dimanche 11 décembre 2016

Hänsel und Gretchen

Maison de pain d'épices

Faite maison et qui se déguste entièrement !

Certaines n'en croiront pas leurs mirettes; pourtant tout est véridique ; tout se mange, les murs, le toit, la cheminée ; la déco faite de smarties et de sucre glace parfois foncé au chocolat noir, la colle de sucre glace avec du blanc d'oeuf et quelques gouttes de citron.
J'ai passé mon après-midi à construire patiemment cette oeuvre-là ; systématiquement ; sans relâche; dès que j'avais terminé tout s'écroulait. Patiemment j'ai recommencé ; puis calé les quatre murs de quatre bouteilles ; pris un livre ; plusieurs chapitres plus tard tout avait durci ; voilà le résultat ; le fumeur d'encens et sa lanterne proviennent de RDA.
Mes activités manuelles m'ont reposée de cette semaine éprouvante.

samedi 10 décembre 2016

Des points-virgules en forme de coeur et une couronne tressée pour toi



Cette année elle t'est dédiée ; à toi qui est arrivée ; comme un météore dans ma vie ; m'a fait redécouvrir la passion ; souvent quand je conduis ; tu t'assieds à ma droite ; passagère avec qui j'ai de longues discussions ; je sais que tu n'en as pas terminé ; de me transmettre ; l'essentiel.
TRANCHE DE VIE;

  Un lit ou peut-être deux; des femmes et des hommes; des hommes et des femmes qui s'agitent; se heurtent sans se voir; se précipitent; des femmes en blanc des hommes en bleu; ou l'inverse; des coursiers du soin vulnérables; en sous-nombre. Moi au fond du lit; d'abord je ne suis rien; je ne suis plus rien; je suis un tout malade; un tout voué à l'infection qui me ronge; ma respiration courte se perd en avant de mes lèvres; un souffle qui ne m'emmène plus; qui ne m'amène plus le monde; je perds le temps; je perds son sens. Des couloirs longs si longs; si froids ; du gris partout; sur les murs sur le sol silencieux; des néons qui éclaboussent les visages blafards. Et on pousse une porte; royaume de la lumière cinglante démultipliée; pieuvre tentaculaire au plafond; royaume du métal; des cliquetis hurlants puis des chuintements. Un cathéter sur la main; le sang gicle; des pansements; accélération des mouvements; un masque sur la bouche; le trou noir.

jeudi 1 décembre 2016

Hommage à une grande dame



Mado c'est à toi que je m'adresse : je sais que tu es retournée dans ce « bleu » dont tu nous parlais constamment et que tu as passé ta vie à essayer de peindre.
Aux pages 22 à 24 de ton beau livre *, tu décris au plus près et au plus simple avec tes mots à toi ce lieu que tu souhaitais rejoindre. Tu as toujours voulu retrouver cet état comme tu l'écris et que dire de plus que tes mots à toi, je te cite :

« Il y eut cet instant dont je suis revenue alors que j'aurais tellement voulu ne pas en revenir. Cet instant que je vais tenter de dire : quelque chose soudain craque, la corde a craqué comme des amarres qu'on lâche ; je suis deux. Je dis oui. J'accepte inconditionnellement, j'accepte complètement, totalement de mourir. « Quelque chose en moi » accepte. Je lâche, ça lâche, je suis d'accord, je meurs ; « une volonté venue d'ailleurs » me fait tout lâcher, je suis deux : une en bas, une en haut ; et instantanément je « tombe » mais pas en bas, en haut, je tombe, je me trouve dans le bleu … Du bleu profond – vif, beau, décorporée, je n 'ai plus de corps, je suis envolée ailleurs en pleine conscience … et c'est une immensité infinie. Plus de corps, je ne sens plus rien physiquement – je dirais plus tard ils auraient pu me couper en tranches, en morceaux -, je ne sens plus rien de physique, plus de souffrance, mon corps n'est plus là mais j'ai conscience de tout, je les entends parler, je sais que c'est moi et pas moi, que je n'ai plus de corps physique, état de plénitude infinie, de vide infini, de solitude sereine infinie, de silence et de calme infinis, de paix, de RIEN, d'élargissement dans une paix immense, quelque chose de serein, de silencieux, d'absolument silencieux, de vaste, solitude ineffable et sereine, c'est bleu, il y a une présence et pourtant rien. Je ne suis pas et pourtant je suis. Je suis un immense cerveau, le cerveau unique de l'univers. Le monde n'existe plus mais il existe quelque chose en démultiplié, une seule immensité dont j'ai parfaitement conscience. Je suis en vie avec un regard qui voit à trois cent soixante degrés. J'ai conscience, je les entends parler … Je fais partie ou plutôt je suis cette immensité et ce silence, je suis seule, unique, indiciblement bien. Je suis TOUT. Je suis ce vide et ce plein, ce rien et ce tout cette « éternité ». Ce n'est pas possible de l'expliquer il n'y a pas de mots pour ces images et cet état. J'étais sortie du corps et du monde matériel. Je ne sais si cela a duré quelques secondes, quelques minutes ou plus ... »

J'ajouterai seulement ces quelques mots aux tiens si forts.
Ceux-ci ont été écrits par Hélène Cixous quand je lui ai appris ta mort : «  Madeleine s'est mise en liberté. Naturellement nous la garderons vivante. »
Et ceux-là par deux amies rencontrées cet été : « Madeleine est partie et le bleu elle l'a retrouvé avec toute la sérénité, le rien, le tout qu'elle a décrit si fortement »



* « Algérie le soleil et l'obscur »  Madeleine Chaumat    éditions La Rumeur libre

mercredi 23 novembre 2016

Croire encore en la vie et en l'âme



La campagne autour du village

Après le couperet de samedi « Madeleine en soins palliatifs », Trump à la Maison Blanche, Alep à feu et à sang, la Syrie exsangue, le contexte mondial mortifère dans lequel nous baignons chaque jour ..., j'étais à deux doigts de me laisser sombrer dans la morosité générale et j'ai bien failli décliner l'invitation de mon amie Myriam au Festin des Arts & Les portes de l'imaginaire qui se déroulait le lendemain dans son village de St Didier sur Rochefort. Et puis, par amitié et respect pour elle et son travail, je me suis résignée. Partie, le moral en vrille, j'en suis revenue l'espoir retrouvé. Oui, la vie est là, palpitante, comme l'âme en chacun d'entre nous, cette partie si essentielle dont aujourd'hui on n'ose à peine prononcer le nom.
Depuis plus d'un an, Myriam avait un projet : réunir les différents créateurs éparpillés et travaillant seuls dans leur coin, les faire se rencontrer et travailler avec la Communauté Thérapeutique des Portes de l'imaginaire (Association Rimbaud) qui est un lieu d'accueil résidentiel ouvert à tous ceux et celles souhaitant s'engager dans une démarche de soin de leur addiction, lieu de reconstruction basé sur la vie communautaire. Par son énergie débordante, sa foi en la vie, Myriam est parvenue à fédérer toutes ces bonnes volontés, à les faire se rencontrer, discuter, élaborer ensemble un projet qui, après des mois et des mois de travail a abouti à cette merveilleuse réussite : des expositions dans onze lieux différents de ce petit village (le salon du coiffeur, l'ancien bar, le jeu de boules, la Maison d'accueil rurale, la mairie, l'épicerie, l'église …). 






Tous les habitants étaient concernés, chacun y est allé de sa contribution. Mais ce n'est pas tout : une oeuvre collective a vu le jour, résultat de toutes les discussions, des idées de chacun, réalisée au fil des mois par toutes les mains présentes. Ce dimanche : dévoilement de l'oeuvre, repas festif, fête au village. Nous étions tous réunis dans la Salle des fêtes, les bénévoles avaient préparé les repas (plus de 100 repas ont été servis), de grandes tables ont été dressées. J'ai choisi de m'asseoir parmi les personnes de la communauté thérapeutique, les discussions se sont engagées, les jeunes enfants riaient, lisaient, jouaient. Ils m'ont conté les souffrances des premières semaines, les joies de vivre ici, ce qu'ils avaient perdu et les espoirs devant eux, la nouvelle vie qu'ils projetaient. Il régnait en cette salle une telle chaleur humaine, une telle fraternité, tant d'ardeur et de joie, tant d'espoir que l'âme de chacun -vous savez cette petite chose si essentielle, si première et si dernière puisqu'elle nous accompagne depuis toujours et pour toujours, cette flamme de vie – était visible. Et quand l'âme est perceptible, le coeur se gonfle de joie, à moins que ce ne soit le contraire, en tout cas, les hommes et les femmes peuvent alors faire des miracles. Quand le repas fut terminé, en un éclair les tables furent pliées, les spots éclairés et l'oeuvre collective dévoilée.




 C'est alors que les notes d'un piano s'élevèrent et qu'une danseuse apparut, légère, serpentine, ondulante … sous les yeux émerveillés d'une assemblée encore plus nombreuse. Myriam fit un beau discours où elle conta qu'au Japon, lorsqu'un bol est cassé on le répare et c'est la face réparée que l'on présente à l'invité pour le thé, qu'en Afrique aussi on répare les calebasses et c'est ainsi que l'oeuvre collective a été réalisé. Puis nous avons admiré la brodeuse - spécialisée en broderie-or - œuvrer, les tisserandes de matière noble, les peintres, sculpteurs, graveurs, mosaïste.






Je ne vous dis pas que tout était des chefs-d'œuvre mais tous les cœurs étaient là, avaient donné de leur temps, s'était investis corps et âme. Et quand on sait ce qu'il faut d'énergie pour rassembler tant de gens et de talents et les faire travailler ensemble, on se dit que là, a eu lieu un petit miracle, avec un chef d'orchestre hors pair.
J'ai repris la route, le cœur gonflé à bloc, pleine d'espoir et de courage pour affronter la nouvelle semaine, tenir la main de Madeleine avec confiance et force et certaine de pouvoir l'aider.
Alors, lorsque j'aurai peur de paraître ridicule en parlant de mon âme, je ne l'étoufferai pas. Je la laisserai s'épanouir, j'oserai le dépassement, le désir, j'oserai croire en la puissance de nos désirs réunis. En ces temps troublés, je sais qu'il faut oser rêver, œuvrer, avec cette foi en la vie.

PS : Pour ceux qui auraient encore un doute sur l'existence de l'âme, je tiens à préciser que Myriam, entre autres qualités, est non-voyante.



ça remarche avec chrome mais pas avec mozilla

samedi 12 novembre 2016

Sur le seuil, provisoire

Nous irons à Mossoul
Nous irons à New York
Nous irons au Bataclan
Nous irons dans ce petit village de la Dordogne où l'on plume les oies vivantes pour en faire des doudounes de luxe, où la police des champignons patrouille et vous confisque votre panier si vous n'êtes pas dans ses petits papiers.
Nous irons à Alep, chercher du savon de Marseille, nous n'irons pas à Calais, 
Circulez !
Nous irons en Suisse, bien sûr, pays de la liberté neutre et propre, où les bottes bien cirées ne demandent qu'à marcher
Nous serons là, sur le pas de la porte, à humer le vent, à déduire son orientation, à admirer la lumière de Novembre sur le bouleau doré et plein d'oiseaux qui regardent le monde de plus haut.
Nous mettrons un pied sur la première marche de l'escalier qui se dérobe, travaillé dans ses minces fondations par les racines des arbres qui se sont plantés là, tous seuls, comme des arbres émigrés.
En fait nous resterons là sur le seuil, la valise au bout du bras qui s'allonge sous son propre poids de valise, jusqu'à la laisser reposer sur le palier. Les mains pendantes
Au seuil de quitter cette maison, nous aurons une pensée pour ceux qui sont venus de loin, l'ont habitée avant nous, l'ont construite, même. Nous aurons une pensée pour ces gens, venus du Sud ou de l'Est de l'Europe, ces crève-la-faim chercheurs d'eldorado preto, transformés en taupes le temps d'attraper la silicose, ressortis à l'air libre quand leurs poumons ne pouvaient plus l'aspirer. Nous aurons une pensée pour ces esclaves importés par la Compagnie de la Méditerranée qui pensaient retrouver la mer et se sont retrouvés sous terre.
Nous resterons sur le seuil à écouter les doubles discours apportés par le vent dans le criaillement des étourneaux
Nous penserons qu'un jour la Terre n'était/ne sera/ n'est - qu'un seul pays. "On tourne en rond, y a rien à faire, c'est la malédiction du système solaire" chantais-je, il y a longtemps. 
Nous consulterons le Dictionnaire des migrations, fascinées par les flèches rouges, vertes, bleues, aux mouvements puissants et incurvés.
Des flèches pour les peuples errants, des flèches du Sud vers le Nord, de l’Est vers l'Ouest, mais toujours à la lisière du méridien de ceinture, au-delà duquel il fait froid, il fait nuit, il fait océan.
Nous étions prêtes à partir, à quitter, à décamper, à fuir,
Parce que le chef ne nous convenait pas, parce que les petits cons sous nos fenêtres nous pourrissaient la vie, parce qu'il y avait décidément trop de vent à présent, pas assez de neige, passablement de moustiques et énormément de pyrale du buis. Nous étions prêtes à déménager parce que les loyers étaient devenus exorbitants, le voisinage trop 4/4 ou pas assez.
Dans la valise nous avions mis quelques doudous, des bonnets de rechange et des paires de lunettes aussi. Des crayons et des cahiers, de l'aspirine et du pain dur.
La valise est légère, elle est vieille et rafistolée, elle a beaucoup servi. Voyages d'agréments, « escapades », tourisme professionnel. Une valise dorée qui a connu les soutes, les compartiments non fumeurs, les plate formes d'où l'on peut passer ses appels téléphoniques, et le garage du dessus de l'armoire.
Nous irons à Mossoul voir les djihadistes entraîner dans leur « martyr » des martyrs non volontaires, et les libérateurs de rue faire des omelettes avec des œufs humains.
Nous irons à New York défiler avec les Américains -qui n'ont pas voté…
Nous irons à Lampedusa, à Lisboa, à Lesbos
Nous irons à Saint-Pétersbourg, à Libreville, à Istanbul, à Reykjavik, à Papeete. Et si nous allions « là-bas » ?


Nous resterons sur le seuil, ma petite fille et moi, à humer encore le vent et puis nous resterons là, car il n'y a nulle part où aller.

Sur le seuil, provisoire

Nous irons à Mossoul
Nous irons à New York
Nous irons au Bataclan
Nous irons dans ce petit village de la Dordogne où l'on plume les oies vivantes pour en faire des doudounes de luxe, où la police des champignons patrouille et vous confisque votre panier si vous n'êtes pas dans ses petits papiers.
Nous irons à Alep, chercher du savon de Marseille, nous n'irons pas à Calais, 
Circulez !
Nous irons en Suisse, bien sûr, pays de la liberté neutre et propre, où les bottes bien cirées ne demandent qu'à marcher
Nous serons là, sur le pas de la porte, à humer le vent, à déduire son orientation, à admirer la lumière de Novembre sur le bouleau doré et plein d'oiseaux qui regardent le monde de plus haut.
Nous mettrons un pied sur la première marche de l'escalier qui se dérobe, travaillé dans ses minces fondations par les racines des arbres qui se sont plantés là, tous seuls, comme des arbres émigrés.
En fait nous resterons là sur le seuil, la valise au bout du bras qui s'allonge sous son propre poids de valise, jusqu'à la laisser reposer sur le palier. Les mains pendantes
Au seuil de quitter cette maison, nous aurons une pensée pour ceux qui sont venus de loin, l'ont habitée avant nous, l'ont construite, même. Nous aurons une pensée pour ces gens, venus du Sud ou de l'Est de l'Europe, ces crève-la-faim chercheurs d'eldorado preto, transformés en taupes le temps d'attraper la silicose, ressortis à l'air libre quand leurs poumons ne pouvaient plus l'aspirer. Nous aurons une pensée pour ces esclaves importés par la Compagnie de la Méditerranée qui pensaient retrouver la mer et se sont retrouvés sous terre.
Nous resterons sur le seuil à écouter les doubles discours apportés par le vent dans le criaillement des étourneaux
Nous penserons qu'un jour la Terre n'était/ne sera/ n'est - qu'un seul pays. "On tourne en rond, y a rien à faire, c'est la malédiction du système solaire" chantais-je, il y a longtemps. 
Nous consulterons le Dictionnaire des migrations, fascinées par les flèches rouges, vertes, bleues, aux mouvements puissants et incurvés.
Des flèches pour les peuples errants, des flèches du Sud vers le Nord, de l’Est vers l'Ouest, mais toujours à la lisière du méridien de ceinture, au-delà duquel il fait froid, il fait nuit, il fait océan.
Nous étions prêtes à partir, à quitter, à décamper, à fuir,
Parce que le chef ne nous convenait pas, parce que les petits cons sous nos fenêtres nous pourrissaient la vie, parce qu'il y avait décidément trop de vent à présent, pas assez de neige, passablement de moustiques et énormément de pyrale du buis. Nous étions prêtes à déménager parce que les loyers étaient devenus exorbitants, le voisinage trop 4/4 ou pas assez.
Dans la valise nous avions mis quelques doudous, des bonnets de rechange et des paires de lunettes aussi. Des crayons et des cahiers, de l'aspirine et du pain dur.
La valise est légère, elle est vieille et rafistolée, elle a beaucoup servi. Voyages d'agréments, « escapades », tourisme professionnel. Une valise dorée qui a connu les soutes, les compartiments non fumeurs, les plate formes d'où l'on peut passer ses appels téléphoniques, et le garage du dessus de l'armoire.
Nous irons à Mossoul voir les djihadistes entraîner dans leur « martyr » des martyrs non volontaires, et les libérateurs de rue faire des omelettes avec des œufs humains.
Nous irons à New York défiler avec les Américains -qui n'ont pas voté…
Nous irons à Lampedusa, à Lisboa, à Lesbos
Nous irons à Saint-Pétersbourg, à Libreville, à Istanbul, à Reykjavik, à Papeete. Et si nous allions « là-bas » ?


Nous resterons sur le seuil, ma petite fille et moi, à humer encore le vent et puis nous resterons là, car il n'y a nulle part où aller.

vendredi 4 novembre 2016

on ne sait jamais

entendue ce matin (dans la chronique de François Morel sur France Inter) la chanson de Juliette : "Aller sans retour"
Ce que j´oublierai c´est ma vie entière, 
La rue sous la pluie, le quartier désert,
La maison qui dort, mon père et ma mère
Et les gens autour noyés de misère
En partant d´ici
Pour quel paradis
Ou pour quel enfer?
J´oublierai mon nom, j´oublierai ma ville
J´oublierai même que je pars pour l´exil

Il faut du courage pour tout oublier
Sauf sa vieille valise et sa veste usée
Au fond de la poche un peu d´argent pour
Un ticket de train aller sans retour
Aller sans retour
J´oublierai cette heure où je crois mourir
Tous autour de moi se forcent à sourire
L´ami qui plaisante, celui qui soupire
J´oublierai que je ne sais pas mentir

Au bout du couloir
J´oublierai de croire
Que je vais revenir
J´oublierai, même si ce n´est pas facile,
D´oublier la porte qui donne sur l´exil

Il faut du courage pour tout oublier
Sauf sa vieille valise et sa veste usée
Au fond de sa poche un peu d´argent pour
Un ticket de train aller sans retour
Aller sans retour

Ce que j´oublierais... si j´étais l´un d´eux
Mais cette chanson n´est qu´un triste jeu
Et quand je les vois passer dans nos rues
Étranges étrangers, humanité nue
Et quoi qu´ils aient fui
La faim, le fusil,
Quoi qu´ils aient vendu,
Je ne pense qu´à ce bout de couloir
Une valise posée en guise de mémoire

vendredi 28 octobre 2016

Partir, tout laisser


Partir ( Devoir partir dans l'urgence : pourquoi, qu'emporter, où aller)

... Sans doute me faut-il, d'abord, rappeler comment « partir, migrer, s'enfuir, tout quitter » s'est inscrit en moi, bien avant ma naissance : ma mère, dix-sept ans fuit l'arrivée des russes après le bombardement de Dresde dans lequel ont péri ses parents. Fille unique, elle quitte l'Allemagne, avec une seule adresse en tête « Beaurepaire, Isère, France » qu'un prisonnier français, l'amour de sa vie - ainsi pense t-on quand on a dix sept ans - lui a un jour donné. Elle n'a sur le dos qu'une petite robe, de mauvaises chaussures aux pieds, un maigre baluchon dans lequel il y a - paraît-il, personne n'est plus là pour le confirmer - une tasse en porcelaine, fétiche précieux de cette enfance perdue à jamais. Elle traverse l'Allemagne en feu, la France où elle est déjà la sale étrangère dont personne ne veut, l'ennemie, pour enfin, grâce à diverses aides croisées sur sa route, débarquer dans une ferme française où la mère qui a perdu deux fils dans cette sale guerre, un troisième ayant pris le maquis, l'enferme aussitôt au grenier pour la cacher. Nul ne doit savoir qu'une boche se cache ici, pire qu'une tondue. Ainsi, dans mes gènes, moi qui ai été conçue doublement enfermée, là dans ce grenier, « la fuite, partir, tout laisser », sont-ils à jamais tatoués ...


Si je dois fuir, ce serait devant quoi ? Des intégristes, des fous de Dieu qui enferment les femmes, leur coupent mains et clitoris, leur cousent les yeux, la bouche et le sexe ; de ceux qui mutilent, décapitent, torturent ...

Devant une catastrophe nucléaire, juste fuir, fuir, fuir parce qu'incapable de rester en place, par panique, sachant très bien que ça ne changera rien à rien

Partir, tout quitter, rêve vieux comme l'humanité, non sous la pression d'un danger extérieur mais par un puissant désir interne, ne pas laisser de traces, disparaître


Qu'emporter ? La question me semble dérisoire depuis que le feu a brulé notre maison et que j'ai profondément compris que tous ces objets auxquels je croyais tellement tenir, ne m'avaient pas manqué du tout mais que, ce dont j'avais souffert, dans ma chair, avait été le manque de toit sur ma tête, l'absence absolue de repères. Tout le reste était superfétatoire, fils à la patte, dérisoire, totalement inutile et sans intérêt face au profond désarroi d'avoir perdu un lieu, une maison, un toit. Donc, ce que j'aimerais emporter, c'est cette coquille-là. Escargot, tortue, voilà ce que nous sommes. Voilà ce qu'il nous faut, pas plus : une cabane comme celles que construit Louise Bourgeois, à notre taille, pour nous y réfugier, un ventre où nous lover, juste de quoi nous retourner et écouter le vent, les oiseaux et la pluie.

Mais si je prends une valise, pas deux – outre la fatigue et l'encombrement, je serais bien incapable de les porter, trop mal au dos- qu'y mettrai-je ?
Donc dans ma valise : des médicaments sans lesquels ma tension et mes artères ne me permettraient pas d'aller très loin, dans ce cas-là, pourquoi fuir …
Quelques livres : François Cheng « Les méditations sur la beauté ou sur la mort », sa poésie « La vraie gloire est ici », « Le premier mot » de Pierre Bergounioux pour lire, relire et m'imprégner de la première phrase ; « Ce qui se donnait pour la réalité et qui a tenu, longtemps, dans un cercle de un kilomètre de diamètre, à peu près, m'a inspiré d'emblée un puissant déplaisir. J'y ai remédié avec les moyens du bord, penser délibérément à autre chose, rêvasser, faute des explications appropriées. Elles se trouvaient hors d'atteinte, plus au sud, dans le passé. Lorsque j'ai fini par me les procurer, il était trop tard. La vie qui me convenait se sera écoulée en mon absence, au loin », un Erri de Luca, difficile de choisir un titre, peut-être « Tu, mio » ? Pema Chödrön « Conseils à une amie pour des temps difficiles »,
Mon ordi et mon téléphone … mais ??? Pourrais-je vraiment m'en servir ???
Un savon, une brosse, quelques vêtements chauds, de bonnes godasses : de quoi être propre. J'ai horreur du laisser-aller, du débraillé
Un bout de miroir pour rester un être humain
Quelques briquets
Des crayons mine et du papier … C'est vite plein une valise
Un peu de bouffe, des papiers, de l'argent, des bijoux pour échanger …
Elle ne ferait pas une photo extraordinaire ma valise, non pas du tout … mais tous ces objets rassemblés pour faire semblant qu'il me reste encore quelques attaches


Je vais où ? Droit devant moi
Tout dépend de la cause pour laquelle je fuis.
Si c'est face à une catastrophe nucléaire, je cours à perdre haleine, n'importe où. Partout c'est l'horreur, ceux que je croise, la nature, dans mon souffle ... La terreur et l'horrible peur partout

Si je fuis à cause de l'arrivée de djihadistes, je pars de cachettes en cachettes vers le Nord, Belgique, Suède, Danemark, parce que stupidement, il me semble que là-haut ils sont moins nombreux… J'y ai souvent pensé lorsque nous entendions des récits de prise d'otages : comment survivre dans une cave, comment ne pas mourir d'angoisse, comment simplement rester en vie quand on a déjà beaucoup vieilli et que l'on est dépendant des médicaments, de la nourriture, des soins, du repos et du confort ? Le corps est-il encore capable de s'adapter ? Survivrais-je à des conditions de vie difficiles ?


Si je pars pour des motifs internes, alors je file peut-être vers l'Afrique, Bénin, Abomey, là, je sais où me réfugier, j'ai de bons amis sur lesquels compter. Ou bien un billet d'avion, craquer toutes mes économies et filer sur une île dans une mer chaude, loin, très loin ou alors tout près, dans le Lot, l'Aveyron, trouver un village isolé où louer une petite maison avec un jardinet pour y couler des jours paisibles, sans visites, juste vivre avec le silence et le temps qui me bercent, assise sur un petit banc appuyé à un mur côté ouest de la maison, face au jardin et au soleil qui décline en même temps que mes forces, me laisser chauffer par le soleil, laisser ronronner mes articulations avant de m'asseoir au coin du feu et d'aller lire sous l'édredon, ma bouillotte au creux des reins.

(Vous disiez « On ne sait jamais », j'écrirais « On sait toujours»)




jeudi 27 octobre 2016

On ne sait jamais


(Devoir partir dans l’urgence: pourquoi, qu'emporter, où aller)


Feu, inondation, tremblement de terre
Violences politiques, économiques
Tapages
se voir voler sa place
banqueroute
devenir persona non grata
maladie paralysie
tête en l’air

Des valises vides
de photos, papiers administratifs
débarrassées des souvenirs 
enlisés sous la graisse des paroles inutiles
Juste un corps, pris au dépourvu
ayant la légèreté d’une souris craintive
filant se cacher
après un dernier baroud de coquetterie

Se terrer, s’enterrer, s’entêter, rester
Prendre n’importe quel chemin
Goûter à l’errance du voyageur qui ne sait où aller
Voguer sur les GR, les voies ferrées, les chemins de traverse
Voler de quoi rêver
Boire aux sources, fendre le gel
Coûte que coûte suivre l’étoile du Sud
Et se réveiller à Eboli.

lundi 24 octobre 2016

Un automne glorieux

Récolte de lavande


Conques


"Le curieux" Portail de Conques
Petit matin sur la vallée du Lot




Ciel drômois


Forêt de Saou (Drôme)
Octobre, entre Cantal, Aveyron, Lot et Drôme ... mon coeur balance. Ce qu'il me dit, c'est qu'il choisit la campagne et aussi l'automne, qui entre toutes les saisons le séduit le plus. Ciel bleu ou brouillard, fruits de toutes les couleurs et pour tous les goûts, cueillettes à n'en plus finir, je ne choisis pas et me remplis les bras, les yeux et le coeur à profusion.
Entre balades, cuisine, tours au cimetière paisible de mon petit village, farniente au coin du feu, mes journées sont rondes et douces.

mardi 18 octobre 2016

dimanche 11 septembre 2016

ANNIVERSAIRE,


Sur l'écran noir de tes nuits blanches...
Indice 60
Le rideau est levé
Protection rapprochée
Nombre asséné pour estomac noué
Mais pourtant ont dansé danseront
Encore des mots
Motifs de papier
Volutes doubles-croches
Sarabandes en syncope
A faire vibrer tes matins frileux-joyeux
Des étés indécis.

Indice 60
Se délecte  du temps qui s'agrippe
A tes désirs insoupçonnés
A tes exhortations
Espérances en couleur
Eclats de rire
Eclats de dire
Attente en demi-teinte
Petit papier crépon qui flotte et s'accroche
A la passion-caprice

Indice 60
les démons du sommeil
Complotent
Leurs insomnies licites
Accoucheuses de mots d'amour-humour
De rages insoumises

Indice 60
Paillettes confondues
Dans tes yeux lumineux
Dans ta voix
Dans tes mains
Dans tes gestes offrandes ouvertes
A l'avenir.
Arbre à secrets du plaisir
Des âmes vagabondes
Arbre à secrets du doute

Indice 60
Ecran total

En bleu et en technicolor
Du temps qu'il fait pour vivre
Longtemps longtemps
Encore
Ainsi
J' y glisse l'amitié.

vendredi 9 septembre 2016


Aujourd'hui, des papiers pliés dans le vent.
Hier, avant hier, des pages découpées en carré dans un livre sauvé de l'oubli, de la disparition  ; dans ses pages des mots de poésie, "le mot et la chose", Francis Ponge. Le carré de papier se transforme, il est plié en montagne, en vallée, par des lignes traversé, il devient pyramide ; quatre pétales se dressent autour du sommet d'un casque de samouraï, le mont-fuji apparait ; et puis le lotus, symbole de la pure beauté née des marécages avec sa fleur qui s'élève au dessus des eaux troubles pour regarder la lumière...
Aujourd'hui, 238 fleurs de papier sur l'herbe verte poussées, cueillies, accrochées aux branches du saule pleureur bruissant ; chaleur estivale ; souvenir des mystérieux arbres à vœux croisés au Japon ; dans la lumière estivale de ce beau lundi d'août, des lotus blancs par le vent balancés, chahutés, portent dans leurs plis un message caché et quelques mots dévoilés, en suspension ; de la poésie se diffuse...

© photo JFB

jeudi 8 septembre 2016

Aujourd'hui croire que ...

 ... la justice est impartiale alors que j'ai constaté -nous avons tous constaté- que durant plus de 2h30, un des assesseurs roupillait à poings fermés à tel point que le Président de la Cour d'Appel de Lyon a dû interrompre l'avocat de la défense dans son plaidoyer, dans le but de réveiller le dit-assesseur. Il a dû faire sortir la cour, interrompre le procès, sans doute intimer à l'assesseur de se passer la tête sous la douche puisque celui-ci est rentré fraîchement coiffé, l'air un peu plus éveillé mais visiblement pas gêné pour un sou. Nous n'aurons le résultat des délibérés que le 10/11 à 13h mais j'aimerais également que cet assesseur ait une sanction et je m'y emploierai, juré, craché en l'air. »

J'assistais aujourd'hui de 13h30 à 17h, ainsi que de très nombreux membres de l'ADMD (Association pour le Droit à Mourir dans la Dignité) au Procès de Mr Jean Mercier, vieil homme de 88 ans atteint de la maladie de Parkinson et revendiquant haut et fort son acte : avoir aidé sa femme âgée de 83 ans à en finir avec ses douleurs. Il passait en appel après avoir écoppé d'un an avec sursis pour non-assistance à personne en danger. Lui, assure l'avoir au contraire aidée et refuse cette condamnation pour non-assistance.
Quelle validité à ces délibérations quand un des membres a dormi pendant toute la séance ? Et si vous vous endormiez sur votre poste de travail, qu'adviendrait-il ? Je souhaite que toutes les lettres que recevra le Président de la Cour d'Appel aboutissent à une sanction exemplaire qui infléchira à l'avenir l'attitude des membres d'une cour. J'ai malheureusement peu de chances de voir mon souhait aboutir, n'est-ce pas ?

mercredi 31 août 2016

COMME UN AIR DE TOSCANE,
               les derniers soupirs du mois d'août...

       Crespina, à une trentaine de km. de Pise.
                                          Crespina,
                                           Crespina,
                                           Crespina,
                                          Crespina,
                                        Crespina,
                  "Il vecchio olmo"... la maison...

jeudi 25 août 2016

Ca sent la fin des vacances

Sur la route de Poët Sigillat






Champ de lavande à Ste Jalle



Marnes bleues



Vue de Tarendol : au 1° plan, les marnes, énormes "pieds d'éléphant"

 En Drôme provençale-sud, les paysages annoncent avec douceur, la fin de l'été. Les lavandes sont coupées, les distilleries fument et embaument, les herbes se courbent sous les graines et les feuilles des arbres jaunissent. On peut toujours penser que c'est la chaleur torride de ces derniers jours qui en est responsable ...
J'aime particulièrement cette période où arrivent les premiers raisins, où je glane prunes, poires et mûres alors que déjà les touristes s'en vont.
Bellecombe, Tarendol, Poët Sigilat, Buis les Baronnies, Nyons, Remuzat ... une autre Drôme plus sèche que la mienne, plus pierreuse, où mon fils a élu domicile avec bonheur.
Ce sera ma dernière carte postale de l'été. 

dimanche 21 août 2016

La vraie gloire est ici "Lorsque l'âme se fait entendre"

Lorsque l'âme se fait entendre,
Cette voix murmurante, ponctuante,
Qui est source de tout chant,
Basse continue ne connaissant
Ni borne ni arrêt,
L'espace est vaincu et le temps aboli.

Mais l'âme ne se fait entendre
Qu'en résonance avec une âme autre,
Lèvre à lèvre,
Coeur à coeur,

Deux voies mêlées, reliantes, ruisselantes,
Joignant soudain les feuilles
Jonchant le sol
Aux nuages nimbant les cimes.

Lorsqu'enfin les âmes se font chant,
Par dessus l'abîme des jours,
Une étincelle suffit pour rallumer
Toute flamme immémoriale :
Du fond du désir originel
Emerge alors le souffle rythmique,
Strate sur strate,
Bord à bord,
Le voilà qui recommence
L'éternité - instant.


François Cheng  "La vraie gloire est ici"   Gallimard
3° partie     Passion

samedi 20 août 2016

La vraie gloire est ici "Ce quelque chose venu de loin"

Ce quelque chose - ou quelqu'un -
Venu de loin
Qui nous effleure avec douceur,
Dans la velléité de l'aube,
Pour nous annoncer que toujours
Le monde recommence.


Il nous entoure d'une tunique d'herbe
Et de rosée,
Puis s'en va à pas d'écureuil,
Nous laissant inter-dits;
Dans le jour iné-dit
Qui déjà commence.


François Cheng  "La vraie gloire est ici"  Gallimard
1° partie "Par ici nous passons"

vendredi 19 août 2016

La vraie gloire est ici "Bleus"

Diaprée compagnie,
Vous les ancolies
D'arcs-en-ciel nimbées
Ou de brume de nuit.
Une saison durant
Vous nous sauvez de
 La mélancolie
Bleus de la profondeur,
Nous n'en finirons pas
         d'interroger votre mystère.
L'illimité n'étant
Point à notre portée,
        Il nous reste à creuser, ô bleus
Du ciel et de la mer,
Votre mystère qui n'est autre
        Que nos propres bleus à l'âme.



François Cheng "La vraie gloire est ici"  Gallimard
1° partie "Par ici nous passons"


jeudi 18 août 2016

Aujourd'hui cinq mots essentiels

 « Coeur Aimer Instant Eternité Femme »
Cinq mots essentiels, si essentiels, qu'imaginez vivre sans ce qu'ils nomment me paraît impossible : Que serait le monde sans l'éternité dans ce tout petit instant ? Un coeur sans paix ? La poésie sans chant ? L'amour sans espoir ? Le paradis sans jardin ? La vie sans la femme ?  La terre sans eau ? L'arbre sans le ciel ?
L'homme est né pour aimer, voilà pourquoi le coeur bat, c'est aussi simple que ça.
Cinq mots, c'est aussi « Je t'aime mon amour » mais mon amour s'en est allé.

Barbe Bleue

Le thème du trimestre à la Médiathèque de St-Etienne sera Barbe Bleue. Il y aura un atelier d'écriture, ouvert à tous, le mardi en fin de journée, à Terrenoire. Il s'agira de réécrire Barbe bleue, à la sauce théâtrale et dans un contexte contemporain. Une troupe de théâtre en résidence mettra la pièce en scène avec l'histoire ainsi réécrite et le spectacle sera joué en décembre. nous sommes les très bienvenus.

Quelques formes








mardi 9 août 2016

Aujourd'hui des papiers

 Les montagnes nous entourent, la fraîcheur est encore là, bien qu'on sente que la journée sera très chaude, une prairie, deux grands saules, aucune maison aux alentours. Des centaines de papiers pliés en fleurs de lotus jonchent le sol tels des fleurs de cerisiers au printemps. Une douzaine de personnes, visages illuminés de bonheur, d'amitié partagée et de connivence se penchent, saisissent les papiers et sur la pointe des pieds, les deux bras dressés, attachent délicatement par un fil invisible, une à une, les délicates fleurs au bout des branches. La brise les berce, et lorsque l'accrochage est terminé, le soleil est déjà bien haut dans le ciel : mille petits lampions dansent dans les saules sous nos yeux émerveillés. »




photo JFB