D'un monde à l'autre
à lire l'écrivain
voyageur comme si on y était
"Je suis
follement visuel"
embarqués sous sa
plume et son œil d'oiseau migrateur
De ces voyages immobiles
à tourner les pages comme on battrait des ailes
De ces livres-cadeaux
tant aimés
qui font de nous
des "récits""piendaires"*
qui à notre tour
les offrons
et nous
rassemblent dans une sorte de confraternité du plaisir
De ce qui est caché
De ce qui reste
dans la marge
de ce qui semble
être mais est bien plus que ça
Des images à y
regarder à deux fois
Et l'arbre déploie
ses ramures à perte de vue
l'œil se perd
dans les bibliothèques
s'habitue aux tranches sur les rayonnages
ne comprend plus
à perte de sens dans un pays inconnu un paysage
sage à première vue
l'œil se sent
usurpé
ce ne sont pas des
livres
ce ne sont pas des
manuels de survie
ni des atlas ni
des cartes
ce sont des
données plus ou moins alimentaires
pas forcément
nourrissantes
Quel en est le
classement ?
pourquoi tant de
hauteur perdue sous plafond ?
Sous les branches
domptées à chaque nœud de l'arbre
une promesse de
fruit
un ancêtre
un paquet de café
le gros lot
l'œil regarde accommode
éprouve l'inconnu
Puis s'accommode
du rouge érodé des briques
de la géométrie
inhumaine de l'entrepôt
du menu proposé
"Faites rêver
vos invités dès la première bouchée"
*récits-piendaires : merci au lapsus d'oreilles de Solange
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V2 du 10
(Des images à y
regarder à deux fois)
Tous ces chemins
qui ne mènent qu'à Rome
surtout si on ne
veut pas y aller
Tous ces fleuves qui
mènent à la mer
quand on préfère
la montagne
Toutes ces données
codées dans les entrepôts amazoniques
dans la boue dans
la fange de la jungle googlelienne
dont un oeil émerge
parfois au-dessus de la vase
un troisième oeil
? un big brother ?
Une voix sourd d'entre
les pages
du manuel de
survie
mais le monde est
muet
liquéfié dans sa
glaise
les récits de
voyage immobiles ou lointains
l'oeil se perd, se
méprend, voit double
dans la mangrove
où se tissent
les racines aériennes
qui remontent à la source
les branches
arrivent au tronc plutôt que le contraire
Et dans des
bibliothèques calibrées
chaque produit mort
dans son étagère
de la nourriture
en briques
on nous prend pour
des poires dans nos espaliers
codebarrés indicés
qrcodés
et jamais ne
pouvoir cocher la bonne case
Comment se repérer
parmi tous ces mensonges
l'oeil crie, le
nez sature de pourriture glacée
"suis devenu
bizarrement allergique aux choses qui se décomposent trop vite"
Comme (un) Bouvier
traçant son sillon parmi des routes affreuses
On n'est plus sûr
que le dehors guérit
"On se sent inférieur
au voyage"
on est parfois las
d'aller voir là-bas si on y est
"Chaque jour
Je reçois de moi-même
Ce que l'usage est d'appeler de mauvaises
nouvelles...
Chaque aube
Dans la forêt que j'avais plantée
Je m'égare...
Chaque matin
Je me porte en terre
Mais je suis le seul à marcher derrière
moi" (Nicolas Bouvier)

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