samedi 8 décembre 2018

CARTOGRAPHIE # 17 les titres MPR

"Dans le rasoir ouvert de ma bouche"
Ce sera l'histoire éternellement réécrite de ma bouche en tant que passage : aller/retour ; dehors/dedans ; sec/humide. En d'autres temps, ce livre s'appelait : "Histoire d'un manque d'amour chronique ou autobiographie à usage interne". Comme une caverne à explorer, je descends au fond de mon corps en passant par cet orifice et vais à la recherche de la réponse qui est en chacun de nous.
Le rasoir ouvert est une difficulté supplémentaire dans l'exploration de mon moi intérieur car il s'agira ni de guillotiner ma vérité intérieure ni de trancher dans le vif de la sujette.
La fin s'il en advenait une, ne sera pas forcément happy, toutes les vérités ne sont pas bonnes à exhumer, mais je devrais quand même en sortir vivante.


"Je vais faire sang"
Tout au long du récit, le personnage féminin part à la recherche des liens de sang, parfois sanguinolents qu'elle a hérités de ses aïeux.
Ni pathos, ni mélancolie; il faut faire sang avec tous ceux et toutes celles qui l'ont engendrée, afin de faire avec, mais bon sang (mais c'est bien sûr !) ne saurait mentir !

"C'est comme avec les trous"
Ce livre très court n'a déjà pas été écrit.
C'est un trou de silence où ne pousse rien pas même une verdure.
C'est un livre qui ne doit pas être écrit. Les trous ne doivent pas être comblés, il faut savoir laisser les trous en l'état, les trous noirs comme ceux des autres nuances de rien et même les troulalalaitou qui sous leur air joyeux cachent parfois bien d'autres béances.
Il en reste toutefois quelques fragments mités dont les contours sont aussi précieux que des papyrus, que de saints suaires. On les retrouvera, tout trous qu'ils sont, entre les points de suspension, entre crochets de bouchers et parenthèses des absents. On les retrouvera dans les non-dits un peu fumeux, entre les branches des arbres qui cachent des forêts brisées par des tempêtes, dans les cavernes des bouches bées et dans celles de la carte, dans la structure même des pierres, des pouzzolanes et des granits, des trous de carrières et des ventres de maternité dont sont parfois nés des enfants-morts.
C'est comme avec les trous sera le livre dans le livre.
S'il avait été écrit, "C'est comme avec les trous" aurait sans doute valu à son auteure quelque prix prestigieux, mais elle préfère la politique de la page blanche.

"L'angle des pertes"
L'angle des pertes est le 5ème tome de la saga intitulée 

"La cartographie des souvenirs"

Dans le tome 1 "Sous les branches des sapins sourds" 
M. était encore enfant et l'auteure retraçait avec force détails son implantation originelle dans la carte et plus particulièrement sa vie joyeuse dans un petit trou  (...) de Haute Loire. On y croisait des ruisseaux et des pierres, des pierres et des vaches, des pierres et des gens, et même des gens-pierres.

Dans le tome 2, "la carte des visages perdus", M. quittait son trou natal pour un bourg pas tellement mieux loti en matière de nombres de photographes à l'hectare, mais pas mal en cailloux sur les chemins, ce qui aura des répercussions indélébiles sur son développement personnel. Le style de ce volume n'était pas sans rappeler celui de Giono, qui lui aussi a tant aimé les pierres.

Le tome 3 "on n'a pas le droit de dire les noms", révèle un secret essentiel. Un jour que M. faisait la vidange de sa 2CV, un événement avulsif vint bouleverser ses archipels intérieurs et toute sa géographie s'en trouva éparpillée.

Le Tome 4 "un éventail d'ailleurs" :  il y est question de sac à dos, de voyages sans arrêt, sans retour peut-être. Des ombres se prélassent entre 2 chapitres, des regards inutiles accompagnent tant bien que mal le road-movie immobile parfois, notamment quand le véhicule est en panne ou bloqué par des circonstances exténuantes.

Le tome 5 conclut momentanément cette oeuvre magistrale, qui nous aura conduits sur bien des voies de garage, nous aura livré pas mal de fake news avec de gros morceaux d'auto-fiction dedans, et entraîné dans nombre de métaphores géographiques dès lors que "Tout est pays perdu". (Téléramage)



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