Maison de pain d'épices |
dimanche 11 décembre 2016
samedi 10 décembre 2016
Des points-virgules en forme de coeur et une couronne tressée pour toi
Cette année elle t'est dédiée ; à toi qui est arrivée ; comme un météore dans ma vie ; m'a fait redécouvrir la passion ; souvent quand je conduis ; tu t'assieds à ma droite ; passagère avec qui j'ai de longues discussions ; je sais que tu n'en as pas terminé ; de me transmettre ; l'essentiel.
TRANCHE DE VIE;
Un lit ou peut-être deux; des femmes et des hommes; des hommes et des femmes qui s'agitent; se heurtent sans se voir; se précipitent; des femmes en blanc des hommes en bleu; ou l'inverse; des coursiers du soin vulnérables; en sous-nombre. Moi au fond du lit; d'abord je ne suis rien; je ne suis plus rien; je suis un tout malade; un tout voué à l'infection qui me ronge; ma respiration courte se perd en avant de mes lèvres; un souffle qui ne m'emmène plus; qui ne m'amène plus le monde; je perds le temps; je perds son sens. Des couloirs longs si longs; si froids ; du gris partout; sur les murs sur le sol silencieux; des néons qui éclaboussent les visages blafards. Et on pousse une porte; royaume de la lumière cinglante démultipliée; pieuvre tentaculaire au plafond; royaume du métal; des cliquetis hurlants puis des chuintements. Un cathéter sur la main; le sang gicle; des pansements; accélération des mouvements; un masque sur la bouche; le trou noir.
Un lit ou peut-être deux; des femmes et des hommes; des hommes et des femmes qui s'agitent; se heurtent sans se voir; se précipitent; des femmes en blanc des hommes en bleu; ou l'inverse; des coursiers du soin vulnérables; en sous-nombre. Moi au fond du lit; d'abord je ne suis rien; je ne suis plus rien; je suis un tout malade; un tout voué à l'infection qui me ronge; ma respiration courte se perd en avant de mes lèvres; un souffle qui ne m'emmène plus; qui ne m'amène plus le monde; je perds le temps; je perds son sens. Des couloirs longs si longs; si froids ; du gris partout; sur les murs sur le sol silencieux; des néons qui éclaboussent les visages blafards. Et on pousse une porte; royaume de la lumière cinglante démultipliée; pieuvre tentaculaire au plafond; royaume du métal; des cliquetis hurlants puis des chuintements. Un cathéter sur la main; le sang gicle; des pansements; accélération des mouvements; un masque sur la bouche; le trou noir.
vendredi 9 décembre 2016
jeudi 1 décembre 2016
Hommage à une grande dame
Mado c'est à toi que je
m'adresse : je sais que tu es retournée dans ce « bleu »
dont tu nous parlais constamment et que tu as passé ta vie à
essayer de peindre.
Aux pages 22 à 24 de ton
beau livre *, tu décris au plus près et au plus simple avec tes
mots à toi ce lieu que tu souhaitais rejoindre. Tu as toujours voulu
retrouver cet état comme tu l'écris et que dire de plus que tes
mots à toi, je te cite :
« Il y eut cet
instant dont je suis revenue alors que j'aurais tellement voulu ne
pas en revenir. Cet instant que je vais tenter de dire : quelque
chose soudain craque, la corde a craqué comme des amarres qu'on
lâche ; je suis deux. Je dis oui. J'accepte inconditionnellement,
j'accepte complètement, totalement de mourir. « Quelque chose
en moi » accepte. Je lâche, ça lâche, je suis d'accord, je
meurs ; « une volonté venue d'ailleurs » me fait tout
lâcher, je suis deux : une en bas, une en haut ; et instantanément
je « tombe » mais pas en bas, en haut, je tombe, je me
trouve dans le bleu … Du bleu profond – vif, beau, décorporée,
je n 'ai plus de corps, je suis envolée ailleurs en pleine
conscience … et c'est une immensité infinie. Plus de corps, je ne
sens plus rien physiquement – je dirais plus tard ils auraient pu
me couper en tranches, en morceaux -, je ne sens plus rien de
physique, plus de souffrance, mon corps n'est plus là mais j'ai
conscience de tout, je les entends parler, je sais que c'est moi et
pas moi, que je n'ai plus de corps physique, état de plénitude
infinie, de vide infini, de solitude sereine infinie, de silence et
de calme infinis, de paix, de RIEN, d'élargissement dans une paix
immense, quelque chose de serein, de silencieux, d'absolument
silencieux, de vaste, solitude ineffable et sereine, c'est bleu, il y
a une présence et pourtant rien. Je ne suis pas et pourtant je
suis. Je suis un immense cerveau, le cerveau unique de l'univers. Le
monde n'existe plus mais il existe quelque chose en démultiplié,
une seule immensité dont j'ai parfaitement conscience. Je suis en
vie avec un regard qui voit à trois cent soixante degrés. J'ai
conscience, je les entends parler … Je fais partie ou plutôt je
suis cette immensité et ce silence, je suis seule, unique,
indiciblement bien. Je suis TOUT. Je suis ce vide et ce plein, ce rien
et ce tout cette « éternité ». Ce n'est pas possible de
l'expliquer il n'y a pas de mots pour ces images et cet état.
J'étais sortie du corps et du monde matériel. Je ne sais si cela a
duré quelques secondes, quelques minutes ou plus ... »
J'ajouterai seulement ces
quelques mots aux tiens si forts.
Ceux-ci ont été écrits
par Hélène Cixous quand je lui ai appris ta mort : «
Madeleine s'est mise en liberté. Naturellement nous la garderons
vivante. »
Et ceux-là par deux
amies rencontrées cet été : « Madeleine est partie et le
bleu elle l'a retrouvé avec toute la sérénité, le rien, le tout
qu'elle a décrit si fortement »
* « Algérie le
soleil et l'obscur » Madeleine Chaumat éditions La Rumeur libre
mercredi 23 novembre 2016
Croire encore en la vie et en l'âme
La campagne autour du village |
Après
le couperet de samedi « Madeleine en soins palliatifs »,
Trump à la Maison Blanche, Alep à feu et à sang, la Syrie
exsangue, le contexte mondial mortifère dans lequel nous baignons
chaque jour ..., j'étais à deux doigts de me laisser sombrer dans
la morosité générale et j'ai bien failli décliner l'invitation de
mon amie Myriam au Festin des Arts & Les portes de l'imaginaire
qui se déroulait le lendemain dans son village de St Didier sur
Rochefort. Et puis, par amitié et respect pour elle et son travail,
je me suis résignée. Partie, le moral en vrille, j'en suis revenue
l'espoir retrouvé. Oui, la vie est là, palpitante, comme l'âme en
chacun d'entre nous, cette partie si essentielle dont aujourd'hui on
n'ose à peine prononcer le nom.
Depuis
plus d'un an, Myriam avait un projet : réunir les différents
créateurs éparpillés et travaillant seuls dans leur coin, les
faire se rencontrer et travailler avec la Communauté Thérapeutique
des Portes de l'imaginaire (Association Rimbaud) qui est un lieu
d'accueil résidentiel ouvert à tous ceux et celles souhaitant
s'engager dans une démarche de soin de leur addiction, lieu de
reconstruction basé sur la vie communautaire. Par son énergie
débordante, sa foi en la vie, Myriam est parvenue à fédérer
toutes ces bonnes volontés, à les faire se rencontrer, discuter,
élaborer ensemble un projet qui, après des mois et des mois de
travail a abouti à cette merveilleuse réussite : des expositions
dans onze lieux différents de ce petit village (le salon du
coiffeur, l'ancien bar, le jeu de boules, la Maison d'accueil rurale,
la mairie, l'épicerie, l'église …).
Tous les habitants
étaient concernés, chacun y est allé de sa contribution. Mais ce
n'est pas tout : une oeuvre collective a vu le jour, résultat de
toutes les discussions, des idées de chacun, réalisée au fil des
mois par toutes les mains présentes. Ce dimanche : dévoilement de
l'oeuvre, repas festif, fête au village. Nous étions tous réunis
dans la Salle des fêtes, les bénévoles avaient préparé les repas
(plus de 100 repas ont été servis), de grandes tables ont été
dressées. J'ai choisi de m'asseoir parmi les personnes de la
communauté thérapeutique, les discussions se sont engagées, les
jeunes enfants riaient, lisaient, jouaient. Ils m'ont conté les
souffrances des premières semaines, les joies de vivre ici, ce
qu'ils avaient perdu et les espoirs devant eux, la nouvelle vie
qu'ils projetaient. Il régnait en cette salle une telle chaleur
humaine, une telle fraternité, tant d'ardeur et de joie, tant
d'espoir que l'âme de chacun -vous savez cette petite chose si
essentielle, si première et si dernière puisqu'elle nous accompagne
depuis toujours et pour toujours, cette flamme de vie – était
visible. Et quand l'âme est perceptible, le coeur se gonfle de joie,
à moins que ce ne soit le contraire, en tout cas, les hommes et les
femmes peuvent alors faire des miracles. Quand le repas fut terminé,
en un éclair les tables furent pliées, les spots éclairés et
l'oeuvre collective dévoilée.
C'est alors que les notes d'un piano s'élevèrent et qu'une danseuse
apparut, légère, serpentine, ondulante … sous les yeux
émerveillés d'une assemblée encore plus nombreuse. Myriam fit un
beau discours où elle conta qu'au Japon, lorsqu'un bol est cassé on
le répare et c'est la face réparée que l'on présente à l'invité
pour le thé, qu'en Afrique aussi on répare les calebasses et c'est
ainsi que l'oeuvre collective a été réalisé. Puis nous avons
admiré la brodeuse - spécialisée en broderie-or - œuvrer, les
tisserandes de matière noble, les peintres, sculpteurs, graveurs,
mosaïste.
Je ne vous dis pas que tout était des chefs-d'œuvre mais tous les
cœurs étaient là, avaient donné de leur temps, s'était investis
corps et âme. Et quand on sait ce qu'il faut d'énergie pour
rassembler tant de gens et de talents et les faire travailler
ensemble, on se dit que là, a eu lieu un petit miracle, avec un chef
d'orchestre hors pair.
J'ai
repris la route, le cœur gonflé à bloc, pleine d'espoir et de
courage pour affronter la nouvelle semaine, tenir la main de
Madeleine avec confiance et force et certaine de pouvoir l'aider.
Alors,
lorsque j'aurai peur de paraître ridicule en parlant de mon âme, je
ne l'étoufferai pas. Je la laisserai s'épanouir, j'oserai le
dépassement, le désir, j'oserai croire en la puissance de nos
désirs réunis. En ces temps troublés, je sais qu'il faut oser
rêver, œuvrer, avec cette foi en la vie.
PS :
Pour ceux qui auraient encore un doute sur l'existence de l'âme, je
tiens à préciser que Myriam, entre autres qualités, est
non-voyante.
samedi 12 novembre 2016
Sur le seuil, provisoire
Nous
irons à Mossoul
Nous
irons à New York
Nous
irons au Bataclan
Nous
irons dans ce petit village de la Dordogne où l'on plume les oies
vivantes pour en faire des doudounes de luxe, où la police des
champignons patrouille et vous confisque votre panier si vous n'êtes pas dans ses petits papiers.
Nous
irons à Alep, chercher du savon de Marseille, nous n'irons pas à
Calais,
Circulez !
Nous
irons en Suisse, bien sûr, pays de la liberté neutre et propre, où
les bottes bien cirées ne demandent qu'à marcher
Nous
serons là, sur le pas de la porte, à humer le vent, à déduire son
orientation, à admirer la lumière de Novembre sur le bouleau doré et
plein d'oiseaux qui regardent le monde de plus haut.
Nous
mettrons un pied sur la première marche de l'escalier qui se dérobe,
travaillé dans ses minces fondations par les racines des arbres qui
se sont plantés là, tous seuls, comme des arbres émigrés.
En
fait nous resterons là sur le seuil, la valise au bout du bras qui
s'allonge sous son propre poids de valise, jusqu'à la laisser
reposer sur le palier. Les mains pendantes
Au
seuil de quitter cette maison, nous aurons une pensée pour ceux qui
sont venus de loin, l'ont habitée avant nous, l'ont construite,
même. Nous aurons une pensée pour ces gens, venus du Sud ou de l'Est
de l'Europe, ces crève-la-faim chercheurs d'eldorado preto,
transformés en taupes le temps d'attraper la silicose, ressortis à
l'air libre quand leurs poumons ne pouvaient plus l'aspirer. Nous
aurons une pensée pour ces esclaves importés par la Compagnie de la
Méditerranée qui pensaient retrouver la mer et se sont retrouvés sous terre.
Nous
resterons sur le seuil à écouter les doubles discours apportés par
le vent dans le criaillement des étourneaux
Nous
penserons qu'un jour la Terre n'était/ne sera/ n'est - qu'un seul
pays. "On tourne en rond, y a rien à faire, c'est la malédiction du système solaire" chantais-je, il y a longtemps.
Nous
consulterons le Dictionnaire des migrations, fascinées par les
flèches rouges, vertes, bleues, aux mouvements puissants et
incurvés.
Des
flèches pour les peuples errants, des flèches du Sud vers le Nord,
de l’Est vers l'Ouest, mais toujours à la lisière du méridien de
ceinture, au-delà duquel il fait froid, il fait nuit, il fait océan.
Nous
étions prêtes à partir, à quitter, à décamper, à fuir,
Parce
que le chef ne nous convenait pas, parce que les petits cons sous nos
fenêtres nous pourrissaient la vie, parce qu'il y avait décidément
trop de vent à présent, pas assez de neige, passablement de
moustiques et énormément de pyrale du buis. Nous étions prêtes à
déménager parce que les loyers étaient devenus exorbitants, le
voisinage trop 4/4 ou pas assez.
Dans
la valise nous avions mis quelques doudous, des bonnets de rechange
et des paires de lunettes aussi. Des crayons et des cahiers, de
l'aspirine et du pain dur.
La
valise est légère, elle est vieille et rafistolée, elle a beaucoup
servi. Voyages d'agréments, « escapades », tourisme
professionnel. Une valise dorée qui a connu les soutes, les
compartiments non fumeurs, les plate formes d'où l'on peut passer
ses appels téléphoniques, et le garage du dessus de l'armoire.
Nous
irons à Mossoul voir les djihadistes entraîner dans leur « martyr »
des martyrs non volontaires, et les libérateurs de rue faire des
omelettes avec des œufs humains.
Nous
irons à New York défiler avec les Américains -qui n'ont pas voté…
Nous
irons à Lampedusa, à Lisboa, à Lesbos
Nous
irons à Saint-Pétersbourg, à Libreville, à Istanbul, à
Reykjavik, à Papeete. Et si nous allions « là-bas » ?
Nous
resterons sur le seuil, ma petite fille et moi, à humer encore le
vent et puis nous resterons là, car il n'y a nulle part où aller.
Sur le seuil, provisoire
Nous
irons à Mossoul
Nous
irons à New York
Nous
irons au Bataclan
Nous
irons dans ce petit village de la Dordogne où l'on plume les oies
vivantes pour en faire des doudounes de luxe, où la police des
champignons patrouille et vous confisque votre panier si vous n'êtes pas dans ses petits papiers.
Nous
irons à Alep, chercher du savon de Marseille, nous n'irons pas à
Calais,
Circulez !
Nous
irons en Suisse, bien sûr, pays de la liberté neutre et propre, où
les bottes bien cirées ne demandent qu'à marcher
Nous
serons là, sur le pas de la porte, à humer le vent, à déduire son
orientation, à admirer la lumière de Novembre sur le bouleau doré et
plein d'oiseaux qui regardent le monde de plus haut.
Nous
mettrons un pied sur la première marche de l'escalier qui se dérobe,
travaillé dans ses minces fondations par les racines des arbres qui
se sont plantés là, tous seuls, comme des arbres émigrés.
En
fait nous resterons là sur le seuil, la valise au bout du bras qui
s'allonge sous son propre poids de valise, jusqu'à la laisser
reposer sur le palier. Les mains pendantes
Au
seuil de quitter cette maison, nous aurons une pensée pour ceux qui
sont venus de loin, l'ont habitée avant nous, l'ont construite,
même. Nous aurons une pensée pour ces gens, venus du Sud ou de l'Est
de l'Europe, ces crève-la-faim chercheurs d'eldorado preto,
transformés en taupes le temps d'attraper la silicose, ressortis à
l'air libre quand leurs poumons ne pouvaient plus l'aspirer. Nous
aurons une pensée pour ces esclaves importés par la Compagnie de la
Méditerranée qui pensaient retrouver la mer et se sont retrouvés sous terre.
Nous
resterons sur le seuil à écouter les doubles discours apportés par
le vent dans le criaillement des étourneaux
Nous
penserons qu'un jour la Terre n'était/ne sera/ n'est - qu'un seul
pays. "On tourne en rond, y a rien à faire, c'est la malédiction du système solaire" chantais-je, il y a longtemps.
Nous
consulterons le Dictionnaire des migrations, fascinées par les
flèches rouges, vertes, bleues, aux mouvements puissants et
incurvés.
Des
flèches pour les peuples errants, des flèches du Sud vers le Nord,
de l’Est vers l'Ouest, mais toujours à la lisière du méridien de
ceinture, au-delà duquel il fait froid, il fait nuit, il fait océan.
Nous
étions prêtes à partir, à quitter, à décamper, à fuir,
Parce
que le chef ne nous convenait pas, parce que les petits cons sous nos
fenêtres nous pourrissaient la vie, parce qu'il y avait décidément
trop de vent à présent, pas assez de neige, passablement de
moustiques et énormément de pyrale du buis. Nous étions prêtes à
déménager parce que les loyers étaient devenus exorbitants, le
voisinage trop 4/4 ou pas assez.
Dans
la valise nous avions mis quelques doudous, des bonnets de rechange
et des paires de lunettes aussi. Des crayons et des cahiers, de
l'aspirine et du pain dur.
La
valise est légère, elle est vieille et rafistolée, elle a beaucoup
servi. Voyages d'agréments, « escapades », tourisme
professionnel. Une valise dorée qui a connu les soutes, les
compartiments non fumeurs, les plate formes d'où l'on peut passer
ses appels téléphoniques, et le garage du dessus de l'armoire.
Nous
irons à Mossoul voir les djihadistes entraîner dans leur « martyr »
des martyrs non volontaires, et les libérateurs de rue faire des
omelettes avec des œufs humains.
Nous
irons à New York défiler avec les Américains -qui n'ont pas voté…
Nous
irons à Lampedusa, à Lisboa, à Lesbos
Nous
irons à Saint-Pétersbourg, à Libreville, à Istanbul, à
Reykjavik, à Papeete. Et si nous allions « là-bas » ?
Nous
resterons sur le seuil, ma petite fille et moi, à humer encore le
vent et puis nous resterons là, car il n'y a nulle part où aller.
vendredi 4 novembre 2016
on ne sait jamais
entendue ce matin (dans la chronique de François Morel sur France Inter) la chanson de Juliette : "Aller sans retour"
Ce que j´oublierai c´est ma vie entière,
Ce que j´oublierai c´est ma vie entière,
La rue sous la pluie, le quartier désert,
La maison qui dort, mon père et ma mère
Et les gens autour noyés de misère
En partant d´ici
Pour quel paradis
Ou pour quel enfer?
J´oublierai mon nom, j´oublierai ma ville
J´oublierai même que je pars pour l´exil
Il faut du courage pour tout oublier
Sauf sa vieille valise et sa veste usée
Au fond de la poche un peu d´argent pour
Un ticket de train aller sans retour
Aller sans retour
J´oublierai cette heure où je crois mourir
Tous autour de moi se forcent à sourire
L´ami qui plaisante, celui qui soupire
J´oublierai que je ne sais pas mentir
Au bout du couloir
J´oublierai de croire
Que je vais revenir
J´oublierai, même si ce n´est pas facile,
D´oublier la porte qui donne sur l´exil
Il faut du courage pour tout oublier
Sauf sa vieille valise et sa veste usée
Au fond de sa poche un peu d´argent pour
Un ticket de train aller sans retour
Aller sans retour
Ce que j´oublierais... si j´étais l´un d´eux
Mais cette chanson n´est qu´un triste jeu
Et quand je les vois passer dans nos rues
Étranges étrangers, humanité nue
Et quoi qu´ils aient fui
La faim, le fusil,
Quoi qu´ils aient vendu,
Je ne pense qu´à ce bout de couloir
Une valise posée en guise de mémoire
La maison qui dort, mon père et ma mère
Et les gens autour noyés de misère
En partant d´ici
Pour quel paradis
Ou pour quel enfer?
J´oublierai mon nom, j´oublierai ma ville
J´oublierai même que je pars pour l´exil
Il faut du courage pour tout oublier
Sauf sa vieille valise et sa veste usée
Au fond de la poche un peu d´argent pour
Un ticket de train aller sans retour
Aller sans retour
J´oublierai cette heure où je crois mourir
Tous autour de moi se forcent à sourire
L´ami qui plaisante, celui qui soupire
J´oublierai que je ne sais pas mentir
J´oublierai de croire
Que je vais revenir
J´oublierai, même si ce n´est pas facile,
D´oublier la porte qui donne sur l´exil
Il faut du courage pour tout oublier
Sauf sa vieille valise et sa veste usée
Au fond de sa poche un peu d´argent pour
Un ticket de train aller sans retour
Aller sans retour
Ce que j´oublierais... si j´étais l´un d´eux
Mais cette chanson n´est qu´un triste jeu
Et quand je les vois passer dans nos rues
Étranges étrangers, humanité nue
Et quoi qu´ils aient fui
La faim, le fusil,
Quoi qu´ils aient vendu,
Je ne pense qu´à ce bout de couloir
Une valise posée en guise de mémoire
vendredi 28 octobre 2016
Partir, tout laisser
Partir ( Devoir partir dans l'urgence : pourquoi, qu'emporter, où aller)
... Sans doute me faut-il,
d'abord, rappeler comment « partir, migrer, s'enfuir, tout
quitter » s'est inscrit en moi, bien avant ma naissance : ma
mère, dix-sept ans fuit l'arrivée des russes après le bombardement
de Dresde dans lequel ont péri ses parents. Fille unique, elle
quitte l'Allemagne, avec une seule adresse en tête « Beaurepaire,
Isère, France » qu'un prisonnier français, l'amour de sa vie
- ainsi pense t-on quand on a dix sept ans - lui a un jour donné.
Elle n'a sur le dos qu'une petite robe, de mauvaises chaussures aux
pieds, un maigre baluchon dans lequel il y a - paraît-il, personne
n'est plus là pour le confirmer - une tasse en porcelaine, fétiche
précieux de cette enfance perdue à jamais. Elle traverse
l'Allemagne en feu, la France où elle est déjà la sale étrangère
dont personne ne veut, l'ennemie, pour enfin, grâce à diverses
aides croisées sur sa route, débarquer dans une ferme française où
la mère qui a perdu deux fils dans cette sale guerre, un troisième
ayant pris le maquis, l'enferme aussitôt au grenier pour la cacher.
Nul ne doit savoir qu'une boche se cache ici, pire qu'une tondue.
Ainsi, dans mes gènes, moi qui ai été conçue doublement enfermée,
là dans ce grenier, « la fuite, partir, tout laisser »,
sont-ils à jamais tatoués ...
Si
je dois fuir, ce serait devant quoi ? Des intégristes,
des fous de Dieu qui enferment les femmes, leur coupent mains et
clitoris, leur cousent les yeux, la bouche et le sexe ; de ceux qui
mutilent, décapitent, torturent ...
Devant une
catastrophe nucléaire, juste fuir, fuir, fuir parce qu'incapable de
rester en place, par panique, sachant très bien que ça ne changera
rien à rien
Partir, tout
quitter, rêve vieux comme l'humanité, non sous la pression d'un
danger extérieur mais par un puissant désir interne, ne pas laisser
de traces, disparaître
Qu'emporter
? La question me semble dérisoire depuis que le feu a
brulé notre maison et que j'ai profondément compris que tous ces
objets auxquels je croyais tellement tenir, ne m'avaient pas manqué
du tout mais que, ce dont j'avais souffert, dans ma chair, avait été
le manque de toit sur ma tête, l'absence absolue de repères. Tout
le reste était superfétatoire, fils à la patte, dérisoire,
totalement inutile et sans intérêt face au profond désarroi
d'avoir perdu un lieu, une maison, un toit. Donc, ce que j'aimerais
emporter, c'est cette coquille-là. Escargot, tortue, voilà ce que
nous sommes. Voilà ce qu'il nous faut, pas plus : une cabane comme
celles que construit Louise Bourgeois, à notre taille, pour nous y
réfugier, un ventre où nous lover, juste de quoi nous retourner et
écouter le vent, les oiseaux et la pluie.
Mais si je prends une
valise, pas deux – outre la fatigue et l'encombrement, je serais
bien incapable de les porter, trop mal au dos- qu'y mettrai-je ?
Donc dans ma valise
: des médicaments sans lesquels ma tension et mes artères ne
me permettraient pas d'aller très loin, dans ce cas-là, pourquoi
fuir …
Quelques livres :
François Cheng « Les méditations sur la beauté ou sur la
mort », sa poésie « La vraie gloire est ici »,
« Le premier mot » de Pierre Bergounioux pour lire,
relire et m'imprégner de la première phrase ; « Ce qui se
donnait pour la réalité et qui a tenu, longtemps, dans un cercle de
un kilomètre de diamètre, à peu près, m'a inspiré d'emblée un
puissant déplaisir. J'y ai remédié avec les moyens du bord, penser
délibérément à autre chose, rêvasser, faute des explications
appropriées. Elles se trouvaient hors d'atteinte, plus au sud, dans
le passé. Lorsque j'ai fini par me les procurer, il était trop
tard. La vie qui me convenait se sera écoulée en mon absence, au
loin », un Erri de Luca, difficile de choisir un titre,
peut-être « Tu, mio » ? Pema Chödrön « Conseils
à une amie pour des temps difficiles »,
Mon ordi et mon téléphone
… mais ??? Pourrais-je vraiment m'en servir ???
Un savon, une brosse,
quelques vêtements chauds, de bonnes godasses : de quoi être
propre. J'ai horreur du laisser-aller, du débraillé
Un bout de miroir pour
rester un être humain
Quelques briquets
Des crayons mine et du
papier … C'est vite plein une valise
Un peu de bouffe, des
papiers, de l'argent, des bijoux pour échanger …
Elle ne ferait pas une
photo extraordinaire ma valise, non pas du tout … mais tous ces
objets rassemblés pour faire semblant qu'il me reste encore quelques
attaches
Je
vais où ? Droit devant moi
Tout dépend de la cause
pour laquelle je fuis.
Si c'est face à une
catastrophe nucléaire, je cours à perdre haleine, n'importe où.
Partout c'est l'horreur, ceux que je croise, la nature, dans mon
souffle ... La terreur et l'horrible peur partout
Si je fuis à cause de
l'arrivée de djihadistes, je pars de cachettes en cachettes vers le
Nord, Belgique, Suède, Danemark, parce que stupidement, il me semble
que là-haut ils sont moins nombreux… J'y ai souvent pensé lorsque
nous entendions des récits de prise d'otages : comment survivre dans
une cave, comment ne pas mourir d'angoisse, comment simplement rester
en vie quand on a déjà beaucoup vieilli et que l'on est dépendant
des médicaments, de la nourriture, des soins, du repos et du confort
? Le corps est-il encore capable de s'adapter ? Survivrais-je à des
conditions de vie difficiles ?
Si je pars pour des
motifs internes, alors je file peut-être vers l'Afrique, Bénin,
Abomey, là, je sais où me réfugier, j'ai de bons amis sur lesquels
compter. Ou bien un billet d'avion, craquer toutes mes économies et
filer sur une île dans une mer chaude, loin, très loin ou alors
tout près, dans le Lot, l'Aveyron, trouver un village isolé où
louer une petite maison avec un jardinet pour y couler des jours
paisibles, sans visites, juste vivre avec le silence et le temps qui
me bercent, assise sur un petit banc appuyé à un mur côté ouest
de la maison, face au jardin et au soleil qui décline en même temps
que mes forces, me laisser chauffer par le soleil, laisser ronronner
mes articulations avant de m'asseoir au coin du feu et d'aller lire
sous l'édredon, ma bouillotte au creux des reins.
(Vous disiez « On
ne sait jamais », j'écrirais « On sait toujours»)
jeudi 27 octobre 2016
On ne sait jamais
(Devoir partir dans l’urgence: pourquoi, qu'emporter, où aller)
Feu, inondation, tremblement de terre
Violences politiques, économiques
Tapages
se voir voler sa place
banqueroute
devenir persona non grata
maladie paralysie
tête en l’air
Des valises vides
de photos, papiers administratifs
débarrassées des souvenirs
enlisés sous la graisse des paroles inutiles
Juste un corps, pris au dépourvu
ayant la légèreté d’une souris craintive
filant se cacher
après un dernier baroud de coquetterie
Se terrer, s’enterrer, s’entêter, rester
Prendre n’importe quel chemin
Goûter à l’errance du voyageur qui ne sait où aller
Voguer sur les GR, les voies ferrées, les chemins de
traverse
Voler de quoi rêver
Boire aux sources, fendre le gel
Coûte que coûte suivre l’étoile du Sud
Et se réveiller à Eboli.
Et se réveiller à Eboli.
lundi 24 octobre 2016
Un automne glorieux
Récolte de lavande |
Conques |
"Le curieux" Portail de Conques |
Petit matin sur la vallée du Lot |
Ciel drômois |
Forêt de Saou (Drôme) |
Octobre, entre Cantal, Aveyron, Lot et Drôme ... mon coeur balance. Ce qu'il me dit, c'est qu'il choisit la campagne et aussi l'automne, qui entre toutes les saisons le séduit le plus. Ciel bleu ou brouillard, fruits de toutes les couleurs et pour tous les goûts, cueillettes à n'en plus finir, je ne choisis pas et me remplis les bras, les yeux et le coeur à profusion.
Entre balades, cuisine, tours au cimetière paisible de mon petit village, farniente au coin du feu, mes journées sont rondes et douces.
Entre balades, cuisine, tours au cimetière paisible de mon petit village, farniente au coin du feu, mes journées sont rondes et douces.
mardi 18 octobre 2016
jeudi 22 septembre 2016
dimanche 11 septembre 2016
ANNIVERSAIRE,
Sur l'écran noir de tes nuits blanches...
Indice 60
Le rideau est levé
Protection rapprochée
Nombre asséné pour estomac noué
Mais pourtant ont dansé danseront
Encore des mots
Motifs de papier
Volutes doubles-croches
Sarabandes en syncope
A faire vibrer tes matins frileux-joyeux
Des étés indécis.
Indice 60
Se délecte du temps qui s'agrippe
A tes désirs insoupçonnés
A tes exhortations
Espérances en couleur
Eclats de rire
Eclats de dire
Attente en demi-teinte
Petit papier crépon qui flotte et s'accroche
A la passion-caprice
Indice 60
les démons du sommeil
Complotent
Leurs insomnies licites
Accoucheuses de mots d'amour-humour
De rages insoumises
Indice 60
Paillettes confondues
Dans tes yeux lumineux
Dans ta voix
Dans tes mains
Dans tes gestes offrandes ouvertes
A l'avenir.
Arbre à secrets du plaisir
Des âmes vagabondes
Arbre à secrets du doute
Indice 60
Ecran total
En bleu et en technicolor
Du temps qu'il fait pour vivre
Longtemps longtemps
Encore
Ainsi
J' y glisse l'amitié.
vendredi 9 septembre 2016
Aujourd'hui, des papiers pliés dans le vent.
Hier, avant hier, des pages découpées en carré dans un livre sauvé de l'oubli, de la disparition ; dans ses pages des mots de poésie, "le mot et la chose", Francis Ponge. Le carré de papier se transforme, il est plié en montagne, en vallée, par des lignes traversé, il devient pyramide ; quatre pétales se dressent autour du sommet d'un casque de samouraï, le mont-fuji apparait ; et puis le lotus, symbole de la pure beauté née des marécages avec sa fleur qui s'élève au dessus des eaux troubles pour regarder la lumière...
Aujourd'hui, 238 fleurs de papier sur l'herbe verte poussées, cueillies, accrochées aux branches du saule pleureur bruissant ; chaleur estivale ; souvenir des mystérieux arbres à vœux croisés au Japon ; dans la lumière estivale de ce beau lundi d'août, des lotus blancs par le vent balancés, chahutés, portent dans leurs plis un message caché et quelques mots dévoilés, en suspension ; de la poésie se diffuse...
© photo JFB
jeudi 8 septembre 2016
Aujourd'hui croire que ...
... la justice est impartiale alors que j'ai constaté -nous avons tous
constaté- que durant plus de 2h30, un des assesseurs roupillait à
poings fermés à tel point que le Président de la Cour d'Appel de
Lyon a dû interrompre l'avocat de la défense dans son plaidoyer,
dans le but de réveiller le dit-assesseur. Il a dû faire sortir la
cour, interrompre le procès, sans doute intimer à l'assesseur de se
passer la tête sous la douche puisque celui-ci est rentré
fraîchement coiffé, l'air un peu plus éveillé mais visiblement
pas gêné pour un sou. Nous n'aurons le résultat des délibérés
que le 10/11 à 13h mais j'aimerais également que cet assesseur ait
une sanction et je m'y emploierai, juré, craché en l'air. »
J'assistais aujourd'hui de 13h30 à 17h, ainsi que de très nombreux
membres de l'ADMD (Association pour le Droit à Mourir dans la
Dignité) au Procès de Mr Jean Mercier, vieil homme de 88 ans
atteint de la maladie de Parkinson et revendiquant haut et fort son
acte : avoir aidé sa femme âgée de 83 ans à en finir avec ses
douleurs. Il passait en appel après avoir écoppé d'un an avec
sursis pour non-assistance à personne en danger. Lui, assure l'avoir
au contraire aidée et refuse cette condamnation pour non-assistance.
Quelle validité à ces
délibérations quand un des membres a dormi pendant toute la séance
? Et si vous vous endormiez sur votre poste de travail,
qu'adviendrait-il ? Je souhaite que toutes les lettres que recevra le
Président de la Cour d'Appel aboutissent à une sanction exemplaire
qui infléchira à l'avenir l'attitude des membres d'une cour. J'ai
malheureusement peu de chances de voir mon souhait aboutir, n'est-ce
pas ?
mercredi 31 août 2016
jeudi 25 août 2016
Ca sent la fin des vacances
Sur la route de Poët Sigillat |
Champ de lavande à Ste Jalle |
Marnes bleues |
Vue de Tarendol : au 1° plan, les marnes, énormes "pieds d'éléphant" |
En Drôme provençale-sud, les paysages annoncent avec douceur, la fin de l'été. Les lavandes sont coupées, les distilleries fument et embaument, les herbes se courbent sous les graines et les feuilles des arbres jaunissent. On peut toujours penser que c'est la chaleur torride de ces derniers jours qui en est responsable ...
J'aime particulièrement cette période où arrivent les premiers raisins, où je glane prunes, poires et mûres alors que déjà les touristes s'en vont.
Bellecombe, Tarendol, Poët Sigilat, Buis les Baronnies, Nyons, Remuzat ... une autre Drôme plus sèche que la mienne, plus pierreuse, où mon fils a élu domicile avec bonheur.
Ce sera ma dernière carte postale de l'été.
Ce sera ma dernière carte postale de l'été.
dimanche 21 août 2016
La vraie gloire est ici "Lorsque l'âme se fait entendre"
Lorsque l'âme se fait entendre,
Cette voix murmurante, ponctuante,
Qui est source de tout chant,
Basse continue ne connaissant
Ni borne ni arrêt,
L'espace est vaincu et le temps aboli.
Mais l'âme ne se fait entendre
Qu'en résonance avec une âme autre,
Lèvre à lèvre,
Coeur à coeur,
Deux voies mêlées, reliantes, ruisselantes,
Joignant soudain les feuilles
Jonchant le sol
Aux nuages nimbant les cimes.
Lorsqu'enfin les âmes se font chant,
Par dessus l'abîme des jours,
Une étincelle suffit pour rallumer
Toute flamme immémoriale :
Du fond du désir originel
Emerge alors le souffle rythmique,
Strate sur strate,
Bord à bord,
Le voilà qui recommence
L'éternité - instant.
François Cheng "La vraie gloire est ici" Gallimard
3° partie Passion
Cette voix murmurante, ponctuante,
Qui est source de tout chant,
Basse continue ne connaissant
Ni borne ni arrêt,
L'espace est vaincu et le temps aboli.
Mais l'âme ne se fait entendre
Qu'en résonance avec une âme autre,
Lèvre à lèvre,
Coeur à coeur,
Deux voies mêlées, reliantes, ruisselantes,
Joignant soudain les feuilles
Jonchant le sol
Aux nuages nimbant les cimes.
Lorsqu'enfin les âmes se font chant,
Par dessus l'abîme des jours,
Une étincelle suffit pour rallumer
Toute flamme immémoriale :
Du fond du désir originel
Emerge alors le souffle rythmique,
Strate sur strate,
Bord à bord,
Le voilà qui recommence
L'éternité - instant.
François Cheng "La vraie gloire est ici" Gallimard
3° partie Passion
samedi 20 août 2016
La vraie gloire est ici "Ce quelque chose venu de loin"
Ce quelque chose - ou quelqu'un -
Venu de loin
Qui nous effleure avec douceur,
Dans la velléité de l'aube,
Pour nous annoncer que toujours
Le monde recommence.
Il nous entoure d'une tunique d'herbe
Et de rosée,
Puis s'en va à pas d'écureuil,
Nous laissant inter-dits;
Dans le jour iné-dit
Qui déjà commence.
François Cheng "La vraie gloire est ici" Gallimard
1° partie "Par ici nous passons"
Venu de loin
Qui nous effleure avec douceur,
Dans la velléité de l'aube,
Pour nous annoncer que toujours
Le monde recommence.
Il nous entoure d'une tunique d'herbe
Et de rosée,
Puis s'en va à pas d'écureuil,
Nous laissant inter-dits;
Dans le jour iné-dit
Qui déjà commence.
François Cheng "La vraie gloire est ici" Gallimard
1° partie "Par ici nous passons"
vendredi 19 août 2016
La vraie gloire est ici "Bleus"
Diaprée compagnie,
Vous les ancolies
D'arcs-en-ciel nimbées
Ou de brume de nuit.
Une saison durant
Vous nous sauvez de
La mélancolie
Bleus de la profondeur,
Nous n'en finirons pas
d'interroger votre mystère.
L'illimité n'étant
Point à notre portée,
Il nous reste à creuser, ô bleus
Du ciel et de la mer,
Votre mystère qui n'est autre
Que nos propres bleus à l'âme.
François Cheng "La vraie gloire est ici" Gallimard
1° partie "Par ici nous passons"
jeudi 18 août 2016
Aujourd'hui cinq mots essentiels
« Coeur
Aimer Instant Eternité Femme »
Cinq mots essentiels, si
essentiels, qu'imaginez vivre sans ce qu'ils nomment me paraît
impossible : Que serait le monde sans l'éternité dans ce tout petit
instant ? Un coeur sans paix ? La poésie sans chant ? L'amour sans
espoir ? Le paradis sans jardin ? La vie sans la femme ? La terre sans
eau ? L'arbre sans le ciel ?
L'homme est né pour aimer, voilà
pourquoi le coeur bat, c'est aussi simple que ça.
Cinq
mots, c'est aussi « Je t'aime mon amour » mais mon amour
s'en est allé.
Barbe Bleue
Le thème du trimestre à la Médiathèque de St-Etienne sera Barbe Bleue. Il y aura un atelier d'écriture, ouvert à tous, le mardi en fin de journée, à Terrenoire. Il s'agira de réécrire Barbe bleue, à la sauce théâtrale et dans un contexte contemporain. Une troupe de théâtre en résidence mettra la pièce en scène avec l'histoire ainsi réécrite et le spectacle sera joué en décembre. nous sommes les très bienvenus.
mardi 9 août 2016
Aujourd'hui des papiers
Les montagnes nous entourent, la fraîcheur est encore là, bien
qu'on sente que la journée sera très chaude, une prairie, deux
grands saules, aucune maison aux alentours. Des centaines de papiers
pliés en fleurs de lotus jonchent le sol tels des fleurs de
cerisiers au printemps. Une douzaine de personnes, visages illuminés
de bonheur, d'amitié partagée et de connivence se penchent,
saisissent les papiers et sur la pointe des pieds, les deux bras
dressés, attachent délicatement par un fil invisible, une à une, les
délicates fleurs au bout des branches. La brise les berce, et
lorsque l'accrochage est terminé, le soleil est déjà bien haut
dans le ciel : mille petits lampions dansent dans les saules sous nos
yeux émerveillés. »
photo JFB |
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