avec sa chère Cixous et notre cher Derrida qui avaient été expulsés de l'école publique, sauf que c'était sous Vichy
coquillages sont les souvenirs
blabla bégayante est l'Histoire
blabla bégayante est l'Histoire
Inauguré,
le Canal de Suez par l'Impératrice Eugénie
Oubliés,
les 125 000 morts pendant sa construction
le Canal de Suez par l'Impératrice Eugénie
Oubliés,
les 125 000 morts pendant sa construction
Interrogés,
les gens de ma carte :
de toutes ces nouvelles du monde, ce qu'ils en attrapait.
Le Printemps des cimetières 2018 : dimanche 13 mai
Retrouver le programme complet sur :
www.patrimoineaurhalpin.org
J'ai pensé qu'"à la brise" ne pouvait pas manquer ça, celles et ceux qui sont disponibles, y feront peut-être un tour ??? et nous raconteront ...
www.patrimoineaurhalpin.org
J'ai pensé qu'"à la brise" ne pouvait pas manquer ça, celles et ceux qui sont disponibles, y feront peut-être un tour ??? et nous raconteront ...
lundi 7 mai 2018
mercredi 2 mai 2018
Les années terribles
Les années terribles :
Entre avril 1915 et
juillet 1916, 1 million 200 000 arméniens sont massacrés, soit les
2/3 du peuple arménien
Dans la nuit du 29 au 30
décembre, Raspoutine est assassiné
Cette même année, la
ferme de mes grands-parents - en l'absence de mon grand-père alors
dans les tranchées de Verdun – brûle entièrement
Les femmes, durant cette période,
vont connaître un bouleversement, se retrouvant bien souvent à la
place des hommes (dans les usines, aux champs, sur les champs de
bataille pour soigner les blessés …) contraintes de subvenir
seules aux besoins du foyer dans des conditions où elles manquent de
tout
Décembre : ceux qui
restent « fêtent » le troisième Noël de guerre alors
que les restrictions alimentaires vont de mal en pis
Après l'incendie de la
ferme, seul un mur de pisé subsiste ; pan de mur que, deux
générations plus tard, j'ai continué à dégrader en y prélevant
régulièrement de petites quantités d'argile pour mouler la
vaisselle de mes poupées
Le gouvernement allemand,
allié militaire de la Turquie, censure les informations sur le
génocide arménien
Soixante dix ans plus
tard, ma mère épouse en secondes noces un arménien. Etait-ce
réparer ?
Le 1° mai 1916, l'heure
d'été est adoptée. C'est l'heure allemande
Dans les deux années qui
suivent, la ferme est entièrement rebâtie avec les voisins, le
cheptel multiplié pas deux, ma grand-mère engrossée. A son retour,
mon grand-père reste mutique pour le restant de ses jours.
D'avril à juin ont lieu
les pires massacres de Verdun. Elle reste l'année infernale, année
charnière de la première guerre mondiale
Le 27 mai une loi
provisoire de déportation autorise le gouvernement turc à détruire
tous les arméniens
Le grand-père de mon
futur beau-père, alors âgé de cinq ans, est enfermé ainsi que
l'ensemble des habitants de son village, dans l'église que les turcs
incendient. Son petit corps lui permit de se cacher dans le clocher
et d'en réchapper
Dès la fin octobre ont
lieu les premières déportations de main d'œuvre ouvrière
L'année terrible se
répète quand, en 2005, une nuit, notre maison prend feu
En 1919 naît mon père
alors que ma mère de dix ans sa cadette ne devait jamais avoir aucun
souvenir de cette guerre-là
Le 1° avril voit la
naissance du premier comité du Travail Féminin : elles fabriquèrent
en quatre années, six cents millions d'obus et plus de six milliards
de voitures.
L'année
terrible se répéta dans les pires cauchemars qui longtemps m'ont
tétanisée
Les femmes ont eu beau prouver
leur égalité, elles n'obtiendront le droit de vote qu'en 1944
Ce furent des années patriotiques
et Viviani sut faire appel aux femmes par des chants :
« Debout,
femmes françaises, jeunes enfants, filles et fils de la patrie.
Remplacez
sur le champ de travail ceux qui sont sur le champ de bataille.
Préparez-vous
à leur montrer demain, la terre cultivée, les récoltes rentrées,
les champs ensemencés.
Il
n'y a pas, dans ces heures graves, de labeur infime.
Tout
est grand qui sert le pays.
Debout
! A l'action ! A l'oeuvre !
Il
y aura demain de la gloire pour tout le monde. »
Tout ça pour des clopinettes !
Puisque le bilan de la guerre pour les femmes n'est pas réellement
positif, leur condition évolue peu. De retour de la guerre, les
hommes retrouvent leurs places dans les usines et évincent ainsi les
femmes de leurs postes.
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