lundi 2 juin 2025

10 V1 Des images à y regarder à deux fois (V2 en dessous)

 

 

 

 

 

 


 

 D'un monde à l'autre

à lire l'écrivain voyageur comme si on y était

"Je suis follement visuel"

embarqués sous sa plume et son œil d'oiseau migrateur

De ces voyages immobiles

à tourner les pages comme on battrait des ailes

De ces livres-cadeaux tant aimés

qui font de nous des "récits""piendaires"*

qui à notre tour les offrons

et nous rassemblent dans une sorte de confraternité du plaisir


De ce qui est caché

De ce qui reste dans la marge

de ce qui semble être mais est bien plus que ça

Des images à y regarder à deux fois

 

Et l'arbre déploie ses ramures à perte de vue

l'œil se perd dans les bibliothèques

s'habitue aux tranches sur les rayonnages

ne comprend plus

à perte de sens dans un pays inconnu un paysage 

sage à première vue

l'œil se sent usurpé

ce ne sont pas des livres

ce ne sont pas des manuels de survie

ni des atlas ni des cartes

ce sont des données plus ou moins alimentaires

pas forcément nourrissantes


Quel en est le classement ?

pourquoi tant de hauteur perdue sous plafond ?

 

Sous les branches domptées à chaque nœud de l'arbre

une promesse de fruit

un ancêtre

un paquet de café

le gros lot

 

l'œil regarde accommode éprouve l'inconnu

Puis s'accommode du rouge érodé des briques

de la géométrie inhumaine de l'entrepôt

du menu proposé

"Faites rêver vos invités dès la première bouchée"


*récits-piendaires : merci au lapsus d'oreilles de Solange

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V2 du 10

(Des images à y regarder à deux fois)

 Comment choisir sa route parmi tous ces méandres ?

Tous ces chemins qui ne mènent qu'à Rome

surtout si on ne veut pas y aller

Tous ces fleuves qui mènent à la mer

quand on préfère la montagne

Toutes ces données codées dans les entrepôts amazoniques

dans la boue dans la fange de la jungle googlelienne

dont un oeil émerge parfois au-dessus de la vase

un troisième oeil ? un big brother ?

Une voix sourd d'entre les pages

du manuel de survie

mais le monde est muet

liquéfié dans sa glaise

les récits de voyage immobiles ou lointains

l'oeil se perd, se méprend, voit double

dans la mangrove où se tissent

les racines aériennes qui remontent à la source

les branches arrivent au tronc plutôt que le contraire

Et dans des bibliothèques calibrées

chaque produit mort dans son étagère

de la nourriture en briques

on nous prend pour des poires dans nos espaliers

codebarrés indicés qrcodés

et jamais ne pouvoir cocher la bonne case

 

Comment se repérer parmi tous ces mensonges

l'oeil crie, le nez sature de pourriture glacée

"suis devenu bizarrement allergique aux choses qui se décomposent trop vite"

Comme (un) Bouvier traçant son sillon parmi des routes affreuses

On n'est plus sûr que le dehors guérit

"On se sent inférieur au voyage"

 

on est parfois las d'aller voir là-bas si on y est

 

 

"Chaque jour

Je reçois de moi-même

Ce que l'usage est d'appeler de mauvaises nouvelles...

Chaque aube

Dans la forêt que j'avais plantée

Je m'égare...

Chaque matin

Je me porte en terre

Mais je suis le seul à marcher derrière moi" (Nicolas Bouvier)


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