jeudi 9 août 2018

Cartographier le sacré ? ... suite (2)


Quand je me penche sur cette carte au 25 000 millième, bien que je l'examine à la loupe depuis plusieurs mois maintenant, bien d'autres lieux que ce Chemin de la Galine m'évoquent des moments empreints de sacré ; parfois simplement effleurés sans que j'en sois consciente, parfois effrayants tant ces sentiments m'apparaissaient trop vastes, parfois attirants comme un aimant sans que je fasse réellement un pas pour l'étreindre ; il m'a fallu atteindre la soixantaine pour oser me laisser toucher par la spiritualité, pour que le mot même cesse de m'effrayer ; et plus encore, si je me plonge dans les textes que cette carte m'a inspirée.
Ainsi, je sais que nous n'avons que récemment, pris forme humaine. Nous venons d'une chaîne ininterrompue, à travers le premier poisson apprenant à marcher sur terre, sentant ses écailles devenir ailes, à travers les migrations de l’âge glaciaire. Dans notre long voyage planétaire, nous avons pris beaucoup de formes anciennes oubliées maintenant.  Nous nous souvenons de certaines de ces formes dans le ventre de notre mère, revêtant des vestiges de queues, de branchies et faisant pousser des nageoires à la place de mains.
Un nombre incalculable de fois durant ce voyage, nous avons quitté les formes anciennes, laissé tomber nos vieilles habitudes afin d'en laisser émerger de nouvelles. Mais rien n’est jamais perdu. Bien que les formes passent, elles reviennent. Chaque cellule usée est consommée, recyclée… à travers les mousses, les sangsues et les rapaces…
J'aimerais toujours me souvenir - encore et encore - des anciens cycles , m'appuyer sur eux dans les moments difficiles. Par ma nature profonde et par le voyage que j'ai fait, il y a en moi une profonde connaissance de mon appartenance à laquelle j'aimerais avoir sans cesse accès pour mieux entrer en contact avec moi-même en tant que mammifère, en tant que vertébré, en tant qu’espèce qui n’est que récemment sortie de la forêt tropicale. Quand le brouillard de l’amnésie se disperse, ma relation aux autres espèces et ma responsabilité envers elles, se transforment. Je prends conscience de ma vraie nature. Au fur et à mesure que ma mémoire s’améliore, je m' identifie avec toute vie, 
Mais ce n'est pas tout : Chaque atome de mon corps existait avant l’apparition de la vie organique il y a 4.000 millions d’années.
Et, vous, vous souvenez-vous de votre enfance en tant que minéraux, en tant que lave, en tant que roche ? 
Pourquoi les regardons-nous de haut avec un air condescendant ? Ce sont eux qui sont notre partie immortelle.
Maintenant que nous avons entrepris ce voyage intérieur, nous avons trouvé la partie de notre être la plus intime, la plus pérenne aussi ; celle que les mites, la rouille, l’holocauste nucléaire ou la destruction du patrimoine génétique de la forêt ne peuvent pas corrompre. La peur et l’anxiété qui nous  accompagnent constamment, peuvent commencer un peu à se dissiper 
Cet espace désintéressé que nous avons trouvé ressemble peut-être à la méditation.


... et en bonus des extraits de ...



 « Le Cosmos et le Lotus »  de Trinh Xuan Thuan

Trinh Xuan Thuan, né en 1948 à Hanoï, au Viêt Nam, astrophysicien et écrivain vietnamo-américain, d'expression principalement française

« La spiritualité, au même titre que la poésie ou l’art, constitue une fenêtre complémentaire à la science pour contempler la réalité ; en ce qui concerne la connaissance du monde, même la raison a ses limites. Il nous faut donc faire appel à d’autres modes de connaissance comme l’intuition mystique ou religieuse, l’art ou la poésie pour nous rapprocher de la réalité ultime. Les Nymphéas de Monet ou les poèmes de Rimbaud nous éclairent autant sur le réel que la physique des particules ou la théorie du Big Bang. »
 « La physique moderne a non seulement démontré l’interdépendance du monde des particules et de l’univers, mais elle a aussi mis en évidence l’intime connexion de l’homme avec le cosmos.
Nous savons aujourd’hui que nous sommes tous faits d’atomes fabriqués lors de l’explosion primordiale d’abord, et lors de l’alchimie nucléaire des étoiles ensuite.
Les atomes d’hydrogène et d’hélium qui constituent 98% de la masse totale de la matière ordinaire dans l’univers ont été générés pendant les trois premières minutes de son existence. Les atomes d’hydrogène dans l’eau des océans ou dans notre corps proviennent tous de cette soupe primordiale. Nous partageons tous une même généalogie cosmique qui remonte à 13,7 milliards d’années, l’âge de l’univers.
Quant aux éléments lourds essentiels à la complexité et à l’émergence de la vie et de la conscience, et qui constituent les 2% restants, ils ont été fabriqués dans les creusets stellaires et les supernovae, morts explosives d’étoiles massives.
Nous sommes tous faits de poussières d’étoiles. Frère des bêtes sauvages et cousins des fleurs des champs, nous portons tous en nous l’histoire cosmique.
Le simple fait de respirer nous relie à tous les êtres qui ont vécu sur le globe. … »





1 commentaire:

Linette a dit…

Ici le Sacré rejoint une telle profondeur, une telle réflexion!!! A méditer justement. Merci pour ces mots intenses.