dimanche 16 février 2014

La maison en son miroir


On ne devrait pas davantage laisser les miroirs accrochés aux murs qu’on ne laisse traîner ses vêtements sales, roulés en boule pour garder leurs souvenirs, sur un vieux fauteuil à l’osier dévoré par le temps et les transpirations.Tous ces après- midis d’été à guetter l’imperceptible bruit, à sonder les ciels de leurs moindres nuages, à jouer dans la transparence de la lumière avec les mêmes rais de poussière qui venaient se poser sur le coin de la table ou bien sur un dossier de chaise ou encore qui s’écrasaient sur une porte de l’armoire, échouée dans cette cuisine sans âge mais pas sans âme. Par la porte grande ouverte, rentraient les odeurs du jardin, des prés fraîchement fanés, des vieux arbres tordus par des années de neige et des blés qui n’en finissaient pas de mûrir. Sur le mur du fond, un petit miroir rectangulaire sans fard et sans caractère réfléchissait le tronc du prunier centenaire ou bien, selon les heures, son visage lavé des impuretés du jour ou débarrassé des cauchemars de la nuit

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1 commentaire:

Ange-gabrielle a dit…

Je viens de relire une fois de plus ton texte : quelle force, quelle émotion il dégage ! J'en suis bouleversée à chaque fois