pour l'heure tout est calme
Atlas, le titan, soutient le monde sur ses épaules, corps ployant sous le fardeau
l'insupportable est porté et la souffrance est tue
de l'inachevé du marbre on ne sait que la torsion et la tension
Atlas: géant que la mythologie disait porter le ciel. On a ainsi appelé le recueil des cartes géographiques à cause de la grandeur du format. La vertèbre se nomme ainsi parce qu'elle supporte la tête, comme Atlas le ciel.
de mon atlas d'images des rhizomes s'ébauchent, des sentes se dessinent, des chaînes se libèrent
d'une cartographie de mondes intérieurs, des failles comme des craintes se cristallisent et
ciseaux et burins vont s'acharner pour créer ce qui doit l'être et dont on ne sait rien encore
des formes naîtront du geste
des images se tiennent à l'affût, un peu dans l'ombre, un peu froissées, portant en elles tout un poids de ténèbres
elles se doivent de rendre figure, de faire mémoire
entre
elles des chapelets de pensées abandonnées sur le bas-côté,
négligées, sacrifiées sur l'autel du temps qui passe
mais on sait aussi les leurres de l'image auxquels se nouent les leurres de la langue
figures sans mesures mais pas sans semence
quel réel se profile dans la transparence des visages ?
quel passage à mettre au jour ou quel esprit à délivrer des peaux qui recouvrent nos corps ?
quel invisible à rendre visible ?
ce qui naîtra ne sera sans doute rien d'autre que l'ombre de pensées bien enroulées sur elles-mêmes,
bien serrées et ficelées dans le livre de la vie
qui ne s'ouvrirait peut-être que dans l'obscurité d'un confessionnal
serait-ce prendre un risque que de briser les chaînes des migrances mentales
et laisser jaillir ce qui cherche à éclore et déjouer les peurs
on tient encore le livre à peine ouvert, on laisse juste quelques pages
se détacher du tronc
dans chaque petit bout de vie racornie
une fêlure à l'intérieur, un accroc, une lutte pour libérer l'esprit de la matière
alors s'emparer de ces recoins de soi et s'acheminer dans ce labyrinthe
(la photo 1 a été prise lors d'une exposition d'Evelyne Galinski et Jean-Claude Borowiak à Champetières 63)
la photo 2 a été prise au musée d'art moderne et contemporaine de Saint-Etienne: c'est un détail d'une oeuvre de Lena Vandrey " le Confessionnal"
la photo 3 est celle d'un esclave de Michel-Ange appelée Atlas exposée au musée de Florence )
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