dimanche 27 mars 2022

Peindre les hommes tels qu'ils sont à l'intérieur

 Acceptons de lire ce triptyque comme un livre, c’est à dire de gauche à droite puis en refermant les deux panneaux latéraux

Volet de gauche, premier plan :

 



Adam et Eve masquent

dans un geste de pudeur

leur sexe d’un comique « gant de toilette ».

Corps nus mais non vulnérables

Ils n’osent pas se regarder.

Leurs lèvres ne sont pas de coquelicots.

Voudrait-on nous faire croire

à un monde idyllique

celui du paradis perdu ?

Réponse très vite donnée par les panneaux suivants.


Volet central, centre et premier plan :

 



La pomme rouge cordiforme

transpercée de part et d’autre par un ver :

Le ver est dans le fruit

l’avidité ronge l’homme de l’intérieur

Il se rue à mort sur les biens illusoires

du chariot de foin.

Une rixe entre les deux roues du chariot :

Grouillement stérile des humains, entrain de s’égorger,

pour un fétu de paille.

Enchevêtrement de bras et de jambes,

carnet du carnage

écarlate et carmin

rupture des cartilages


Volet droit : La cavalcade des démons

 



L’humanité va à sa perte par sottise

convoitise et ignorance,

eux-mêmes poisons et sources

de tous les errements et de toutes les souffrances

dont aucune médecine jamais ne la délivrera.

Seule la vache

représentant la nature

est sereine

et ouvre une porte à l’espoir

d’une sortie possible de la souffrance.

Un sang d’une douceur insolite

semble couler dans ses veines.


Triptyque fermé : 

L'enfant prodigue (détail)

Le fou errant

Le fou errant (détail)


« Le fou errant » ressemble à s’y méprendre

à un de ses derniers tableau « L’enfant prodigue ».

Même accoutrement et vêtements en haillons

même bâton de pèlerin

même corbeille d’exilé sur le dos

même posture fuyant l’humanité

même petit chien et arbres derrière lui

seule diffère l’expression du visage

plus torturée

au dos plus courbé.

C’est l’ermite, le vagabond

en fuite vers le silence

loin des sottises et convoitises

celui qui choisit la voie ardue de la solitude.

Misérable et princier

loin du grouillement de la foule

en qu^te de sa vie intérieure

plutôt que des biens matériels.

Cet errant est entrain

de se ré-inventer.

Le cosmos est son campement.





1 commentaire:

Linette a dit…

Ta lucidité quant à la nature humaine n'a d'égal que le foisonnement du triptyque de J. Bosch.