vendredi 18 septembre 2009

Les onze



Combleux, Monsieur.
Vous ne connaissez pas Combleux? A Combleux tout est clair. C'est l'enfance. C'est bien avant Les Onze, bien avant le grand tableau d'ombre dans lequel la clarté pièce à pièce est enfouie, bien avant que l'or et le soufre, le bleu, le blanc, le rouge, les couleurs trines de la République une et indivisible, dansent dans le noir, se lèvent calmement dans le fond de la nuit. A Combleux il fait jour. Il y a le fleuve, le ciel, l'été. On est loin de ventôse. C'est à Combleux qu'il faut revenir, pour bien voir l'enfant; et pour voir les deux femmes en grandes jupes claires qui fléchissent éperdument vers lui.

Pierre Michon "Les Onze" ( Verdier)

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