Maison de pain d'épices |
dimanche 11 décembre 2016
samedi 10 décembre 2016
Des points-virgules en forme de coeur et une couronne tressée pour toi
Cette année elle t'est dédiée ; à toi qui est arrivée ; comme un météore dans ma vie ; m'a fait redécouvrir la passion ; souvent quand je conduis ; tu t'assieds à ma droite ; passagère avec qui j'ai de longues discussions ; je sais que tu n'en as pas terminé ; de me transmettre ; l'essentiel.
TRANCHE DE VIE;
Un lit ou peut-être deux; des femmes et des hommes; des hommes et des femmes qui s'agitent; se heurtent sans se voir; se précipitent; des femmes en blanc des hommes en bleu; ou l'inverse; des coursiers du soin vulnérables; en sous-nombre. Moi au fond du lit; d'abord je ne suis rien; je ne suis plus rien; je suis un tout malade; un tout voué à l'infection qui me ronge; ma respiration courte se perd en avant de mes lèvres; un souffle qui ne m'emmène plus; qui ne m'amène plus le monde; je perds le temps; je perds son sens. Des couloirs longs si longs; si froids ; du gris partout; sur les murs sur le sol silencieux; des néons qui éclaboussent les visages blafards. Et on pousse une porte; royaume de la lumière cinglante démultipliée; pieuvre tentaculaire au plafond; royaume du métal; des cliquetis hurlants puis des chuintements. Un cathéter sur la main; le sang gicle; des pansements; accélération des mouvements; un masque sur la bouche; le trou noir.
Un lit ou peut-être deux; des femmes et des hommes; des hommes et des femmes qui s'agitent; se heurtent sans se voir; se précipitent; des femmes en blanc des hommes en bleu; ou l'inverse; des coursiers du soin vulnérables; en sous-nombre. Moi au fond du lit; d'abord je ne suis rien; je ne suis plus rien; je suis un tout malade; un tout voué à l'infection qui me ronge; ma respiration courte se perd en avant de mes lèvres; un souffle qui ne m'emmène plus; qui ne m'amène plus le monde; je perds le temps; je perds son sens. Des couloirs longs si longs; si froids ; du gris partout; sur les murs sur le sol silencieux; des néons qui éclaboussent les visages blafards. Et on pousse une porte; royaume de la lumière cinglante démultipliée; pieuvre tentaculaire au plafond; royaume du métal; des cliquetis hurlants puis des chuintements. Un cathéter sur la main; le sang gicle; des pansements; accélération des mouvements; un masque sur la bouche; le trou noir.
vendredi 9 décembre 2016
jeudi 1 décembre 2016
Hommage à une grande dame
Mado c'est à toi que je
m'adresse : je sais que tu es retournée dans ce « bleu »
dont tu nous parlais constamment et que tu as passé ta vie à
essayer de peindre.
Aux pages 22 à 24 de ton
beau livre *, tu décris au plus près et au plus simple avec tes
mots à toi ce lieu que tu souhaitais rejoindre. Tu as toujours voulu
retrouver cet état comme tu l'écris et que dire de plus que tes
mots à toi, je te cite :
« Il y eut cet
instant dont je suis revenue alors que j'aurais tellement voulu ne
pas en revenir. Cet instant que je vais tenter de dire : quelque
chose soudain craque, la corde a craqué comme des amarres qu'on
lâche ; je suis deux. Je dis oui. J'accepte inconditionnellement,
j'accepte complètement, totalement de mourir. « Quelque chose
en moi » accepte. Je lâche, ça lâche, je suis d'accord, je
meurs ; « une volonté venue d'ailleurs » me fait tout
lâcher, je suis deux : une en bas, une en haut ; et instantanément
je « tombe » mais pas en bas, en haut, je tombe, je me
trouve dans le bleu … Du bleu profond – vif, beau, décorporée,
je n 'ai plus de corps, je suis envolée ailleurs en pleine
conscience … et c'est une immensité infinie. Plus de corps, je ne
sens plus rien physiquement – je dirais plus tard ils auraient pu
me couper en tranches, en morceaux -, je ne sens plus rien de
physique, plus de souffrance, mon corps n'est plus là mais j'ai
conscience de tout, je les entends parler, je sais que c'est moi et
pas moi, que je n'ai plus de corps physique, état de plénitude
infinie, de vide infini, de solitude sereine infinie, de silence et
de calme infinis, de paix, de RIEN, d'élargissement dans une paix
immense, quelque chose de serein, de silencieux, d'absolument
silencieux, de vaste, solitude ineffable et sereine, c'est bleu, il y
a une présence et pourtant rien. Je ne suis pas et pourtant je
suis. Je suis un immense cerveau, le cerveau unique de l'univers. Le
monde n'existe plus mais il existe quelque chose en démultiplié,
une seule immensité dont j'ai parfaitement conscience. Je suis en
vie avec un regard qui voit à trois cent soixante degrés. J'ai
conscience, je les entends parler … Je fais partie ou plutôt je
suis cette immensité et ce silence, je suis seule, unique,
indiciblement bien. Je suis TOUT. Je suis ce vide et ce plein, ce rien
et ce tout cette « éternité ». Ce n'est pas possible de
l'expliquer il n'y a pas de mots pour ces images et cet état.
J'étais sortie du corps et du monde matériel. Je ne sais si cela a
duré quelques secondes, quelques minutes ou plus ... »
J'ajouterai seulement ces
quelques mots aux tiens si forts.
Ceux-ci ont été écrits
par Hélène Cixous quand je lui ai appris ta mort : «
Madeleine s'est mise en liberté. Naturellement nous la garderons
vivante. »
Et ceux-là par deux
amies rencontrées cet été : « Madeleine est partie et le
bleu elle l'a retrouvé avec toute la sérénité, le rien, le tout
qu'elle a décrit si fortement »
* « Algérie le
soleil et l'obscur » Madeleine Chaumat éditions La Rumeur libre
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