dans l’entre-deux des lèvres se décline la langue
la parole parabole résonne entre deux rives
le mot hébreu safa a le triple sens
de lèvre de langue et de rive
alors voguent les mots
d’une lèvre à l’autre
d’une rive vers l’autre
d’une langue à l’autre
entre les montagnes une vallée à traverser
dans la co-errance d’un crabe
d’une image en métaphore et en naissance d’images
on chemine pour traduire une lance à la main
on trébuche parfois
on lutte avec le contre-sens
sous un regard protecteur
traduire vient du latin traducere
trans :à travers, ducere : conduire, mener
cela veut donc dire faire passer, faire traverser
d’une langue à une autre porter vers un au-delà du vouloir dire
ne pas cesser de vivifier
la résonance d’un dire
rendre compte du chaos du discours
extraire les pépites du dessous des mots, leurs ailes de lumière
qui parsèment les pages du livre
mais aussi les aléas de la perte au gré du passage
lors de la fuite de mots
et traduire c’est aussi trahir on le sait
comme sur le tronc de l’arbre les écorces s’ajustent se grisent ou se colorent
la traduction effectue une traversée, tangue du point de départ à l’arrivée
s’essaie à un tableau impressionniste entre rythme, sens, transmission et réincarnation, à une polyphonie sur la peau de la page
comme sur les tableaux il faut combler les lacunes et recoller les écailles qui se sont mises à jour
les doigts bien serrés sur la corde des mots assister à une métamorphose
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