Le Rocher
à l'extrémité de la brume
danse
son âme affûte
les forces-mosaïques
qui étreignent
sa carapace
flegme cinglant
contre la vague
long voyage intérieur
flagellation perpétuelle
balafres à ciel ouvert
pleurésie de la mer
surfiler le rivage
parler à l'oreille des chardons
accrocher la rosée
aux matins-cris multicolores
le Rocher
miroir des oiseaux-ricochets
redondance du premier jour du monde.
mercredi 30 novembre 2022
ROCHER (III)
mardi 29 novembre 2022
Les oiseaux
Les oiseaux, parfois masqués par les nuages /
se déployaient en vol ample /
dans le ciel grésillant des couleurs /
du couchant /
Ils brodaient de leur vol /
les lueurs du crépuscule /
puis brusquement viraient d’angle /
la nuée prenait une tout autre direction /
Leur vivacité était telle que je croyais /
les entendre pépier bruyamment /
alors qu’ils traçaient leur broderie nocturne /
dans un parfait silence /
Systématiquement surprise /
dans mon attente de leur prochain subit changement de direction /
mon coeur vacillait d’un plaisir délicieux /
à l’idée du prochain étonnement /
Dépourvue de mots /
l’espace intérieur se dilatait /
se transformait /
atteignant l’horizon /
là où commençait la Joie /
(consigne 100 mots / klasmathèque de Linette)
lundi 28 novembre 2022
à l'envers
à l’envers
dans le vide de la flaque
une sorte de buvard d’eau
où va et vient ce qui se nomme lumière
conversation du ciel et de la terre
où s’abandonnent des bouts de bleu
et palpitent de pâles étincelles
quand s’entremêlent les mélancolies du jour
bien cernées par un obscur petit ourlet
ruban lambeau ou écharpe ceinturant le temps
( Codicille: 60 mots/ commencer par à/ 10 vers/ un détail de la traduction des Vagues/ pas de ponctuation)
Ma traduction des Vagues de Virginia Woolf: deuxième interlude, première partie:
Le soleil montait plus haut. Des vagues bleues, des vagues vertes balayaient d’un revers d’éventail la plage, entourant la pointe du chardon bleu, abandonnant des flaques de lumière peu profondes çà et là sur le sable. Un léger ourlet noir se déposait derrière elles. Les rochers embrumés et doux étaient désormais marqués de fissures rouges.
D’intenses raies d’ombre s’étiraient sur l’herbe, et la rosée dansant sur la pointe des fleurs et des feuilles, faisait du jardin une mosaïque d’étincelles uniques non encore rassemblée en un tout. Les oiseaux aux gorges mouchetées d’un jaune canari et de rose, chantaient maintenant un air ou deux ensemble, avec frénésie, comme des patineurs bras dessus bras dessous, puis soudainement silencieux, s’éloignaient les uns des autres.
samedi 26 novembre 2022
Klasma du temps qui passe/ Semaine 4 /jour 6
15 octobre 10h 20 : Aimer c’est ne pas savoir ( Jean-Pierre Siméon lecture à Saint-Etienne à la fête du livre)
tâtonner dans une sorte de tunnel — peu à peu — entre les plis — des silences — des uns et des autres — avant de pouvoir être — d’arriver à pouvoir être — avancer — toujours au bord — à la frange — pas pouvoir plus — se tenir dans l’indistinct — les tempes vrillées du sang — il pulse si fort —(17h32)
jeudi 24 novembre 2022
Interlude 2 p.23 Rochers durs aux fissures rouges
à partir de la phrase : "The rocks which had been misty and soft hardened and were marked with red clefts"
Rochers durs aux fissures rouges rochers brumeux brume de l'après pluie rochers qui crient avec les rapaces font voler en éclats le silence de la mer en rochers luisants glissants et lisses brûlants impraticables fissures crevasses gorges fentes projets de fuite gaz Rochers broutant le vert de la forêt rochers cataractant acérés rissolant de soleil à-pic ruisselants des vagues fracassantes glissades membres tordus Sisyphe projets anéantis dans les éboulis noirs des désirs en désordre Île du Diable cocotiers verts germant des interstices Rochers-amers manger ce qui est rouge -rêves de friandises- de rochers mous comme des Ferrero oubliés au soleil
ma traduction
Le
soleil avait pris de la hauteur. Le soleil était encore monté. Des vagues bleues, des vagues
vertes dessinaient un rapide mouvement en éventail sur la plage encerclant la
pointe du houx-de-mer du chardon / du panicaut maritime et laissaient des mares, flaques, peu profondes ici et là
sur le sable, ainsi qu'une frange noire arrondie après leur disparition. Les rochers qui jusque là avaient des formes vagues
indistinctes et douces devinrent plus consistants et furent marqués, traversés
de fissures rouges.
Des
rayures d'ombre fines languissaient sur l'herbe et la rosée qui dansait à
l'extrémité des fleurs et des feuilles faisait ressembler le jardin à une mosaïque
d'étincelles dispersées, en train de n'en former qu'une seule.
Les
oiseaux, dont le jabot était tacheté moucheté de jaune et de rose, chantaient
maintenant une trille ou deux à l'unisson, frénétiquement, comme des patineurs joyeux
exubérants, bras dessus bras dessous,
puis faisant soudain éclater le silence en morceaux
mardi 22 novembre 2022
Klasma du temps qui passe/ Semaine 4 Jour 5
14 octobre à 10h15 : On ne rêve pas un lieu mais un temps perdu, la jeunesse. (Gracia Bejjani/FB)
de plus en plus loin — comme échappée sur une autre rive — non abandonnée — mais un peu froissée — serrée dans une étoffe froissée — une musique assourdie — des sons sourds — et puis des gestes — renaissance d’un lieu — de silhouettes qui traversent — remettre des mots — nommer qui et quoi — oublier tous les pourquoi — (16h19)
lundi 21 novembre 2022
ENTRE CIEL ET EAU. (II).
L'or des vagues
soupire
la tristesse
le visage masqué
du temps qui souffre
lueur de l'impossible
broderie sardonique
de la montée du soir
après un lever de soleil
balbutiant
sur son buvard de brume
lumières-péplum
assises
au bord de l'horizon
embrases d'un tableau éphémère
à la poursuite
d'un destin annoncé
filaments d'espoirs effilochés
papillons de nuit drapés
dans les voiles liquides
d'un matin
incertitude palpitante
d'un jour qui naît
plasma pour coeur battant
mais bientôt
l'ordalie du dernier paragraphe.
dimanche 20 novembre 2022
Interlude 1.1 P. 5 Dans la brume - l'incertitude - un badigeon de tristesse -
Dans la brume - l'incertitude - un badigeon de tristesse - indéterminée- le cafard que génèrent les jours de brouillard scintillement bruni de l'aube montée du soir débandade cocon délicieux tohu-bohu des origines butyreuses filaments effilochés de sons brisés fricassée de sentiments béatitude -le goût de lumière masqué de bulles roses conversation dans le noir mots dilués délavés peinant à sortir des bronchioles équilibre bancal des mots et des choses les bouquets argentés des forêts en hiver brume tourbillons brume Babel hululant dans les couloirs une sorte de velours nocturne sur son miroir de brume / mou aussi- des choses à la hauteur des yeux ombre bleue sur la bruyère des landes sur la bryone des lieux incultes sur les odeurs de buis BRUME -mourir liquide sous les baisers des fantômes bras enserrant le vide des blessures béantes formes baveuses vaporeuses abhorrées brodées de quelques rires grésillements télégraphiques coton cliché niché dans le buisson des méninges de bronze à la barbe du temps abondance de cloches espaces encryptés bicéphales brisures de hurlements piégés dans les volutes quand l'intérieur est flou sans substance qu'au dehors les oiseaux chantent une mélodie blanche quand ne restent à la surface que des traces de gomme
codicille : le plus possible de mots contenant le B de brume. 207 mots comme dans ma traduction de fragment. Pas de ponctuation.
Klasma du temps qui passe/ Semaine 4 jour 3
12 octobre à 9h44 : quand quelque chose entrave (Anne Savelli Des oloés p 93)
se risquer dans le noir — ou dans ce qui n’est pas connu — ce sac de nœuds mouvants — qui met à l’épreuve — chercher à dénouer — les mains tendues — avec des mots au bout — à peine lisibles — usés jusqu’à la lie — une chaîne de mots du possible — une chaîne pour déchaîner — naturellement — (16h12)
vendredi 18 novembre 2022
Klasma du temps qui passe (semaine 3 / jour 4) 17H15.
" Pas ici, pas maintenant" Erri de Luca.
Là- pas ici pas maintenant- dehors- la nuit déjà- la mémoire du jour inscrite dans les nuages- peut-être - des lumières vacillantes aux toits gondolés des immeubles- espérances improbables- la ville à la fenêtre- sourires voraces des corneilles- créatures insolites- image de la vie amputée- mal sournois- les franges de la patience réincarnée dans une bouche sèche.
à l'unisson
à l’unisson
avec les silences incrustés et les gouttes écarlates
broderies des désirs et des rires
dans la gorge chamarrée des oiseaux
une mélodie blanche éthérée éternelle
crémeuse et veloutée d’infini
irriguée d’un peu de brume à faire palpiter
encore plus fort les creux du cœur
et virevolter les proses incertaines
en des tourbillons de lumière sur la page blanche
Codicille: Klasma en écho à la dernière partie du premier interlude des Vagues de Virginia Woolf avec les contraintes de commencer par "à" et d'une présentation en 10 vers et 60 mots.
mercredi 16 novembre 2022
Klasma du temps qui passe / Semaine 4 jour 1
10 octobre à 12h27 : Les vivants sont les urnes des morts. (J Roudault cité par Michelle Dujardin sur sa page FB)
étrange prolongement — parfois par brûlure — d’autrefois comme un onguent — ou une fusion — cela affleure et submerge — et l’on n’en finirait pas — naissance mort naissance mort — des couches de l’autre qui ressuscitent — sécrétées au cours de nos multiples vies — accepter malgré tout — les voix qui se murmurent — et tous les silences — (18h06)
mardi 15 novembre 2022
Klasma de la brume Version 1 "/"
Petit
à petit les filaments de feu se diluèrent dans la brume -l'incertitude-, un
embrasement (une incandescence) qui souleva le poids du ciel gris et laineux
jusqu'au zénith (point culminant) et le transforma en un million d'atomes d'un
bleu doux.
La surface de la mer devint lentement transparente et s'étala en ondulations et scintillements jusqu'à ce que les sombres rayures eussent été presque gommées.
Doucement le bras qui tenait la lampe la souleva de plus en plus haut jusqu'à ce que l'on distinguât une large flamme. Un arc de feu brûla à la frontière de l'horizon et tout autour de cet arc la mer flamboya d'or.
La lumière frappa les arbres dans le jardin rendant chaque feuille transparente. Un oiseau gazouilla assez/plutôt fort, puis il y eut une pause, puis un autre chanta dans les graves. Le soleil rendait les murs de la maisons plus vivants, plus vifs, puis il se posa sur le store blanc comme le bout d'un éventail et laissa une empreinte de doigt bleue comme une ombre sous la feuille près de la fenêtre de la chambre. Le store s'étira (se leva ? fut tiré ?) lentement mais tout l'intérieur était flou et sans substance. Les oiseaux chantèrent leur mélodie vide au dehors.
lundi 14 novembre 2022
Klasma du temps qui passe/ semaine 3 jour 7
9 octobre à 8h35 il me semble avoir été continuellement quelqu’un d’autre (Annie Ernaux in Cahier de l’Herne p21)
en suspens — peut-être un peu perdues — quelque part sans doute — des vies en apesanteur — flirtant avec les mots — s’écorchant sur les blancs de la page — se détachant des angles morts — par surprise — déposant quelques sédiments — ici ou là — expirant dans quelque recoin — sombrant encore et encore — dans un silence — intense — (9h12)
samedi 12 novembre 2022
Klasma du temps qui ne passe pas
Clouée à l'intérieur depuis une semaine par un Covid persistant, est-ce une raison pour oublier les traditions ? Novembre reste novembre, gris-souris, jours qui raccourcissent, brumes matinales et chrysanthèmes, volutes de fumée et coocooning, lenteur et presqu'ennui, pensées pour les copines absentes entre tisanes de thym et émissions animalières. Tout, rien, fatigue, les pas sont lourds, au matin mon peu d'énergie lui est dédiée, lui le roi kougelhof, roi des petits matins frisquets et des quatre heures gourmands.
Il est à vous dédié, de tout coeur, vous me manquez tellement par cette nuit tombante, mes ami(e)s d'écriture. 12/11 17h30
vendredi 11 novembre 2022
Interlude 1.2 Un bras levant une lampe
un bras levant une lampe - aveuglement
un monde vert rouge
jaune blanc
Tourmaline
des femmes alanguies
élégamment
sur la plage
écumante leurs fins souliers crissant
dans le creux du
lagon
sous le sable adoré
des visages éventés
des mines épouvantées
des flammèches des
fibres des lueurs tremblotantes
l'horizon translucide
haché condamné
le verre jusqu'à la
lie
silence crépitant
éclair Grenat déchirement
les nervures d'un
éventail brûlant
tous les sens
interdits en émerveillement
les bouches béantes
une explosion de
joie
un champignon
magique
et des Gerboises bleues
un spectacle assourdissant
unique
- qu'on ne voit
qu'une fois
un doigt sur l'interrupteur
du temps
(codicille : en miroir 103 mots comme pour la traduction, pas de ponctuation sauf tiret, rythme et allitérations)
· Petit à petit la ligne sombre à l'horizon s'éclaircit comme lorsque la lie se dépose au fond des vieilles bouteilles de vin et rend au verre sa translucidité verte, ou comme si le bras d'une femme allongée sous l'horizon levait une lampe et que des barres droites blanches, vertes et jaunes se déployaient à travers le ciel comme les nervures d'un éventail.
· Puis le bras leva la lampe plus haut et l'air devint fibreux, et se déchira de la surface verte en flammèches et lueurs tremblotantes aux fibres rouges et jaunes comme les flammes fumantes et crépitantes d'un feu de joie.
(Traduction deuxième fragment premier intermède : 103 mots)
Klasma du temps qui passe
Le voile fin du brouillard se lève derrière le « Grand Manteau »/ et se répand discrètement sur le village / éclairé par une douce lumière ensoleillée / dans un ciel apparemment sans nuages / ponctué par la verticale sombre des cyprès / le blanc-gris duveteux de fumées / quasiment immobiles / s’élèvent des toits des maisons encore habitées / pour rivaliser paresseusement avec les gris-perle environnants / Le village dort / de nombreux volets se sont clos pour longtemps / les arbres conservent encore quelques feuilles / plus de vignes folles à l’assaut des murailles / La journée sera tendre / lumineuse /
La froidure se prépare / le givre n’est pas
loin. (11/11 9h15)
jeudi 10 novembre 2022
à l'envi
à l’envi
l’éventail déplie ses lames d’ivoire
s’ouvrant autour de la rivure
voilant et dévoilant la vie de l’âme
qui se calfeutre devant derrière
en un jeu subtil de plis et de contre-plis
de brisures d’air et de renvois où
dans cette langue muette se lisent
des émotions comme si les émotions
comme des larmes devaient un peu se calfeutrer
Codicille: travail sur un détail de la traduction des Vagues ( premier interlude) de Virginia Woolf/ commencer par à ( lien avec mes autres klasmas)/ utilisation de la lexithèque/ pas de ponctuation/ pas de majuscule/ dix vers/ 60 mots/ recherche sur la notion de répétition
problème pour les commentaires
Il semble qu'il y ait un problème pour laisser des commentaires sous les articles et n'ai pas trouvé de solution!
mercredi 9 novembre 2022
7heures moins dix pendant ce temps : 18 octobre 2022
mardi 8 novembre 2022
Klasma du temps/ Semaine 3 jour 6
8 octobre à 9h45 marcher à mes côtés (Pierre Ménard sur une vidéo de Juliette Cortese dans vases communiquants du 7 octobre)
les pas s’enfoncent à l’extérieur – ils cherchent leur voix – ils essaient de l’ailleurs – d’autres lambeaux d’images – d’autres brisures de sons – d’autres épines où se piquer – sans savoir vers quel lieu – se diriger ou se perdre – dans une errance de pacotille – un entre-temps – aller peut-être quelque part – errer entre les mots – (17h12)
vendredi 4 novembre 2022
Klasma du temps qui passe/ Semaine 3 jour 2
4 octobre à 9h 11 Pousser le portail bleu / Celui des rêves/ En faire vie (Jean Diharsce sur Facebook)
à la recherche de la couleur du jour – ou même sans rien savoir de la recherche – pousser le portail – aller paisiblement – droit devant – ralentir – suivre un chemin – allant quelque part – n’importe où – dans l’épaisseur des heures – des intervalles aux métamorphoses – ou aux métaphores – et se laisser porter par le mouvement – (13h50)
jeudi 3 novembre 2022
Klasma du temps qui passe/ semaine 3 jour 1
3 octobre à 9h08 Qui regarde les autres sans comprendre, qui a peur, qui est triste quelquefois, qui ressent le besoin d’entrer en soi-même, ou de faire exploser le carcan ? (Antonin Crenn blog 29 septembre 2022) 9h17
pousser les yeux de l’intérieur – à la recherche des couleurs – de sons qui résonnent – d’une tonalité puissante – laisser le temps de la vibration – aux mots de se déposer – en creux – de se diffuser sous la peau – remonter de là – avec la délicatesse d’une coccinelle – les mots au bout des doigts – (13h15)
mardi 1 novembre 2022
Klasma du temps qui passe/ semaine 2 jour 6
1 octobre à 8h12 C’est ça, qui est venu, une possibilité que le texte soit là (Joachim Séné Remue.net)
attendre l’écoulement du jour – laisser les mots macérer – le soleil prolonger sa course – s’occuper à quelques tâches – le quotidien d’une vie – tourner les pages d’un livre – laisser passer le temps – regarder les oiseaux dans les arbres – espérer le passage des freux – patienter pour que montent les mots – en un abandon – ( 18h07)