mercredi 16 mai 2012

De quels labyrinthes


De quels labyrinthes me suis-je enfuie ? Je veux parler de ces chemins qui n’ont plus court, faute de destinataire. De cet état d’esprit, lorsque on va visiter une personne « en fin de vie », puis un mourant, puis saluer ce nouveau-mort, puis lorsque on l’accompagne « à sa dernière demeure », -connue -, je précise. Comment regarde-t-on les arbres ? Le temps qu’il fait, comment regarde-t-on les saisons qui passent ? Les anniversaires qui se rapprochent ? Pourvu qu’il tienne encore un peu, pourvu qu’elle ne meure pas ce jour-là : Ils ont fait ce qu’ils ont pu. Elle, 3 jours après, Lui, 3 jours avant. Comment retourne-t-on sur ces itinéraires, une fois qu’on ne les emprunte plus pour ces raisons-là ? Dans quel état les rend-on ? Comment se rappelle-t-on ces moments graves, où l’on rentre chez soi, en sachant que peut-être on ne les reverra plus, vivants ? Comment revient-on quand on nous appelle pour nous dire que c’est la fin ? Que c’est fini ? Que voit-on du monde qui nous entoure ? Tout est tellement précis, soudain, cependant.
Entre les différents moments de sa vie, à Elle, et celui de sa mort, l’itinéraire s’était raccourci, on se retrouvait au milieu. Quant à lui, il avait beaucoup vagabondé pour venir mourir sur mes terres d’adoption.
La plupart du temps je venais seule, je montais dans ma voiture et appuyais sur le bouton qui me rendait invisible et m’isolait du reste du monde, dans le sens où rien ne pouvait me détourner de mon but. Je notais l’apparition des fleurs, le commencement de la chute des feuilles, l’avancement des travaux qui nous obligeaient à nous garer plus loin, à différer un peu ces derniers moments partagés. Je notais l’orage. Parfois je prenais l’ascenseur, la plupart du temps je montais à pieds. Reconnaissance des habitués, puis finalement, plus rien, plus assez de mots. 
à suivre, peut être...

3 commentaires:

Ange-gabrielle a dit…

Quel sacré itinéraire effectivement, je me souviens qu'après la journée à St Priest en Jarez, nous l'avions fait ensemble, il faisait chaud ...

Michelangelo a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Michelangelo a dit…

And it's a hard rain's a-gonna fall. C'est un peu de cette ambiance qui me vient à l'esprit, fin de quelque chemin dur dont l'arrivée est plus dure encore.