samedi 1 juin 2013

Assises Internationales du Roman (2° épisode)

Claudio Magris, écrivain européen qui écrit en italien, était interviewé par R Rérolle du Monde.
Ses livres ("Alphabets"2012,  "A l'aveugle" 200!, "Le goût de Trieste"2003, "Microcosmes"1997, "Danube"1986 ...) tissent un univers animé par des personnages porteurs de récits intimes ancrés dans le destin de notre continent (îles de la Méditerranée, cours du Danube, anciennes frontières de l'Empire Austro-hongrois ou de l'ex-Yougoslavie), tous témoins oubliés d'une histoire complexe.
Claudio Magris nous fait re-découvrir la culture européenne dans ce qu'elle a de plus inattendu.

Voici quelques extraits d'un article de C Magris "Corriere della serra" 2013 

"Le terme de Mitteleuropa naît au milieu du XIXe s pour indiquer un espace politique et économique dominé par les austro-allemands et les hongrois. Quand on parle de Mitteleuropa au lieu d'utiliser l'expression purement géographique d'Europe centrale, on signifie une mosaïque multilingue et multiculturelle, à travers des éléments communs sous-jacents aux diverses nationalités. La création de cette civilisation est en partie attribuable à l'Empire des Habsbourg, mais ce sont surtout deux éléments supranationaux qui ont été déterminants : la langue allemande, parlée également dans tous les pays non allemands de ce monde, et la civilisation juive, présente dans chacun d'eux. La Mitteleuropa a été essentiellement la symbiose judéo-allemande, terminée par l'extermination d'une de ses deux composantes de la part de l'autre, avec la Shoah qui a été non seulement une barbarie inouïe mais aussi un suicide de l'Allemagne et de son rôle central en Europe"
Il s'arrête ensuite sur ce qui définit cette Mitteleuropa :
" ... Une culture supra nationale opposée aux nationalismes déchaînés durant les années entre les deux guerres mondiales, aux divers fascismes et en premier lieu au nazisme ; un idéal humaniste, le sens d'une appartenance à une culture plus ample que toute identité nationale. Il a été une métaphore de résistance : d'abord contre le fascisme et le nazisme, après la Seconde Guerre Mondiale contre la domination soviétique et, de façon plus nuancée mais encore vivante, contre un style de vie capitaliste-américain".
" ... Aujourd'hui, on a besoin plus que jamais de cette civilisation mitteleuropéenne si sensible au malaise, si méfiante vis à vis de tous les systèmes politiques et philosophiques totalisants qui prétendent faire marcher le monde comme une armée et interpréter et guider triomphalement la marche de l'Histoire elle-même. On aurait plus que jamais besoin de cette culture et de cette humanité si experte des ombres de la vie, des fragments où notre existence souvent se désagrège, de ce qui reste à la marge du cours arrogant du progrès, de ce qui manque au coeur et de la douloureuse et amoureuse ironie dont le coeur a besoin".

Il faut lire Magris









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