mercredi 21 mars 2012

Taupinière, la ville

Taupinière, la ville. Surtout le soir.
à 8 heures, couvre-feu? les portes muettes, les murs, murés. C'est l'ignorance. La grand rue qui s'étire, vidée de ses trams, le fleuve de l'oubli.
Les fonds de rue en contre jour s'éteignent. Comme si on fermait les fenêtres. Je circule en voitures avec des amis, bravant l'en-dessous. Cul de sac. Fond de cour. Contre le ciel resplendit un lavabo, une baignoire. des traces de vie, du passé en pagaille, des fruits tardifs abîmés dans les arbres, des compotes en perdition, des chefs-d 'oeuvres en péril. La Grande Beaussaigne, c'est son nom, nous guide tant bien que mal parmi les gravas de la ville. Fantôme. Les cheminées, les infrastructures, les complexes sportifs, les multiplexes, le Zenith, les salles omnisports, les centres commerciaux, tout pousse en dedans à présent. La surface est post mortem, neo Tchernobyl. Les quelques rares qui comme nous, masqués à grand frais s'aventurent encore sur la route large, savent que les sirènes vont bientôt retentir et que les robots nettoyeurs vont venir nous prendre et nous ramener dans le droit chemin de la vie souterraine. Une minute encore, à respirer l'air. 
Sainte Fukushima, priez pour nous.
11 mars 2012

1 commentaire:

Lin a dit…

saisissant! Et si on tissait nos textes ensemble, voir ce que ça donne, à l'aveugle, l'une choisit une ligne (un passage court) de l'autre, et vice versa? il y a certains rapprochements inconscients puissent les textes ont été écrits à l'atelier, sans regarder par dessus l'épaule.
En tout cas j'aime beaucoup ce road-script-movies !!!