vendredi 1 juin 2012

chemin des ânes


 Le chemin des ânes s’invente entre le four à pain et le bassin des lavandières, il fuit le village, courre le guilledou durant 8 kms,  salue la madone yoyotant de la touffe dans  sa boîte  grillagée remplie par les prières contradictoires des marcheurs. Marcher. Patiner sur les cailloux glissants. Pendant que certains randonneurs se taisent rêvant à leurs secrets ou conjurant leurs démons, d’autres s’épuisent en vaines conversations. 
Le chemin s’enlise dans les pierriers, vaguement balisé par les cairns se devinant au creux des buissons. La montagne ne fait pas silence. Elle crisse,  tambourine à chaque détachement de rocher.
Le chemin des ânes se hisse tel un cou de girafe et les pas prennent la clé des champs avec entorses et fêlures, crachas et essoufflements. Ca sent l’arnica sur le chemin des ânes. A l’imitation d’un bêlement, par un promeneur zélé, les brebis rompent leur belle hiérarchie, et la prairie se peint de mille tâches blanchâtres et grises. Pourtant, lors des messes, le curé avait loué les moutons bénis par son dieu.
Le chemin des ânes débouche sur un lac violet, où se reflète la carte des sommets repliée dans le guide touristique. Mais l’orage arrive. Il faut redescendre ou se cacher sous un arbre, heurs !  Il n’y en a pas.
Le chemin des ânes se fait patinoire, les corps tombent, s’emmêlent au milieu du carnage des bêtes à laine dont l’affolement a attiré la foudre. 
Au bout du chemin, les chèvres et les ânes arrivent au refuge, ayant coupé à travers la prairie. Bêtes  perdues pour l'esprit sain, mais en vie. 

1 commentaire:

natô a dit…

j'aime beaucoup !
tes mots m'embraquent dans de beaux souvenirs verts...