la lumière que l'on va chercher
dans les bruissements d'ombre
se glisse comme un murmure
mercredi 29 janvier 2014
mardi 28 janvier 2014
ma lumière aujourd'hui
Aujourd'hui, ma lumière
c'est le sourire de ma Dianette, à l'aéroport, partant pour Istanbul, faire sa vie. Elle porte le pull vert sapin que je lui ai tricoté, et autour de ses joues et des miennes, toute l'affection en provision. Elle doit ce matin se réveiller dans la lumière du Bosphore, et moi, ma lumière ce sont les draps de couleur qui retrouvent une nouvelle vie après avoir emballé des miroirs, étendus dehors dans cette nuit qui ne semblait pas deviner la neige. Bien sûr ils n'ont pas séché, mais ils volètent pimpants, roses, oranges, vert d'eau, dans l'air du jardin mi blanc mi vert. et moi aussi.
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quelle lumière ?
Quelle lumière ?
Ce serait une lumière de crépuscule : une soudaine illumination, un irréel embrasement suivis d'une longue caresse de pinceau, douce à chavirer dans la nuit.
Quelle lumière ? (2)
Celle-ci commence dans un brouillard. Lentement la lumière monte de la terre ...
... écarte les nuages, ...
... se cache derrière un rideau d'arbres avant de faire scintiller la terre.
ma lumière d'il y a 3 jours
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lundi 27 janvier 2014
Les conséquences de prendre la route le matin
Avec beaucoup de retard, mais toujours avec vous
Je hais devoir prendre la
route le matin. D'abord, parce que justement ce jour-là, j'aurais
aimé traîner au lit, dormir longtemps, trop, jusqu'à me lever bien
après que le soleil soit déjà haut dans le ciel. C'est ce matin-là
qu'il me fallait pour, enfin, récupérer totalement.
La seconde et principale
raison est que je dois, à peine réveillée, me faufiler dans le
trafic, trouver la bonne voie, anticiper, m'enfiler dans le tunnel
sans me faire emboutir par l'arrière ou sur l'aile gauche, freiner,
m'arrêter au feu qui passe au rouge juste quand j'arrive, me faire
klaxonner. Tout mon corps, encore tiède du lit et mon esprit
empreint de rêves et de torpeur est contraint à devenir machine,
machine à calculer, à anticiper, à gérer, tout en moi se
rigidifie, je deviens rouages mécaniques et électroniques. La
totalité du peu d'énergie disponible en moi à ces heures-là
sombre, engloutie par ce pilotage nécessitant les plus puissants
calculs. Le tableau de bord et la route m'aspirent, surveiller,
vérifier, contrôler, rétroviseurs extérieurs, intérieur et, là
à droite, un camion déboule, je me rue dans la file centrale, les
freins du véhicule à ma droite hurlent, son conducteur klaxonne et
se vrille la tempe de l'index gauche, grimace et vocifère par la
fenêtre. Ahurie, je poursuis ma course folle, le corps disloqué, je
ne suis plus que roues dentelées, cliquetis, frottements. Devenue
mécanique, l'esprit vide de toute pensée, peu à peu je prends
place dans le trafic, ne suis plus que ce conducteur. Seuls mes
réflexes sont aux commandes, métal animé d'une pulsion
locomotrice, j'avance, bouffe des kilomètres, évite les dangers,
fonce dans le trafic, poussez-vous j'arrive.
Mais le pire est encore à
venir : coup d'oeil sur l'horloge de bord, il me faut arriver avant
huit heures. Le temps s'en mêle. Ce bref instant d'inattention est
sanctionné d'un indispensable brusque coup de volant, suivi d'un
freinage in extrémis et d'un déboitement intempestif. Et voilà les
minutes qui s'égrènent et s'allient contre moi. Est-ce à cause de
la vitesse ou pour une toute autre raison exogène ou endogène
qu'elles défilent à toute allure et qu'il m'apparaît de plus en
plus évident que cette course contre elles ne peut tourner qu'à mon
désavantage ?
Résultat : Quand
j'arrive à destination, mon corps ne sait plus s'extraire de
l'habitacle avec lequel il fait corps - c'est le cas de le dire -. Il
en fait partie intégrante. Mon cerveau est totalement essoré de ses
capacités mentales autres que le pilotage automatique, et je suis
inapte à faire quoi que ce soit avant plusieurs heures. Ne reste que
le ON/OFF, Contact/ Arrêt. Le temps que du sang chaud se remette à
circuler dans mes veines, que mes neurones soient ramenés à
d'autres fonctions que les calculs, que les minutes se soient calmées
et mon rythme cardiaque ralenti. Or, c'est justement pour travailler,
réfléchir, transmettre que précisément ce matin-là, j'ai dû
prendre la route.
mardi 21 janvier 2014
quelle lumière ?
Un projecteur qui baignerait de sa clarté un phare, une île, un endroit où aller,
après avoir
traversé les grandes eaux sombres sous un ciel incertain
traversé les grandes eaux sombres sous un ciel incertain
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quelle lumière ?
quelle lumière?
ce serait une lumière qui ne dérange pas le jour,
mais qui, dans une effervescence douce,
dessinerait sur le tamis du temps
l'intermittence des silences
embués de bleu
et d'ombre.
lundi 20 janvier 2014
lumière du jour
une lumière comme un coquillage irradié,
comme un centre qui se met à nu pour éclairer la périphérie,
agrandit son espace
et s'en va en fumée
illuminer d'autres galaxies de sable
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quelle lumière ?
lumière du jour
"Je me retrouve ainsi sous la forme d'un ange que je n'avais pas imaginée, et la sensation d'une présence dans la lumière au loin s'intensifie. Je regarde les couleurs émanant de cette source lumineuse dont l'éclat augmente toujours davantage et je ressens une sorte de crainte. Mais je me dis que tant que ma conscience se maintiendra, je ne pourrai que rester moi même. Je n'ai aucun moyen de savoir comment le contenu de mon moi a changé après ma mort, je continue de chanter comme je l'ai toujours fait, je me réjouis de mon apparence d'ange et je poursuis ma progression vers de le coeur de la lumière."
Genyû Sôkyû / Vers la lumière
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quelle lumière ?
samedi 18 janvier 2014
quelle est votre lumière aujourd'hui?
voulez-vous jouer? instantanément, sans réfléchir : quelle est votre lumière aujourd'hui?
deux trois lignes ou plus, avec ou sans photo...
trop d'illusions d'optique, de feux follets ou d'artifice, font croire au vacillement.
Dans la confusion des choses, des phares, des lampes qui la rendent peu visible: la clarté de la lune trouve son chemin jusqu'à l'appareil photo.
deux trois lignes ou plus, avec ou sans photo...
pleine lune |
Dans la confusion des choses, des phares, des lampes qui la rendent peu visible: la clarté de la lune trouve son chemin jusqu'à l'appareil photo.
vendredi 10 janvier 2014
le temps qui passe
N'ayant pas écrit à l'atelier (il n'y avait que les chats qui me venaient à l'esprit et c'était délicat d'écrire la-dessus sachant que vous êtes tous des amoureux de ces animaux et que je risquais le lynchage...), je me suis mise au travail...
Je
hais les horloges. En premier lieu, parce qu'elles sont cyniques et
méthodiques. Elles fonctionnent à un rythme qui ne me convient pas.
Tic-tac, tic-tac, tic-tac... j'aimerais un toc de temps à autre ou
un splash, ou plus précisément un arrêt sur son, une horloge
emplie de plages de silence. Lorsque le tic retentit, on ne peut
qu'attendre le toc et cette attente, si brève soit-elle, prend toute
la place de ce temps qui file à si vive allure. Ce rythme infernal
se met à résonner en moi et même les battements de mon cœur
doivent se mettre au diapason sous peine de mort imminente. Me voilà
à guetter chaque battement, chaque geste, chaque pas pour qu'il
s'adapte au rythme du temps qui cogne.
La
seconde et principale raison qui m'incite à haïr les horloges,
c'est qu'elles me murmurent des choses à l'oreille que je n'ai pas
envie d'entendre :
dépêche-toi,
tu n'as rien fait aujourd'hui, tu vas bientôt mourir, la vie n'est
pas éternelle, tu as encore perdu ton temps, bouge-toi un peu,
encore une heure de perdue....
A
chaque seconde qui claque correspond un coup de poignard qui me
lacère d'images mortifères : la grande faucheuse qui guette,
un robinet qui goutte – je sais çà n'a rien à voir, mais c'est
stressant - , une bombe qui va exploser, le gros réveil de la tante
Eugénie qui même enfermé dans un placard à double tour continue
sa rengaine tueuse, et la main posée sur son pouls à la recherche
d'un battement....
Alors
je me jucherais volontiers, tel Philibert Besson, sur le sommet de la
grande horloge qui gère l'univers, non pour haranguer les foules,
mais pour à coups de pied stopper net le mécanisme de la fuite du
temps. Et une fois cette destruction réalisée, je ne conserverai
que les cadrans solaires qui eux sont pleins de douceur puisque
l'ombre les caresse....
jeudi 9 janvier 2014
la conséquence du tire-fesses
Je
hais les tire-fesses. En premier lieu parce qu’ils sont toujours bondés sous un soleil d’hiver et vides quand la température
atteint les moins 20. Je prends le tire-fesse ou je ne le prends pas ? Je
prends le tire-fesse ou je ne le prends pas ? J’y vais, et j’hésite. Je
lève la main pour attraper la barre puis je renonce la laissant flotter dans un
bruit de casseroles entrechoquées. Je relève la main et à peine l’ai-je laissée
repartir qu’un surfeur passe le portillon et vient s’écraser sur l’arrière de
mes skis, déjà il jure en allemand ou en russe, déjà la file d’attente s’étire
sur 500 mètres, déjà un brouhaha d’impatience fait vibrer les câbles de la
machine, déjà le moniteur sort de la cabine et m’interpelle pour que j’aille apprendre
le maniement du téléski sur la piste orange des enfants de moins de 5 ans, déjà
me voici privée de ski pour l’après-midi, déjà un bolide me renverse, me voici à faire des signes à mes
accompagnateurs pour leur dire que je les attendrai au bar durant les 4 heures
suivantes ; me voilà déjà à payer une fortune pour le café que je consomme tous les quarts d’heure pour ne pas me faire virer par le patron, que
je dois supporter l’odeur de la raclette mêlée à celle de la transpiration,
supporter la vue des cernes blanches et café au lait, les hurlements des aficionados
qui suivent un match sur la télé du troquet, déjà je dois essuyer les éclaboussures
du chocolat chaud qu’un gamin vient de renverser, maladresse qui m’amène à
supposer que les parents ont quelques perfidies à interdire à leurs gosses de
retirer leurs moufles en plastique, quelle que soit la circonstance, sous
prétexte qu’ils n’ont pas de temps à perdre à les rhabiller avant de rechausser
leurs planches.
La
deuxième et principale raison qui m’incite à haïr les tire-fesses est que si je
réussi à attraper la perche, rien n’indique que j’arriverai au bout de la remontée
mécanique. Tandis que je démarre lentement sous la surveillance malveillante du
moniteur, survient l’inévitable arrêt du câble suivi de la secousse brutale du
redémarrage qui fait ne pas regretter d’être une fille : à part ça, mes
skis s’emmêlent, je ne lâche pas la barre les fesses à gauche, les skis à
droite, derrière moi, le père de famille qui tient son fils entre ses jambes
fait un écart tandis que le bambin roule-boule les fesses à droite, les skis à
gauche, la progéniture et moi encombrons le passage, des touristes anglais nous
décochent des mots d’oiseaux anglophones, un slalomeur dont la tête est coiffée
de frittes multicolores nous insulte en belge, enfin quand je déchausse pour
reprendre ma place dans la file d’attente il y a une
panne électrique qui va paralyser le téléski pendant une heure. C’est sans
compter que, lorsque le corps accepte de se laisser hisser le long du remonte-pente,
interviennent des dizaines de haltes inopinées provoquées par les faux départs
d’autres comparses, des heurts avec des skieurs qui traversent aveuglément pour
passer de la piste bleu à la piste rouge, de la piste rouge à la piste verte,
jouant au flipper avec les perchés que nous sommes puis, en bout de course,
vient le moment le plus délicat de l’aventure : lâcher la perche et se
laisser aller avec délice sur la piste, mais la rondelle d’appui reste
immanquablement accrochée à mon pantalon, je m’élève dans les airs en direction
de l’enrouleur des tiges métalliques croisant au passage le bambin - abandonné par son père - coincé entre deux
ressorts câblés, sous le choc, la rondelle faut et je tombe de 10 mètres de
haut dans la poudreuse.
Résultat :
à la première tentative pour prendre le tire-fesses j’ai engagé une guerre
internationale russo-franco-allemande, à la seconde tentative un enfant a été
abandonné à l’assistance publique (ou bien à la halte-garderie de
la station), à la troisième j’ai grandement amélioré mon vocabulaire zoologique
anglo-belge, à la quatrième j’hérite d’un traumatisme crânien dont personne ne
parle dans les médias. En moyenne j’ai passé cinq heures à déchausser et rechausser
avant d’entamer l’unique descente de la journée. Et quand, à la nuit tombante, je
retrouve mes compagnons, ils se félicitent du bel après-midi qu’ils ont passé sur
leurs planches et m’annoncent que, demain, ils m’emmènent faire une sortie en
ski de randonnée.
La
prochaine fois, je vous parlerai des descentes en skating.
« La conséquence des feux rouges », António Lobos Antunes
Voici la nouvelle à partir de laquelle l'atelier d'écriture du 8 janvier s'est proposé de travailler collectivement.
« La conséquence des feux rouges », António Lobos
Antunes, Livre de Chroniques, éditeur
Christian Bourgois, 2000, p. 7-9
"Je
hais les feux rouges. En premier lieu parce qu’ils sont toujours rouges quand
je suis pressé et verts quand j’ai tout mon temps, sans parler de l’orange qui
provoque en moi une indécision horrible : dois-je freiner ou
accélérer ? Dois-je freiner ou accélérer ? Dois-je freiner ou
accélérer ? J’accélère, puis je freine, je réaccélère et à peine ai-je
freiné de nouveau que déjà une fourgonnette emboutit ma portière, déjà une
foule de gens se rassemble dans l’espoir de voir du sang, déjà un type armé
d’une clé anglaise sort de la fourgonnette en me traitant de sombre crétin,
déjà ma compagnie d’assurances me propose chaleureusement d’en changer pour un
concurrent quelconque, déjà me voici privé de voiture pendant une semaine, me
voilà déjà au bord du trottoir à faire des signes de naufragé aux taxis, me
voilà déjà à payer une fortune pour chaque voyage où je dois par-dessus le
marché supporter le ver luisant magique et la Sainte Vierge en aluminium sur le
tableau de bord, le squelette en plastique pendu au rétroviseur, l’autocollant
représentant une demoiselle à chapeau et cheveux longs près de la pancarte
« Ne pas fumer je suis asthmatique », proximité qui m’amène à
supposer que les problèmes respiratoires se sont accrus à la suite de quelque
perfidie secrète de la demoiselle que je ne saurais démêler.
La
deuxième et principale raison qui m’incite à haïr les feux rouges tient au fait
qu’à chaque fois que je m’arrête surgissent derrière ma vitre des créatures
invraisemblables : vendeurs de journaux, vendeurs de pansements adhésifs,
des dames vertueuses avec des boîtes en métal pendues à leur poitrine qui vous
collent autoritairement sur le cœur le crabe du Cancer, les gros balèzes de la
Ligue pour les aveugles Joào de Deus dans le sillage d’un haut-parleur sur le
toit d’un tas de ferraille flambant neuf, le citoyen digne à qui on a volé son
porte-monnaie et qui a besoin d’acheter son billet de train pour Porto, le
tuberculeux avec son certificat à l’appui, toute la caste des infirmes
(microcéphales, macrocéphales, boiteux, bossus, strabiques divergents et
convergents, goitres, bras étiques, mains avec six doigts, main sans un doigt,
mongoliens, dirigeants de partis politiques, etc.), sans compter l’escouade des
Pompiers volontaires qui ont besoin d’une ambulance, les lauréats de
l’université de Coimbra, en cape et soutane, qui ont décidé de faire un voyage
de fin d’études en Birmanie et les jeunes toxicos qui n’ont jamais réussi à
voler un seul lecteur de cassettes ce jour-là.
Résultat :
au premier feu rouge je n’ai déjà plus de monnaie. Au deuxième je me retrouve
sans veste. Au troisième sans chaussures. Au cinquième tout nu. Au sixième, je
donne ma Volkswagen. Au septième j’attends que le feu passe au rouge pour
assaillir à mon tour, mêlé à la multitude de pompiers, étudiants, drogués et
microcéphales, le premier véhicule qui s’arrête. En moyenne je change cinq fois
de vêtements et de voiture avant d’atteindre ma destination, et quand j’arrive,
au volant d’un camion TIR, flottant dans un pantalon gigantesque, mes amis se
plaignent que je ne suis pas ponctuel".
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