dimanche 31 janvier 2021

31 janvier

 

 

Dernier jour de janvier : ciel d'été

des couples piquent-niquent sur un banc

une jeune femme lit dehors au soleil

seraient-ce les prémisses d'un printemps ?

jeudi 28 janvier 2021

Retour en pays d'enfance

 En ce petit matin encore tout sombre, de retour dans notre vieille maison, aux gros murs, dans le petit village de Bourdeaux, face aux vieux village (Viale) et au beffroi, assise près du poêle qui ronfle, les sons et les gestes dans lesquels je baigne sont les mêmes que ceux de mon enfance. Je suis dans un cocon de bien-être, et de sécurité, un cerneau de noix dans sa coque.

La chatte s'étire, les mêmes gestes ancestraux, chercher du bois, se vêtir d'un gros pull de laine car la maison n'est pas chaude en cette saison, aller au petit marché, préparer amoureusement un plat au four : une couche de patates, une de champignons, j'alterne en chantonnant, je recouvre le tout de crème, tout va mijoter plusieurs heures au four, des livres attendent, quelques rangs de tricot ... l'après-midi le soleil est rarement absent, c'est l'heure de la balade. Des paysages chaque heure changeants, la rivière, les montagnes, les champs vert-clair du blé naissant, les sillons marrons de ceux fraîchement labourés, les sommets enneigés … 

Que peut-il bien manquer ? Chaque jour, une immense gratitude m'emplit, chaque jour se suffit, me suffit et me comble.

 



 

vendredi 15 janvier 2021

Collage avec Lapouge et Hugo

quand l’obscur demeure

un pli de paysage

le bout des choses

une Terre au large

les mots créent une géographie

comme une torche qu'ils secouent

ils nomment et l'obscur s'illumine

des ombres que lui jettent

les choses qui seront un jour

 

Gilles Lapouge et Nicolas Bouvier : "Parfois la défaillance du langage"

 



Un paysage si beau

Un paysage qui déborde tout vocabulaire

Une terre, solitaire, dédaigneuse, intouchée,

Une Terre au large de toute géographie.




jeudi 14 janvier 2021

Collage avec Lapouge et les matériaux : L'obscur s'illumine

L'obscur s'illumine / la mine d’un crayon le badigeonne

le verre est transparent

Mais Les mots ne ramènent aucun gibier

nos habitats intelligents comme une lame de rasoir

une tasse de thé / mille anecdotes / bien des mystères

Une Terre innommable

Succès mondial / Passion du papier journal

un paysage si beau qu'on n'arrive pas à lui mettre des mots dessus

l’histoire insoupçonnée du plastique / l’apparition des alliages

le vrai bout des choses entièrement constituée de diamant /

dans une planète cinq fois plus grande que la Terre

Le béton qui nous abrite précède et achève toute géographie


mercredi 13 janvier 2021

La légende de la géographie : nouvelle publication pour consigne et un autre en dessous qui n'a rien à voir

 

La légende de la géographie (1)

"Je nomme et l'obscur s'illumine. Les mots créent le territoire, le badigeonnent, le fixent, l'immobilisent, le fourrent dans une géographie. Il arrive qu'ils soient dépassés par les événements et que l'obscur demeure car toute terre, au fond, est innommable. Le plus vaillant des écrivains voyageurs, Nicolas Bouvier, enrage quand il rencontre un paysage si beau qu'il n'arrive pas à lui mettre des mots dessus. Un paysage qui déborde tout vocabulaire. Bouvier essaie et il essaie encore. Il rate. Une couleur, un pli de paysage le narguent. Les mots ne ramènent aucun gibier. Nicolas Bouvier est énervé. Il rage. Parfois, j'ai l'impression qu'au fond de sa colère, il y a comme de la jubilation : il a la conviction d'avoir atteint le bout des choses, non pas le bout de la route ou la dernière station de chemin de fer, [...]Ce que Bouvier a trouvé, c'est le vrai bout des choses, le point où règne la Terre, solitaire, dédaigneuse, intouchée, une Terre qui demeure inviolée. Une Terre qui précède et qui achève toute géographie. Une Terre au large de toute géographie, non par ce qu'il est difficile d'y atteindre mais parce que le langage défaille à son approche. Une Terre qu'aucun dictionnaire, et par conséquent aucune mappemonde ne peut désigner. Le Graal du géographe, de l'écrivain."

Pourquoi le verre est-il transparent? Pourquoi un trombone en métal se plie-t-il alors qu’une lame de rasoir est tranchante? Pourquoi une tasse de thé, la mine d’un crayon ou une semelle de basket ont-ils l’aspect qu’on leur connaît et se comportent-ils comme ils le font? Nous avons créé les matériaux qui nous entourent et n’y prêtons guère attention. Ils recèlent pourtant bien des mystères et ont beaucoup à nous apprendre.
Avec passion et humour, Mark Miodownik dresse le portrait intime de dix d’entre eux et révèle leurs secrets à travers mille anecdotes. On découvre ainsi l’histoire insoupçonnée du plastique de nos appareils ménagers, du papier journal de nos petits matins et du béton qui nous abrite. Saviez-vous que l’apparition des alliages a changé l’histoire de l’humanité? Qu’une planète cinq fois plus grande que la Terre est entièrement constituée de diamant? Que le graphène, le matériau le plus fin et le plus solide qui existe, rendra un jour nos habitats intelligents?
Dans La vie secrète des matériaux, Mark Miodownik dévoile un quotidien bien moins banal qu’il n’y paraît!
Succès mondial traduit en vingt-deux langues, La vie secrète des matériaux a reçu le Prix du livre de sciences décerné par la Royal Society of London.

mardi 12 janvier 2021

Collage avec Victor Hugo 2

Chanteur inutile

On le raille

Homme des utopies

Il est doux comme une femme à son âme

Comme aux forêts

Comme une torche qu'il secoue


Tout ce qui couvre le monde

Ce que la foule n'entend pas

 

Des ombres que lui jettent

pour feuillage l'avenir

 

Les pieds ici

Les choses Dans sa main


 en silence

 il pense

lundi 11 janvier 2021

La fonction du poète

La Fonction du poète

Dieu le veut, dans les temps contraires,
Chacun travaille et chacun sert.
Malheur à qui dit à ses frères :
Je retourne dans le désert !
Malheur à qui prend ses sandales
Quand les haines et les scandales
Tourmentent le peuple agité !
Honte au penseur qui se mutile
Et s'en va, chanteur inutile,
Par la porte de la cité !

Le poète en des jours impies
Vient préparer des jours meilleurs.
ll est l'homme des utopies,
Les pieds ici, les yeux ailleurs.
C'est lui qui sur toutes les têtes,
En tout temps, pareil aux prophètes,
Dans sa main, où tout peut tenir,
Doit, qu'on l'insulte ou qu'on le loue,
Comme une torche qu'il secoue,
Faire flamboyer l'avenir !

Il voit, quand les peuples végètent !
Ses rêves, toujours pleins d'amour,
Sont faits des ombres que lui jettent
Les choses qui seront un jour.
On le raille. Qu'importe ! il pense.
Plus d'une âme inscrit en silence
Ce que la foule n'entend pas.
Il plaint ses contempteurs frivoles ;
Et maint faux sage à ses paroles
Rit tout haut et songe tout bas !

Peuples ! écoutez le poète !
Ecoutez le rêveur sacré !
Dans votre nuit, sans lui complète,
Lui seul a le front éclairé.
Des temps futurs perçant les ombres,
Lui seul distingue en leurs flancs sombres
Le germe qui n'est pas éclos.
Homme, il est doux comme une femme.
Dieu parle à voix basse à son âme
Comme aux forêts et comme aux flots.

C'est lui qui, malgré les épines,
L'envie et la dérision,
Marche, courbé dans vos ruines,
Ramassant la tradition.
De la tradition féconde
Sort tout ce qui couvre le monde,
Tout ce que le ciel peut bénir.
Toute idée, humaine ou divine,
Qui prend le passé pour racine,
A pour feuillage l'avenir.

Il rayonne ! il jette sa flamme
Sur l'éternelle vérité !
Il la fait resplendir pour l'âme
D'une merveilleuse clarté.
Il inonde de sa lumière
Ville et désert, Louvre et chaumière,
Et les plaines et les hauteurs ;
A tous d'en haut il la dévoile ;
Car la poésie est l'étoile
Qui mène à Dieu rois et pasteurs !


Victor Hugo, Les Rayons et les ombres
 

                                                     

Collage avec Victor Hugo

perçant les ombres

malgré les épines

le passé pour racine

la poésie pour étoile

dimanche 10 janvier 2021

Balade du Font de Bine


 

 

Le long du ruisseau, des tréteaux sont dressés

nappes blanches, rires qui fusent,

on trinque, on s'interpelle, les enfants courent,

aujourd'hui encore leur joie jaillit du ruisseau

vendredi 8 janvier 2021

Balade de Fondoresse


 

Recroquevillé sur lui-même, pour se protéger du froid

le gite conserve les vestiges de la nuit.

Vu d'ici, de la route

je pourrai le saisir dans le creux de ma main.

jeudi 7 janvier 2021

Le ciel avait un sourire rose et tendre (vu hier soir et écrit avec vos mots à vous)

 



La main tendue de nuit

affamée de lumière, de frisson d'aile

toute en fragilité lucide et apaisée

paraissait sourdre d'un silence.



L'éphémère presque éteint

sa robe est devenu le jaspe et le rubis

en ce lieu comme une source

la nuit frileuse accroche ses serments.



Folles tendresses cachées du jour

vagabondant au sein des songes

les gouttes de mauve et de violine

avant la respiration de la nuit.







mercredi 6 janvier 2021

entre bruissements et chuchotis

Le givre cligne aux fenêtres

j'ouvre mes volets

fourreau de silence

promesse de rêves infinis

Un frisson coloré glisse le long des paupières

des 

ah ! 

et des 

oh !

ruban de mots

face à l'immensité du ciel

 l'espace s'ouvre

 

Larry TREMBLAY

"Que l’année nouvelle s’ouvre comme un livre à la page de la lucidité, de l’intelligence généreuse qui a la forme d’un cœur qui pense. Que l’année nouvelle s’ouvre sur de nouveaux chapitres écrits dans le respect des forêts qui réfléchissent debout à longueur de jour, des rivières qui s’étirent jusqu’à la dernière goutte, de la neige qui rêve sans dormir. Que l’année nouvelle ne nous fasse pas perdre la mémoire, encore moins la tête et qu’elle agrandisse notre vision jusqu’à accueillir l’horizon au sein de nos questions et dans le tumulte de nos réponses. Que l’année nouvelle ne soit pas qu’un chiffre fatigué qui s’entasse sur des étagères pleines à craquer d’objets inutiles et luxueux.
Paix et santé."

j'aime beaucoup les forêts qui réfléchissent debout, les rivières qui s'étirent jusqu'à la dernière goutte et la neige qui rêve sans dormir.

mardi 5 janvier 2021

hommage à mes amies

 Voilà, j'ai pris vos mots et j'en ai fait des colliers pour vous


Si peu de jours rougeoyante

face à l'immensité du ciel

éphémère

quelle langue se glisse dans notre voix

?

 

 *

Gangue de givre, fourreau de silence

Pinceaux d'arbres, champs de soie

lassitudes écrasantes

clairières-berceaux

 *

le mot « recueillement » monte aux lèvres

les douces courbes des méandres

On voudrait pouvoir voler

là où l’on sait la faille

 *

Du ciel, rien que du ciel

Tant de temps, tant de chemins, tant de vies

bien à l'abri sous les ruines de ses châteaux

eaux froissées comme tissus

 *

Au sommet les prémisses

teintes délicates d'un autre siècle

Les branches
écoutent le ciel

Dansent leurs bras échevelés

 *

Le prestige d’un ciel d’été

l'âme épouse les courbes

Couronne traditionnelle de sapin frais

Mon corps un jour reposera

face à l'immensité du ciel

Jardins, paradis perdus

miroir de mes turbulences

 *

le cerf a bramé

plumes et plomb, endosser les routines

promesse d'une nuit paisible

 *


se replier apaisé dans les plis

lumières-lucioles

vitres-caillebotis

Point de défeuillaison annoncée

*

 

 

Nicolas Bouvier le retour

 si jamais ça pouvait faire venir Michelangelo... 



Balade de ma fenêtre (3)

 



8h, j'ouvre mes volets : il a neigé cette nuit.

Coiffée d'un bonnet, en chemise de nuit

j'ai capté le village endormi

en guise de petit déjeuner.

DEBOUT / 5. UN AUTRE HIVER.

Le blanc infini déroule ses reflets d'albâtre et le sol de marquetterie tempéré exalte le froid qui sourd. Le givre cligne aux fenêtres. La redingote des tilleuls les habille d'un manteau-goutelettes, attache la lumière feu-follet signe d'un temps fugace, bouquet de fleurs irrisées. Flotte dans l'air un parfum tendre neige intemporelle. Quelques flocons volètent, danse subtile impermanente. Leur lente dérivation imagine un itinéraire sinueux. Chute fatale atténuée sur un tapis de brume. Lit-baldaquin de l'hiver installé.