Enveloppé d’ombre & de
lumière… Dire
d’abord l’ouate de l’enveloppe,
sa douceur, sa chaleur. Comme
la lune cernée
de brumes... dire un cocon,
une peau, une écorce de soie… Être
baigné, imbibé, envahi, recouvert… Enveloppé
d’ombre & de lumière…
Après, l’ombre et la lumière
surgissent. La lumière est
plus forte , c’est l’esperluette qui le signifie*. C’est
& qui se tient au centre de la phrase, qui attire le regard et
questionne. C’est & qui
équilibre la phrase, tend le
fil qu’elle entremêle entre deux mots, un enlacement d’infini.
Mais l’ombre est première. L’ombre
qui sous-tend toute l’écriture, l’épaule, la solidifie. L’ombre
serait matrice,
ce sur quoi s’appuient les mots qui font sens ou qui dérivent, qui
n’en finissent pas de creuser, qui
ne sont là que pour emporter sans savoir où.
Enveloppé d’ombre &
de lumière... Comment
dire la lumière... Un
chuchotement, un murmure dans l’immobile où rien ne commence ni ne
finit. Une étoffe de rien avec
un presque de bleu, et voir ne
sert à rien. Enveloppé
d’ombre & de lumière…
On sent l’aile de l’ombre et l’air de la lumière, une danse de
mésanges dans le silence du jour. Rien
d’autre et ce commencement où les pensées perdues se retrouvent.
*Emmanuel Hocquard:" & à la place de et dans le cas particulier où je veux signifier une augmentation et non l'addition de deux choses. Ici, l'esperluette (&) n'a pas pour fonction de se substituer à et. Elle dénote une visée tautologique. C'est-à-dire qu'elle tend à marquer, entre deux termes, une relation (mais peut-on encore parler de relation ?) d'identité ou d'indifférenciation.On pourrait aussi dire une augmentation."