jeudi 5 décembre 2024

L'œil et la source / 3

 


 

pour l'heure tout est calme

Atlas, le titan, soutient le monde sur ses épaules, corps ployant sous le fardeau

l'insupportable est porté et la souffrance est tue

de l'inachevé du marbre on ne sait que la torsion et la tension

Atlas: géant que la mythologie disait porter le ciel. On a ainsi appelé le recueil des cartes géographiques à cause de la grandeur du format. La vertèbre se nomme ainsi parce qu'elle supporte la tête, comme Atlas le ciel. 

 



de mon atlas d'images des rhizomes s'ébauchent, des sentes se dessinent, des chaînes se libèrent

d'une cartographie de mondes intérieurs, des failles comme des craintes se cristallisent et

ciseaux et burins vont s'acharner pour créer ce qui doit l'être et dont on ne sait rien encore

des formes naîtront du geste

 

                                                      
           

des images se tiennent à l'affût, un peu dans l'ombre, un peu froissées, portant en elles tout un poids de ténèbres

elles se doivent de rendre figure, de faire mémoire

entre elles des chapelets de pensées abandonnées sur le bas-côté, négligées, sacrifiées sur l'autel du temps qui passe

mais on sait aussi les leurres de l'image auxquels se nouent les leurres de la langue

figures sans mesures mais pas sans semence


                                                      


quel réel se profile dans la transparence des visages ?

quel passage à mettre au jour ou quel esprit à délivrer des peaux qui recouvrent nos corps ?

quel invisible à rendre visible ?

ce qui naîtra ne sera sans doute rien d'autre que l'ombre de pensées bien enroulées sur elles-mêmes,

bien serrées et ficelées dans le livre de la vie

qui ne s'ouvrirait peut-être que dans l'obscurité d'un confessionnal


                                                      


serait-ce prendre un risque que de briser les chaînes des migrances mentales

et laisser jaillir ce qui cherche à éclore et déjouer les peurs

on tient encore le livre à peine ouvert, on laisse juste quelques pages

se détacher du tronc

dans chaque petit bout de vie racornie

une fêlure à l'intérieur, un accroc, une lutte pour libérer l'esprit de la matière


alors s'emparer de ces recoins de soi et s'acheminer dans ce labyrinthe

 

                                                  


  (la photo 1 a été prise lors d'une exposition d'Evelyne Galinski et Jean-Claude Borowiak à Champetières 63)

la photo 2 a été prise au musée d'art moderne et contemporaine de Saint-Etienne: c'est un détail d'une oeuvre de Lena Vandrey " le Confessionnal"

la photo 3 est celle d'un esclave de Michel-Ange appelée Atlas exposée au musée de Florence )




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