Les visions se lient
et on lit les visions comme si quelque chose appelait, insistait derrière la vitre ou la paroi de l'esprit.
Un rien se faufile dans l'image, se glisse dans la matière de l'espace. Cela s'échappe, tranche dans le visible
détoure ce qui fera empreinte.
Mais tout est flou, incertain, tentant de se détacher d'un entre-deux du réel.
L'échelle de vision est à modifier pour s'approcher du bord du savoir,
basculer dans cet espace lacunaire là où peut-être
une illusion d'optique
une géologie de métamorphoses
une pensée qui repousse toute certitude dans le caniveau.
Un roitelet à triple bandeau est venu toquer à la vitre.
Regulus ignicapilla de son nom savant. Si petit, si léger. Il me gratifie de son chant, d'une suite rapide de notes aigües.
Il reste un long moment à tourbillonner entre arbres, buisson de roses et margelle de la fenêtre.
À nasiller, à babiller, à chevroter, à jaboter, à bafouiller, à chuchoter, à balbutier, à parler.
En suspension sur les lèvres, des mots flous se murmurent dont on ne saisit que l'urgence qu'ils ont à se libérer.
Ils passent au travers d'une coupe du visible.
Comme si dans un rêve
ou dans l'instant ultime, infime,
où tout bascule de la vie à la mort.
En hébreu le mot ayin, qui est aussi la lettre ci-dessus, la seizième de l'alphabet hébraïque, désigne à la fois l'œil et la source
comme si, à chaque fois que la paupière en se levant libérait la vision de l'œil,
le monde se recréait
et mettait en lumière ce qui était obscur.