dimanche 3 avril 2022

à genoux

à

genoux

sur les échardes

en une lumière rasante

les outils dans les mains qui

raclent rabotent dégauchissent

et abandonnent ce qui fera copeaux

morceaux noués de mille nœuds comme

ces échardes instillées dans le cœur et le trou

noir des souvenirs – ces copeaux images captives

d’un instant et qui semblent se taire dans l’image – ils

ne sont que silence suspendu dans une présence absence

bientôt faisant partie des déchets comme des pierres tombées

dans l’eau du temps qui passe – dans la césure du regard qui se

fige l’image sort du temps et se love dans le creux d’un horizon d’être

où ces copeaux de sens petites sautes d’intensité ces fragments de soi

esseulés ont cette capacité de capter l’attention d’arrêter le flux du temps

dans cet angle d’incidence insolite où tout se défait tout s’écaille à frise lumière


                                                           

Gustave Caillebotte
Raboteurs de parquet
en 1875
huile sur toile
H. 102,0 ; L. 147,0 cm. 
© Musée d’Orsay

                                                        

4 commentaires:

Linette a dit…

"comme ces échardes instillées dans le coeur...dans la césure du regard qui se fige..." j'aime beaucoup. On s'approche sans faire de bruit surtout pour ne pas déranger le temps.

Ange-gabrielle a dit…

Texte magnifique. Moi, ce qui attire mon oeil dans ce tableau ce sont les regards croisés de ces 2 hommes : Qu'échangent-ils ? Regards ? efforts ? Sueurs ? Paroles ? Encouragements ?

Lìn a dit…

oh dis donc, est-ce que tu as voulu "raper" au sens du rap ? je suis en train de "chanter" (enfin de raper) tes mots, et ça marche !!! trop chouette

Laura-Solange a dit…

Oh la la je fais du rap sans le savoir, trop bien!!!