vendredi 16 mai 2014

ceci est mon antibiographie

Ceci est mon antibiographie
  Il y a un HLM des wc sur les paliers des usines des rues grises je suis née il y a près d’un siècle et c’est un peu la réalité du temps qui passe des déjeuners au café au lait brioches et lait concentré je suis née femelle et à l’endroit repas le soir préparé pour le père des sceaux d’eau lancés d’un balcon des mobylettes une cour de récréation J’étais dans une famille privilégiée  vivant dans une grande maison avec des animaux et deux jardins 
  il y a le goût de la craie l’odeur de la cire le crissement du stylo spécial ardoises le vomi après la prise du biberon j’étais la cadette des filles et la troisième d’une fratrie de cinq des doigts de main des ongles trop durs du far à paupière rose mes parents étaient très amoureux 
  il y a des jardins publics des carcasses de voitures des vitres cassées j’avais l’estime de soi qui rend beau des balles des élastiques des cris un vélo  j’étais entourée et aimée de plein d’amies de copains de cousins  des frères du père une communion l’Ostie qui colle sur la langue une robe blanche un panty des genoux cabossés le silence notre mère avait une immense fierté pour ses filles  
  il y a une télévision qui ronronne des discussions politiques une camionnette qui vend des glaces nous partions souvent en  vacances un avorton des cigarettes pas de téléphone la passerelle à l’école j’osais prendre la parole poésies apprises par cœur l’angoisse des notes des exercices stupides un professeur de danse narcissique j’ai appris le piano 
  il y a des myosotis une 2Cv du nougat du chocolat le tournis je n’ai jamais voulu faire du cheval ni sauter en parachute des vols dans les sous-sols des chauve-souris des chats sauvages du rock and roll des chaussettes à l’étendage je n’ai pas eu besoin de travailler le Maroc la mer les plats de la grand-mère ma tante disait toujours que si des choses ne tournent pas rond c’est que leur destin est d’être carrées la piscine la rue Loti le marché un pont des petites maisons une Muraille de chine j’ai toujours été riche
  il y a l’argent la créativité l’amour la reconnaissance la santé amen les stéréotypes les préjugés  tenir les murs un portail rouge une ciao des manifestations de lycéens je vis maintenant dans  une petite maison entourée de dépendances  et d’une immense roseraie 
  il y a des rires des faux-semblants des tordus un bulldog je change d’hommes comme de robes de la force des livres une troupe de théâtre des partis politiques du kir et je me dis qu’il est temps d’arrêter antidote Antigone anti-pasta antidépresseur antirouille anticonstitutionnellement anti-crevaison antisèche antique anti-âge antinomie antisystème antivirus antilope antiquité anticipation Antioche antibiotique antichambre antibrouillard antibactérien anti chute de fin


2 commentaires:

Ange-gabrielle a dit…

On peut lire aussi ton texte "en creux" ... en tout cas, le résultat de cette consigne est superbe

MarieBipe REDON a dit…

et on peut aussi le lire en bosses puisque de toute façon c'est une antibio
super intéressant. Mais je pense que ça gagnerait au niveau de la forme à être en bloc plutôt qu'en haché (décidément un coup je veux du haché, un coup je veux du bloc, pénible celle-ci !) sinon le bleu saute trop aux yeux et on passe sur le noir qui a bien à dire aussi