vendredi 4 janvier 2019

Cartographie 18/étrange là-bas et ici

Je ne me souvenais pas : comment et pourquoi étais-je arrivée dans cette chambre ? Le lit était grand, bien fait, la couette d'un fin marron orangé. La baie vitrée laissait passer les rayons de lumière. 
Soudain, le sol se déroba sous mes pieds. Pourtant, je ne tombais pas. Je sentis le poids de mon corps debout sur un rocher que je distinguais à peine. Il dominait un vaste paysage désertique, composé de cratères lunaires. Etrangement, le ciel passait du jour ensoleillé à la nuit étoilée, plusieurs fois de suite. 
Un laser bleu traversa l'horizon alors que je marchais avec précaution. En un souffle, je me mis à survoler une grande ville, San Francisco peut-être. A quelques mètres en-dessous de moi, j'apercevais des automobiles et leurs conducteurs figés dans leur mouvement. 
Puis, tout se mit à tourner, aussi vite qu'une vieille bobine de film. je me cognais sur quelque chose d'invisible. 
La longue plage de Fortaleza, avec sa large avenue, apparut. Le temps était clément. Pas de vent. Je me dis qu'avec de la volonté je pourrais tenter de choisir un lieu à visiter, plutôt que de me laisser ballotter de la sorte, au hasard d'une intention qui m'était étrangère ? C'est ainsi que je choisis la rue  où habitent mes amis brésiliens dans cette métropole. Effectivement, en une seconde, je reconnus la boutique alimentaire et sur le trottoir d'en face l'entrée de leur immeuble. Cependant, impossible de sonner à l'interphone. Je reculais. Me cognais à nouveau à un mur, transparent. Des passants étaient devant moi, et comme je le prévoyais, ils étaient stoppés dans leur élan. Je m'approchais d'une femme, elle ne broncha pas. Je lui parlais, elle ne répondit pas. 
Le monde existait bel et bien, je pouvais le contempler. Mais il était sans action.  Seule, moi, pouvais bouger, me déplacer, aller où bon me semble.
Je voulu tester une autre expérience : voir Rio. Mon corps obéit instantanément. Il se tenait maintenant aux côtés du Christ Rédempteur. Le soleil brillait, je ne ressentais pas sa chaleur. N'entendais aucun son. Ne goûtais à aucune odeur. 

Etais-je morte ? Mon âme vagabondant sans but ? 

Mais j'entendis des rires. Les morts ça ne rigolent pas.
Soulagée, je me tournais vers eux.
Une main posée sur mon visage me fit sursauter.
On  chuchota : 

- Ca suffit... retourne dans la vie normale. C'est mon tour. Passe-moi le casque de réalité virtuelle...

4 commentaires:

Ange-gabrielle a dit…

Merci pour le cadeau, double puisque tu es "revenue" ici, avec ou sans Google Earth. Fais gaffe, ça a l'air dangereux ce genre de locomotion !

Lìn a dit…

c'est trop bien le casque 3D, je te jure !!!

Laura-Solange a dit…

Mais dans quel état es-tu!!!!
Contente de te lire ici...

Linette a dit…

Belle lecture que "ces lieux étranges". Merci pour tes mots.