lundi 16 novembre 2020

Débout,

Confinée,j'erre à travers les désordres de mon chemin intérieur. Ma cartographie interne m'indique les embranchements végétaux multicolores s'ouvrant à perte de vue sur des cellules qui clignotent autant de phares lumineux dans le petit matin désanchanté. Me lever, mettre un pied devant l'autre, marcher timidement puis prendre de l'assurance relève d'une quête de l'imprévisible, d'une injonction faite à mon corps de ne pas sombrer, de laisser infuser la curiosité qui le guide dans les distorsions du jour nouveau. Aller à la rencontre d'une forêt conceptuelle, d'un univers qui n'a de végétal que les nuances de vert que je veux lui donner, me faufiler entre les pieds des chaises volontairement en désordre ou écouter la mélodie affinée de quelques klaxons tel est le dilemme immédiat. La conscience complice d'un désastre étouffé,je décrypte le paysage; les troncs arborescents des lampadaires, les immeubles-sanctuaires d'autant de vies semblables et dissemblables, la place vide où s'enracinent les empreintes glacées des passants qui pleurent leur solitude. Toute en fragilité lucide et apaisée, je m'imprègne de la symbiose des éléments. A ma bataille intérieure, répond la quiétude de l'automne, ses teintes sourdes, ses couleurs de feu, son pas pesant dans le sillon d'une année interminable. Des freux traversent le ciel; ils emmènent avec eux mes pas malhabiles sur les traces d'un sentier nouveau.

2 commentaires:

Ange-gabrielle a dit…

Quel superbe texte de balade. "Toute en fragilité lucide et apaisée" Je te retrouve là, il y manque le courage, la ténacité,la douce gaité. Mon amour t'accompagne

Laura-Solange a dit…

Quel plaisir de retrouver ta prose, ta poésie. Et d'admirer ta détermination. Et peut-être que les freux nous parlent...