Le
texte s'ouvre sur des secrets, sur un portrait métaphore. La métaphore de la
connaissance et de la reconnaissance. Entendre pour la première fois et ne pas
en croire ses oreilles. Et moi la re-découvrir et ne pas en croire en mes
yeux.
Harold
Whittles ouvre les siens, presque effrayé, devant ce miracle en même temps qu'il nous
est révélé, car le photographe a anticipé l'image ; il a appuyé sur le
déclencheur de lumière au moment précis où l'enfant de 5 ans sourd de naissance,
entend pour la première fois.
Harold
c'est moi lisant Le Coeur ne cède pas, suivant l'auteur dans les méandres de
son enquête à la recherche du journal d'agonie de Marcelle Pichon, moi qui n'en
crois pas mes yeux de ces phrases qui m'enchaînent et font écho à mon histoire,
pas mon histoire de sourde, pas mon histoire de femme qui se laisse mourir de
faim, mon histoire nourrie d'une faim insatiable, de coïncidences, de synchronismes.
Cette photo comme un signe de celui qui me l'avait montrée pour la première
fois et l'avait mise en vitrine, celui dont j'ai accompagné l'agonie. Celui
dont la Grand-mère, celui...
Scène de liesse. Cette photo retrouvée par hasard 40 ans plus tard sur le mur de crime du site web qui prolonge le livre et ne correspond à rien dans l'histoire. Alors j'écris à l'auteur pour lui demander ce qu'elle fait là, et nous correspondons un temps. Il m'explique que c'est vrai elle ne correspond à rien si ce n'est à l'enfance, si ce n'est qu'elle est sur son bureau depuis 20 ans. Nous correspondons jusqu'au jour où je ne corresponds plus. Quelque part, le coeur a cédé, quelque part du côté d'une poésie non partagée. Un malentendu, un mauvais appareillage.
Alors
je mets dans mon sac une photo de mon enfant qui vient de naître et dort contre
moi, et je retrouve celle-ci où grande jeune ado avec des bagues sur les
dents, elle tient ce gros coeur blanc entre ses mains. "Mon P'tit Coeur" je
l'appelle. Celui-ci non plus ne cède pas.
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