Dernier jour de janvier : ciel d'été
des couples piquent-niquent sur un banc
une jeune femme lit dehors au soleil
seraient-ce les prémisses d'un printemps ?
Dernier jour de janvier : ciel d'été
des couples piquent-niquent sur un banc
une jeune femme lit dehors au soleil
seraient-ce les prémisses d'un printemps ?
En ce petit matin encore tout sombre, de retour dans notre vieille maison, aux gros murs, dans le petit village de Bourdeaux, face aux vieux village (Viale) et au beffroi, assise près du poêle qui ronfle, les sons et les gestes dans lesquels je baigne sont les mêmes que ceux de mon enfance. Je suis dans un cocon de bien-être, et de sécurité, un cerneau de noix dans sa coque.
La chatte s'étire, les mêmes gestes ancestraux, chercher du bois, se vêtir d'un gros pull de laine car la maison n'est pas chaude en cette saison, aller au petit marché, préparer amoureusement un plat au four : une couche de patates, une de champignons, j'alterne en chantonnant, je recouvre le tout de crème, tout va mijoter plusieurs heures au four, des livres attendent, quelques rangs de tricot ... l'après-midi le soleil est rarement absent, c'est l'heure de la balade. Des paysages chaque heure changeants, la rivière, les montagnes, les champs vert-clair du blé naissant, les sillons marrons de ceux fraîchement labourés, les sommets enneigés …
Que peut-il bien manquer ? Chaque jour, une immense gratitude m'emplit, chaque jour se suffit, me suffit et me comble.
quand l’obscur demeure
un pli de paysage
le bout des choses
une Terre au large
les mots créent une géographie
comme une torche qu'ils secouent
ils nomment et l'obscur s'illumine
des ombres que lui jettent
les choses qui seront un jour
Un paysage si beau
Un paysage qui déborde tout vocabulaire
Une terre, solitaire, dédaigneuse, intouchée,
Une Terre au large de toute géographie.
L'obscur s'illumine / la mine d’un crayon le badigeonne
le verre est transparent
Mais Les mots ne ramènent aucun gibier
nos habitats intelligents comme une lame de rasoir
une tasse de thé / mille anecdotes / bien
des mystères
Une Terre innommable
Succès mondial / Passion du papier journal
un paysage si beau qu'on n'arrive pas à lui mettre des mots dessus
l’histoire insoupçonnée du
plastique / l’apparition des alliages
le vrai bout des choses entièrement constituée de diamant /
dans une planète cinq fois plus grande que la Terre
Le béton qui nous abrite précède et achève toute
géographie
Chanteur inutile
On le raille
Homme des utopies
Il est doux comme une femme à son âme
Comme aux forêts
Comme une torche qu'il secoue
Tout ce qui couvre le monde
Ce que la foule n'entend pas
Des ombres que lui jettent
pour feuillage l'avenir
Les pieds ici
Les choses Dans sa main
il pense
perçant les ombres
malgré les épines
le passé pour racine
la poésie pour étoile
Le long du ruisseau, des tréteaux sont dressés
nappes blanches, rires qui fusent,
on trinque, on s'interpelle, les enfants courent,
aujourd'hui encore leur joie jaillit du ruisseau
Recroquevillé sur lui-même, pour se protéger du froid
le gite conserve les vestiges de la nuit.
Vu d'ici, de la route
je pourrai le saisir dans le creux de ma main.
La main tendue de nuit
affamée de lumière, de frisson d'aile
toute en fragilité lucide et apaisée
paraissait sourdre d'un silence.
sa robe est devenu le jaspe et le rubis
en ce lieu comme une source
la nuit frileuse accroche ses serments.
Folles tendresses cachées du jour
vagabondant au sein des songes
les gouttes de mauve et de violine
avant la respiration de la nuit.
Le givre cligne aux fenêtres
j'ouvre mes volets
fourreau de silence
promesse de rêves infinis
Un frisson coloré glisse le long des paupières
des
ah !
et des
oh !
ruban de mots
face à l'immensité du ciel
l'espace s'ouvre
Voilà, j'ai pris vos mots et j'en ai fait des colliers pour vous
Si
peu de jours rougeoyante
face
à l'immensité du ciel
éphémère
quelle langue se glisse dans notre
voix
?
Gangue de givre, fourreau
de silence
Pinceaux d'arbres,
champs de soie
lassitudes écrasantes
clairières-berceaux
*
le mot
« recueillement » monte aux lèvres
les douces courbes
des méandres
On voudrait pouvoir voler
là où l’on
sait la faille
*
Du
ciel, rien que du ciel
Tant de temps, tant
de chemins, tant de vies
bien
à l'abri sous les ruines de ses châteaux
eaux froissées
comme tissus
*
Au
sommet les prémisses
teintes délicates
d'un autre siècle
Les branches
écoutent le ciel
Dansent leurs bras échevelés
Le prestige
d’un ciel d’été
l'âme
épouse les courbes
Couronne
traditionnelle de sapin frais
Mon corps un jour reposera
face à l'immensité
du ciel
Jardins, paradis
perdus
miroir de mes turbulences
*
le cerf a
bramé
plumes et
plomb, endosser les routines
promesse d'une nuit paisible
se replier apaisé dans les plis
lumières-lucioles
vitres-caillebotis
Point de défeuillaison annoncée
*
8h, j'ouvre mes volets : il a neigé cette nuit.
Coiffée d'un bonnet, en chemise de nuit
j'ai capté le village endormi
en guise de petit déjeuner.
A la levée du brouillard, les arbres
dans leur gangue de givre, leur fourreau de silence.
L'esprit s'éveille émerveillé,
aussi translucide que le givre.