dimanche 3 mars 2019

Danse d'insecte


Il glane à l'horizon de la nuit

butinant la mort fraîche

ce miel torchis d'ocre

suaire d'ombres perplexes.

Inoffensif dans sa nuit

Si frêle luciole

Si troublante, si jubilatoire

il a hâte d'arriver

ou de finir

on ne sait quoi.


                                            
La nuit dure

dans les arbres et le vent

il vole,

il est à ses mystères

il est un mur de roses

soutenant la nuit et ses mystères.

Inoffensif dans sa nuit

il va.





Tout est beau dans une langue à naître.

Le rouge rond des soleils tombés

l'étonne toujours

et le berce.

Son étonnement

juste clos sur un nom :

« Luciole »,

il vole sur des couleurs rêvées,

sur de simples paroles

Si petit, si troublant, si frêle.





Son étonnement est plein de forces

malgré les coutures des ans,

malgré les multiples brûlures,

Si être, c'est courir dans la combe, il est , il va,

dans le jeune blé,

d'errements en chutes,

il se relève longtemps, toujours

Sans hâte

si petit, si troublant.





Laconique,

merveilleusement debout,

lourd de moissons secrètes éternisées

il attend une main

nue, très blanche

qui chasserait tous ces visages

de sa mémoire immémoriale,

les disperserait

à la surface de l'eau.




Si être c'est « roucouler »

jusqu'à midi

dans le suaire cassant

d'une chaleur inouïe

devant laquelle les bleus s'écartent

et les vocables se ruinent,

bras ouvert

il est,

élément d'un futur

sans fin monnayant son oracle

telle une bête intraitable.



Un pourquoi s'élève
de sa voix dans les arbres,
si troublante
si petite.
Dans ma paume,
la table est dressée
si troublante se fait la nuit.






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