vendredi 16 mai 2014

Cadavre délicieux



Je n'ai pas peur de me disputer avec les gens, il y a le souvenir de ton odeur, de longues mains fines posées sur des genoux, des tremblements de mots doux échangés, j'aime beaucoup me souvenir et j'ai peur des fantômes la nuit, une plume noire, des cheveux bruns qui virevoltent à la proue du bateau, ton teint pâle, ta voix, surtout ta voix, j'ai plusieurs fois mis fin à des histoires d'amour, le vent qui balaie tout à La Cotonne, de grandes branches de cèdres qui ondulent doucement, la Loire qui brille au soleil et tout là-haut le château de Saint-Paul en Cornillon qui se découpe sur le ciel, la nuit j'aime entendre craquer la forêt ou couler le torrent,  des sirènes qui déchirent l'air, un puits profond, de la mousse tendre et quelques champignons, ton odeur qui revient encore et le présent qui veut la chasser, des etc... à la pelle, j'aimerais tellement qu'il n'y ait que des jours réussis, un coup de fil, une voix inconnue, l'Isère, Vienne et le chemin de Seigne, je fais souvent des listes et puis je m'y attaque, des paroles incompréhensibles, une glycine qui se balance, une odeur de poisson, des plantes partout, une demande de rendez-vous, parfois je me recroqueville dans ma coquille pour me reconstruire, des cachets, du soleil, une paire d'éléphants, un gros homme bedonnant et sympathique sur son lit d'hôpital, une odeur de brûlé, j'aime tricoter, bricoler, jardiner, lire mais je n'aime pas coudre, des marguerites, un pot à eau, une grande table de bois et plein de gens autour, des coccinelles et une antenne de télévision, j'ai toujours été fascinée par les nuages, des oeillets de poète, du jasmin, de la verveine en bouquet, ma cousine Josette, la rivière Roubion, j'aime caresser ma chatte qui ronronne et qui bave, un arrosage automatique, de grosses pierres rondes sur la terrasse, un feu de cheminée, toute une ribambelle de petits gamins nus et noirs, j'aime paresser au soleil et qu'il fasse si chaud que je ne puisse même pas bouger un seul doigt, un type qui insiste, une montre à goussets, des boucles d'oreilles avec deux boutons oranges, un énorme bouquet de lilas odorant, une envie de partir loin d'ici, j'aime attacher mes rosiers.

2 commentaires:

Ange-gabrielle a dit…

Accrochez-vous, je crains qu'il n'y en ait d'autres, c'est trop agréable à écrire

Lìn a dit…

très très sensuel ce texte !!! youpi ! tout en odeur, sens, toucher, habileté, lâcher prise...