mardi 31 décembre 2013

2014 : les dates de l'atelier

  •  8 janvier 19h30 : chez MPB
  • 23 février 19H : chez Linette
  • 6 février 19H : chez Ange Gabrielle
  • 27 février 19H : chez Delphine
 En attendant, 
Bonne année, 
prenez soin de vous et de ceux d'à côté.
écrivez un peu, 
lisez beaucoup, et faites au mieux

au 8 chez moi. Bises

dimanche 29 décembre 2013

Ayaï 2014 : mes voeux à vous adressés



            Lucidité, clairvoyance, lectures, écriture tellement facilitées avec le nez ... bien chaussé




"La Littérature c'est le téléphone antimort, la magie qui établit la liaison entre nous, les orphées orphelins et nos êtres chers invisibles, en apparence, mais présents, "sur le souhait qu'on exprime". Nous n'avons, pour que le miracle de la résurrection s'accomplisse, qu'à approcher nos doigts du parallélépipède rectangle magique que nous appelons d'un mot magique aussi, Book.

Le son qui vient de tout près très loin " ...

.... " On m'arrache le cri ! Qui m'arrache le cri ? Je le reprends !

Ensuite on écrit : on traduit dans l'ultrasilence de l'écriture les cris aigus et brefs de la réalité. La littérature c'est pour hurler longtemps, pousser les cris jusqu'à la musique. Le droit à la littérature ou le droit aux cris que la réalité et la communauté nous interdisent. " ...

..." Quand je lis

Je ne puis pas me rappeler, sur mon âme, comment, quand, ni même où je fis pour la première fois connaissance avec lady Ligeia. De longues années se sont écoulées depuis lors, et une grande souffrance a affaibli ma mémoire.
Ou peut-être ne puis-je plus maintenant me rappeler ces points, parce qu'en vérité le caractère de ma bien-aimée, sa rare instruction, son genre de beauté, si singulier et si placide, et la pénétrante et subjugante éloquence de sa profonde parole musicale ont fait leur chemin dans mon coeur d'une manière si patiente, si constante, si furtive que je n'y ai pas pris garde et n'en ai pas eu conscience."

" Ayaï ! Le cri de la littérature " Hélène Cixous accompagné d'Adel Abdessemed Edit Galilée

Et bien sûr      "Happiness toute l'année"

Oeuvre d'Adel Abdessemed



dimanche 22 décembre 2013

A toutes, à tous : Joyeux Noël


       Régalez-vous, glissez, chantez, priez, faîtes comme vous le voulez, mais souriez et pensez à vous




La place de l'Hôtel de Ville de Saint-Etienne n'en a pas le monopole, celle-ci est prise à Die (Drôme) et cause anglais




            Quant à lui, il semble déjà avoir un coup dans l'aile, pourvu que ce ne soit pas "Gabriel"




          Engouffrons-nous dans cette fenêtre ouverte sur 2014 et baignons dans tout ce bleu

lundi 16 décembre 2013

Pour fêter les 1 an de la fin du monde : Le dernier cadeau de Bugarach (Hommage à Gabriel Garcia-Marquez)

Remake de la nouvelle de Garcia Marquez : un hombre muy viejo con unas alas enormes

A minuit, les parents XY à moitié endormis au chevet de leur petit garçon malade, perclus de fatigue, furent rappelés à la réalité du monde par les cloches qui sonnaient l’heure, et qui apparemment n’était pas celle du jugement dernier. On était  le 22 décembre 2012, à Bugarach, Aude, France.  XX jeta un coup d’œil par la fenêtre, et vérifia que les choses étaient toujours là, à leur place, même s’il était difficile de les distinguer, informes et ensevelies sous une épaisse couche de neige.
L’idée lui traversa l’esprit que le monde avait peut être pris fin, et qu’ils faisaient partie des survivants, après tout, même s’il n’y avait pas complètement cru, et qu’ils avaient été choisis.
Mais il ne put y réfléchir bien longtemps car l’enfant demandait des soins et cette réalité-là était bien plus urgente, fragile et précieuse et quelle que fut la dimension dans laquelle ils habitaient à présent, la maladie n’en était apparemment toujours pas exclue et il fallait bien y faire face.
Pendant quelques jours, la vie de l’enfant vacilla, puis, le 25 décembre, alors que le village déballait ses cadeaux ou soignait sa gueule de bois phénoménale post Apocalyptique, la neige commença à fondre, la fièvre quitta le petit corps et le monde se remit cotonneusement en marche.
Dans le courant de l’après-midi, XX qui digérait mal sa dinde aux marrons et rongeait son frein dans ce monde où décidément il ne se passait jamais rien, -même « Plus belle la vie » avait fini par le décevoir-,  se laissa intriguer par un rayon de soleil particulièrement tenace sur une tôle verte au milieu des véhicules entassés dans la casse de son entreprise de véhicules d’occasion. Comme YY ne trouvait rien de spécial à ce rayon vert merveilleux, mais qu’il aimait bien avoir raison, il enfila ses bottes et chaussa son bonnet et disparut parmi les compressions à moitié rouillées.

Sur le coup, il ne comprit rien à ce culbuto géant, plus large que haut ; avec sur le côté de ce qui aurait été sa tête verte, une antenne qui pendouillait lamentablement ; géant pour un culbuto, mais à bien y regarder, assez mal fichu pour autre chose. Insidieusement, imperceptiblement, la chose bougeait, glissait sur son socle comme si elle avait été montée sur roulettes, et n’était pas sans rappeler à XX … Non, non, c’était impossible, il était encore sous le choc post-fin du monde imminente, il ne fallait pas s’emballer, il y avait sûrement une explication rationnelle. C’était sans doute un de ces journalistes fumeux qui avait abandonné un gadget hors d’usage, ou les Ultras, ceux des grottes du Pic qui avaient oublié un de ces machins qu’ils trimbalaient toujours avec eux.


vendredi 13 décembre 2013

"Nous avons dû prendre l'univers en main mon frère et moi car un matin peu avant l'aube papa rendit l'âme sans crier gare"

Cette gare dont personne ne revient jamais pour en donner le nom
Cette âme qu’il s’était approprié comme une armure, comme on s’en va au camp de la mort.
Rendue comme on vomit
Ce père si énigmatique, si tant est que l’on connût le mot, si souvent absent, même lorsqu’il était avec nous, et qui tenait encore plus de place mort que vivant, étendu sur le plancher en costume de rien, et que la figeance glacée nous empêcherait de revêtir.
Cette aube si semblable aux précédentes, si tant est que j’en avais des souvenirs
Ce matin où nous dûmes échanger nos vies d’enfants contre des errances de vagabonds
Ce moi qui pensais être un autre et qui en était son ombre
Ce frère si peu fraternel
Cette main si fragile, si blanche, si fine, cette main qui ne pouvait contenir un monde si froid
Cet univers si lâche et si plein de trous, si peu consistant qu’il se voyait à peine, matérialisé par quelques tranches de pain tartinées de beurre rance, par quelques incartades du côté des marécages, par quelques assoupissements sur des couchettes dures à la literie en lambeaux.

un peu avant – sans crier – nous avons dû – un peu avant sans crier, nous avons dû – nous avons un peu nous avons peu crié nous avons dû crier un peu avant - nous avons mon et peu nous avons rendu l’univers, nous avons pris l’âme, nous avons pris la main de mon frère, nous avons crié gare, nous avons pris l’âme de papa, nous avons un matin dû prendre l’aube, rendre la gare, nous

jeudi 12 décembre 2013

Prendre l'univers en main

 Consigne de l'atelier - court - d'hier soir : se servir d'une phrase de Gaëtan Soucy - écrivain québécois décédé l'été dernier - pour débuter notre texte (la phrase extraite de "La petite fille qui aimait trop les allumettes"  est ci-dessous en italique)


Nous avons dû prendre l'univers en main mon frère et moi car un matin peu avant l'aube papa rendit l'âme sans crier gare. Et ce ne fut pas une mince affaire car il fallut d'abord franchir cette incommensurable transformation qu'est le passage de l'aube au jour avec tout ce que ce passage inclut comme modification des couleurs, des perceptions de l'espace, des changements d'humeur, avec cette immense fragilité de l'aube qu'un rien peut faire voler en éclats. Une mutation totale, ce passage de la nuit noire au matin qui passe par toutes les subtiles nuances de l'aube blanchissante, rosissante, éclatante. Et c'est l'univers tout entier que nous dûmes saisir à bras le corps, pas seulement ce petit bout de terre où s'écoule notre vie mais toute notre galaxie qu'il nous fallut faire basculer sur son axe. Papa l'avait toujours tenu ce rôle, cette évidence nous saisit. C'était lui qui maintenait la marche du monde, nous ne nous en étions jamais occupés, ne l'avions jamais aidé ni secondé. Si peu de temps s'écoula entre le début de sa maladie et sa mort brutale qu'aucun d'entre nous n'eut le temps ni la présence d'esprit d'être conscient de ce qui allait advenir. Et c'est pourquoi, pendant de nombreux jours, le monde connut un tel cafouillage. D'aubes ratées en aubes trop lentes ou trop rapides. Les gens arrivaient en retard, rataient leur train, certains en vinrent même à ne plus quitter le lieu où ils étaient la veille pour être sûrs de ne pas rater leur entrée le lendemain.
Heureusement que l'univers avait acquis un certain nombre d'habitudes et qu'il se mit lui-même quasi automatiquement dans ses anciens rails, sans quoi nous courions à la catastrophe.
Après quelques semaines, tout rentra dans l'ordre et nous nous demandions, mon frère et moi, si de là-bas papa ne s'était pas remis au travail.

mercredi 11 décembre 2013

Quelques pas avec Albert Camus


Mardi 10 décembre 2013, à la Maison de Quartier du Soleil à Saint-Etienne, quelques privilégiés ont pu écouter deux lectrices, accompagnées d'une guitariste pour quelques moments d'intermède, (dont "notre Laura", voir aussi son blog "jardindombres") faire un vibrant hommage et présenter un choix de textes et d'extraits de textes d'A. Camus.
Le choix, très représentatif de l'oeuvre de cet immense auteur, allait de son roman le plus connu "L'étranger" à des morceaux plus difficiles extraits de "Caligula", "Carnets"... Il couvrait également des lettres (dont celle à son ami René Char), son "Discours de Suède" (prononcé lors de la remise du prix Nobel), ses articles, ses textes politiques "Réflexions sur la peine de mort" (avec ce terrible extrait de son père vomissant après une exécution à la guillotine). Egalement des lettres telle "J'ai mal à l'Algérie" adressée à son ami algérien Aziz Kessous sur leur pays commun où l'on est de plain-pied avec la position d'A Camus par rapport à cette guerre - position qui n'a jamais été comprise de ses contemporains et qui lui a tant été reprochée -. Ces lignes nous font partager la douleur et la plaie, jamais refermées, dont Camus toute sa vie a souffert face à ce fossé s'agrandissant et se remplissant de cadavres.
La lecture nous a transporté dans les ruines de Tipasa, du soleil noir qui crépite, des parfums de l'absinthe qui saturent l'air et qui font que l'homme se sent homme, fier d'être homme, en vie, dans l'immensité.
Cette lecture d'une qualité professionnelle était également empreinte d'une forte émotion et admiration pour l'auteur qui se sont transmises de manière palpable au public.
Elle se clôt par son "Discours de Suède" où il dit au monde entier combien il est conscient que ce prix dépasse l'individu qu'il est ; prix qu'il dédie à tous les artistes, hommes, femmes qui n'ont pas été récompensés et n'ont au contraire reçu que malheur et persécution pour leur combat.
Tous ceux et celles qui ont beaucoup lu Camus ont été bouleversés et n'ont qu'une envie : se replonger dans son oeuvre plus que jamais d'actualité dans cette époque où les fanatismes vont s'amplifiant. Quant à ceux qui la connaissent moins, leur cadeau de Noël est tout trouvé.
Lire, relire Camus est une nécessité absolue aujourd'hui.
Merci pour ce moment intense et bouleversant.

... J'allais oublier l'inoubliable : ces lignes sur l'enfant de huit ans, observant sa mère sourde, épuisée par sa vie de labeur, s'absorber dans la contemplation des rainures du plancher et l'immense pitié (amour ??) qu'il ressent. Cet enfant qui, assis le soir sur une chaise percée dans une rue d'un quartier pauvre, possède le monde entier grâce à un pan de ciel étoilé aperçu entre les toits des maisons. Déjà ce cri d'amour de vivre.

"Mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde" C'est sous cette phrase de Camus que les lectrices ont placé leur lecture

samedi 7 décembre 2013

Saint-Etienne fête la Sainte Barbe*


Comme chaque soir, à la tombée de la nuit, le Puits Couriot se fait beau








Les stéphanois arrivent par grappes pour se masser à ses pieds, car ce soir il s'embrase


 ... et pendant vingt minute, la féerie :




*Ste Barbe fut baptisée en secret par un prêtre. Son père, furieux mit le feu à la tour où elle était enfermée. Elle réussit à s'enfuir mais son père la retrouva et comme elle refusait d'abjurer sa foi, son père dut lui trancher la tête. Celui-ci mourut, frappé par la foudre. On la prie pour être protégé de la foudre et elle est aussi la patronne et la protectrice des mineurs ... pompiers ... artificiers ...égoutiers ... ouvriers et ingénieurs des travaux souterrains (tunnels ...). Son culte se popularise à partir du XIII ° s. Elle est fêtée le 4 décembre.

vendredi 22 novembre 2013

T'ECRIRE

T'écrire ces mots
symbiose ouatée
blancheur marmoréenne
fendre l'espace- temps
qui sépare nos corps et nos bouches
avaler la poussière- feutrine
de ton cadavre
gelé
dans l'eau du fleuve
me lover contre les cendres
brunies
d'absence
te parler à voix basse
et ne pas déranger les poissons- lune
qui se souviennent
ne pas sombrer
deviner un rire
interrompu
effleurer tes paupières lourdes
des larmes gouttes- d'eau
que j'essaime
sur la béance de nos rives
danser et deviner
tes pas
écouter le piano saule- pleureur
d'une Gymnopédie
inachevée
m'asseoir tout près de toi
et défier le silence.

LE CIEL EST PAR- DESSUS LE TOIT...



CHAVANELLE SOUS LA NEIGE, UN PETIT GOUT D'ENFANCE....

tombé pour la France


jeudi 21 novembre 2013

Et ce matin, un rayon de soleil et un froid intense



Sur l'autre colline




Les arbres ont souffert, les marcesçantes charmilles, le pêcher de vigne qui s'est coupé en 2, mais les charmantes mésanges sont de retour dans la mangeoire.

mercredi 20 novembre 2013

Enfin, elle est là !

Des framboises un 18 novembre, des tomates au jardin, des roses en fleur voilà qui me semblait tout à fait aberrant et absurde. Nous voici enfin dans une situation climatique de saison. Réjouissons-nous de retrouver les hivers de nos enfances



pergola en splendeur

Arbre protégeant une voiture

Piéton ayant retrouvé l'usage de ses jambes


A vous toutes, tous avec mon plus beau sourire réjoui et mes mirettes émerveillées.

jeudi 14 novembre 2013

Malentendus

Voici le travail que j'ai réalisé  lors des ateliers animés par Bertrand Leclair au mois d'octobre. J'ai légèrement détourné la consigne de départ, qui était de faire un remake d'une nouvelle existante, puisque je suis partie de la pièce d'Albert Camus "Le malentendu" . J'ai gardé l'intrigue et l'ai insérée dans une nouvelle tout en l'actualisant.

 Mercredi 2/10
En regardant le ciel , aussi empli de taches sombres que le tampon buvard qui trônait sur le bureau de mon grand-père , je me dis que mon séjour ici est sur le point de prendre fin. Mon travail de recherche est pratiquement achevé, je peux partir et poursuivre mon voyage mais voilà, on remet au lendemain ce qui pourrait être fait à l'instant et on se trouve entrainé dans une affaire que l'on n'espérait pas.Hier soir, prenant mon repas au restaurant de l'hôtel , je me suis mis à parler avec une jeune femme qui, tout en mangeant, lisait à une table près de la mienne. Elle a fait tomber son signet – j'adore les signets – je l'ai ramassé et en ai profité pour regarder le titre du livre qui l'absorbait : Antigone de Henry Bauchau, que j'avais lu quelque années auparavant. La conversation s'est alors engagée et nous avons échangé quelques mots sur cet auteur que nous aimions tous deux. Je lui ai parlé de ses Journaux d'écrivain qui accompagnaient ses romans , donnant un éclairage sur l'écriture du livre et les strates qu'ils en révélaient. La fin du repas s'est écoulée sur quelques généralités puis elle me confia que son mari devait la rejoindre le lendemain matin. J'aie perçu une certaine inquiétude dans son propos mais n'ai su y lire que l'angoisse afférente à une attente intense. Je n'ai pas posé de questions – je pose rarement des questions – et lui ai souhaité une bonne nuit avant de rejoindre ma chambre et poursuivre la mise au clair de notes préparatoires à l'écriture d'un prochain livre.
.........

On peut lire  la suite de cette nouvelle sur le site:
https://docs.google.com/document/d/1vKiU-AqD1cW2n-glVwB9Kft2IV_uLv1HHURjOQEWZ4k/edit?usp=sharing

jeudi 31 octobre 2013

Bol d'air



Le village de Bourdeaux cet été, champ de lavande au 1° plan, beffroi et vieux village, pans de murs du vieux château (filtre aquarelle).






Synclinal perché de la forêt de Saoû à gauche, on aperçoit les Trois Becs et le Pré de l'Âne juste avant le col de la Chaudière. A droite du col, début de la chaîne de Couspeau.

C'est simple : quand j'arrive ici, je suis "chez moi" et tout est simple

mercredi 30 octobre 2013

Troublante Afrique

Remake d'après "Contes de la bécasse" de G de Maupassant, "Un coq chanta"

"Mademoiselle Adeline Bayle l'avait remarqué à l'un des séminaires où son laboratoire pharmaceutique invitait les prescripteurs, chefs de clinique privée, chirurgiens promis à une brillante carrière ... Ils avaient échangé leurs mails et numéros de téléphone et, discrètement au début, elle s'arrangeait pour lui faire envoyer les invitations à tous les séminaires qu'organisait le laboratoire qu'elle dirigeait. "

Si vous voulez connaître la suite, cliquez sur le lien ci-dessous :

lundi 28 octobre 2013

Lettre à un jeune ami

 (Remake issu de la lecture de Rainer Maria Rilke, « lettres à un jeune poète », Nrf, Gallimard, 1993. La lettre  est celle du 23 décembre 1903, p. 73-83 de cette édition). je viens de découvrir et de lire sur le blog à l'instant (30oct 17h) vos travaux de 2010 sur les lettres en lien avec Rilke et même (!!!) avec cette lettre du 23 déc; merci à Ange-Gabrielle de me l'avoir signifié ce matin; j'ai 3 ans de retard...)
29 juillet 2003
Mon cher monsieur Nellic,
Il ne faut pas que vous restiez sans un mot de moi alors que le mois d’août approche et que la solitude, au milieu de la ville désertée, vous pèsera davantage qu’à l’ordinaire. Mais si vous remarquez qu’elle est plus vaste que d’habitude, réjouissez-vous, car que serait la solitude sans grandeur ? Il n’y a qu’une solitude, elle est lourde, et il n’est pas facile de la supporter, il arrive à tout le monde de vivre des heures et des jours qu’on voudrait échanger contre une présence même banale, anodine, fût-elle avec le premier venu, avec la personne la plus indigne. Mais dans ces jours, la solitude ne fait que croître, elle est douloureuse, elle endolorit le corps et l’âme même de la personne la plus volontaire. Que cela ne vous abuse pas. Ce qui est nécessaire, c’est seulement ceci : la grande solitude intérieure. Pénétrer en elle, voilà à quoi il faut parvenir. Rester seul, lorsque les autres autour de vous vont et viennent dans des affaires sans importance, paraissent très occupés, très entourés. Mais quand on s’aperçoit que leurs agitations sont vaines, et qu’ils n’ont que peu de lien avec la vie, pourquoi continuer à les envier ? Observez-les à partir d’un œil neuf, sans les mépriser.
Pensez, cher Monsieur, au monde que vous portez en vous, à vos souvenirs, à vos conceptions de votre avenir, aux scènes que vous vous inventez, là, étendu sur votre lit, face à votre bureau, ou en marchant. Ces pensées et les sensations qu’elles suscitent doivent attirer toute votre attention et avoir le soutien de tout votre amour. Ne perdez pas votre temps et votre énergie à expliquer aux autres votre vie intérieure, elle les effraierait, ils la confondraient avec leur anxiété et vous couperaient la parole. 
La condition dans laquelle il vous faut vivre maintenant est débarrassée de tous les préjugés.
Et puis, ce que vous éprouvez,  cher Monsieur Nellic, vous l’eussiez éprouvé un jour ou l’autre, quand l’aube de la vie ébauche ses ombres.
Vous voudriez croire en Dieu, mais n’y parvenez pas. S’il n’était pas déjà là dans votre enfance, ni plus tard, dans vos visites des temples, c’est que vous ne le possédez pas, tout simplement. Il a toujours été absent, alors à quoi bon le quêter ? Ne le déplorez pas. Qu’est-ce qui vous empêche de l’inventer, de le voir dans cet arbre dont vous êtes la feuille, dans ce lac dont vous êtes une ridule ? Construisez-le, il n’attend que votre présence, pour exister enfin.
Vous soulevez dans votre lettre une "épreuve" qui vous "engloutit au fond de l’abîme", écrivez-vous. La rupture avec votre ami. Elle vous a pris au dépourvu tant votre amour – dites-vous - était transgressif, inexplicable, un coup de foudre qui vous a donné la force de rompre avec votre famille, qui vous a aussi éloigné de votre sœur tant aimée qui ne veut plus vous voir. Que de sensations et de mots convenus mon jeune ami ! La transgression, l’inexplicable rapprochement des corps, ne se pensent et ne se vivent que parce qu’ils sont bornés, normalisés, tout un chacun est amené à ressentir ce que vous ressentez,il n'y a rien d'intime, en cela, d’autres que vous, avant vous (des amis, la littérature,  le cinéma…) vous ont appris à désirer ce désir-là.  
 Ne rejetez toutefois pas le désir. Il est l’espace de votre solitude. Ce qui lui  donne une issue, un futur, sa sensualité.
J’ai 75 ans. Je n’associe plus d’objet au désir, il est en moi, et son espace demeure intact, vierge. Je ne puis plus compter sur les apparences, voyez-vous, je ne suis plus quelqu’un dont on dirait qu’il est séduisant. Mon corps faillit souvent, il a ses propres maux. Mais qu’est-ce merveilleux de vieillir ! Les dés sont jetés. On ne peut plus tricher.
Les années passées ont été pour moi un combat pour admettre la solitude, vivre avec elle, l’apprivoiser. M’en faire une amie. J’ai longtemps lutter, chercher l’âme sœur, la complice, l’Amie.
Là. Dehors.
Chez les êtres qui me rassuraient, chez des femmes conformées aux désirs des hommes. Maintenant, je conçois que j’étais conventionnel, irrésolublement.
Et je restais passionné par la présence vacante, par la lueur vacillante du désir de mon désir. Je ne l’aimais pas cette femme sans condition, je ne la comprenais pas,  je ne voulais pas entendre sa voix qui me ramenait à ma solitude. A mon désir sans objet, sans elle.`
Vous êtes jeune mon ami, vous avez cette chance de pouvoir gagner du temps, d’apprendre vite. Votre solitude est votre maître. Exigent. Mais bienveillant.
Réjouissez-vous de vivre ce mois d’août. Abandonnez-vous.


mercredi 23 octobre 2013

hors de soi

"Hors de soi" s'inspire de "Sommeil" de Haruki Murakami, nouvelle dans le livre L'éléphant s'évapore,  éditions 10/18, 2008.


Début :
"VOILA 117 JOURS QUE JE SUIS HORS DE MOI.
Je ne parle pas de surmenage, d'énervement, de fureur. Je suis tout simplement hors de mon corps. Je peux à volonté me détacher de mon enveloppe physique.
Etre hors de soi, je l'ai vécu durant des années. J'enchainais les activités du matin au soir, ou plus exactement d'un matin au suivant."

La suite en appuyant sur le lien suivant :
https://drive.google.com/file/d/0B9RgCz7F4uZtdWEwbF95WjRBMGM/view?usp=sharing

vendredi 4 octobre 2013

Ateliers de la rentrée

Nous terminons notre 3° séance de travail avec l'écrivain Bertrand Leclair (« Malentendus », « Dans les rouleaux du temps », « Une guerre sans fin » …) actuellement en résidence à Saint-Etienne.
Lors d'une rencontre préparatoire en début d'été, Bertrand Leclair nous a proposé un atelier de lecture « en profondeur » d'une oeuvre courte, ou d'une nouvelle que nous aurions choisie et dont nous ferions le « remake *»(à ne pas confondre avec le pastiche*), l'écriture se faisant alors « hors atelier ».

Les consignes sont les suivantes :

    • Chacun(e) choisit une nouvelle qui le (la) touche
    • En fait une lecture à l'ensemble du groupe
    • Explique CE qui le touche dans cette nouvelle
    • Met en évidence les différentes « lignes » de force, les structures, les points de bascule, les moments importants, à l'oeuvre dans la nouvelle
    • Transpose ces lignes de force dans un contexte contemporain (met en branle ce qui a touché et les lignes de force dans l'aujourd'hui)
    • Ecrit pour la rencontre suivante un remake de la nouvelle choisie
    • Lit ce qu'il a écrit au groupe

Bertrand Leclair – et l'ensemble du groupe – interviennent dans les quatre dernières phases pour apporter une aide et/ou des critiques constructives. Chacun retravaille son remake pour la séance suivante.
Il nous reste une dernière séance avec Bertrand Leclair :  jeudi 10 octobre à 19 h chez Natô
Nous n'aurons pas fini le travail à la fin de la résidence de Bertrand Leclair, donc nous continuerons nos travaux au cours des séances suivantes.


*Remake : reprise (utilisé souvent pour les films) dont le contenu peut-être plus ou moins fidèle à l'original mais qui reprend toujours le scénario original

*Pastiche : imitation minutieuse du style d'un auteur qui reproduit les formes et les contours des phrases (ne visant ni le plagiat, ni la parodie, ni la caricature)

mercredi 2 octobre 2013

ATELIER DU SOIR

Ce soir : atelier à 19h30 chez Ange-Gabrielle

avec nouvelles fraîches et qui sait début d'écriture. Moi j'ai fini
manque que le titre

à ce soir : Olé !

mardi 24 septembre 2013

Pour Michelangelo

Pour toi, ces photos prises à Tchatchou, dans une pouponnière d'orphelins. Tout y était calme, propre, paisible (et nous nous sommes arrêtées tout à fait à l'improviste). Pour ta délicatesse, la finesse de tes propos, l'acuité de tes écrits, pour ce que tu es tout simplement ...
Tous mes voeux par les yeux de ces enfants



deux jumeaux


mardi 17 septembre 2013

17 septembre



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Comme cette nuit-là s'est gravée dans ma mémoire : je rentre d'un concert où j'avais beaucoup pensé à vous tant cette musique était vivante et j'entends encore celui qui ne savait pas comment annoncer … « Il y a une mauvaise nouvelle … J'ai reçu un appel … Mr Mathieu est décédé ... ».
Comme une prière à l'envers, les mots se couchent. Quel piège s'est refermé ?
Le monde se fragmente en images fixes, fragments silencieux, temps figé.
Vous n'êtes plus celui qui est peut-être entrain de m'écrire, celui qui lit, celui qui va parler tout à l'heure. Je ramène des bouts d'une vie qui a explosé. Quel sens ont ces morceaux ? Quelle place va occuper le désormais « Absent » ?
Des phrases en suspens non suivies d'échanges, des éclats de silence.
Quand je vous quittais, je savais qui j'étais, il existait un enclos où ma vie était sous protection et je pouvais poser un pied de l'autre côté, bondir puis revenir.
Quelque chose s'est perdu que rien ne viendra remplacer. Il existe des impasses dont on ne sort vivant que si sa vie entière pivote sur son axe. J'ai retrouvé mon chemin, mais parfois, au sortir de nuits douloureuses -celle-ci en est une – je me perds à nouveau.
Quand les jours recommencent à raccourcir, c'est toute ma vie qui devient minuscule. C'est vous qui m'apportiez les mots d'espoir, vous qui m'avez appris à quel point chaque vie est précieuse, montré comment tenir en équilibre sur le fil de nos vies. En vérité, le plus difficile est de s'y tenir.

« Il faut être comme l'arbre à papillons, prêt à accueillir le bonheur et tu verras, il viendra sur ton épaule. C'est un jour de grande fatigue, en fermant les yeux que je l'ai vu ».
B. Giraudeau Les dames de nage


Fidèlement à vous, vers vous, encore et toujours.




dimanche 15 septembre 2013

Journées du Patrimoine - Saint-Etienne -





La maison sans escalier, 54 Bd Daguerre à Saint-Etienne fut construite en 1939 par A. Bossu. Ce sont 36 appartements en copropriété sur 6 étages, organisés autour d'un volume central éclairé par une coupole en béton armé percé de briques de verre. Sans ascenseur ni escalier, l'immeuble comporte une rampe hélicoïdale à faible pente. Cette rampe conçue comme un espace de convivialité a un peu moins de deux mètres de large et dessert les appartements, tous composés de 2 ou 3 pièces ; le rez de chaussée comportait un bassin et le volume central était éclairé par la coupole (qui a du être occultée pour cause d'étanchéïté). Chaque appartement offrait dès 1939, eau chaude/eau froide/, chauffage central, vide-ordures, WC et salle de bain individuels. Sur la terrasse supérieure, les habitants pouvaient se rendre à la buanderie collective. A. Bossu a construit deux "Maisons sans escaliers" à St Etienne et une trentaine d'immeubles. Il maitrisait parfaitement la technique du béton et c'est dans une optique humaniste et conviviale qu'il a conçu la plupart de ses immeubles.


Immeuble du 29A rue G Clémenceau

Maquette du site de Beaulieu
Quartier Beaulieu, visite d'un appartement-témoin des années 50 :
Ce site fut construit en 46, la maquette montre les immeubles -tous différents en hauteur et en taille  et entourés de nombreux espaces verts- qui vont de la rue Le Corbusier à la rue G Clémenceau.
Dans ces années la pénurie et la vétusté des  logements stéphanois sévissait sévèrement et une vaste opération de construction de logements sociaux fut entreprise. Ces logements, eau chaude, WC, salle de bain, avec ou sans chauffage proposaient un accès sans précédent à la modernité. Selon les normes de l'époque un T2 de 42m2 permettait de loger 4 personnes : cuisine, salle de bain, WC, salon et chambre à coucher, les enfants dormant dans le cosy du salon.
La ville de Saint-Etienne entretient un appartement-témoin meublé d'époque grâce aux dons ou prêts d'anciens habitants, que l'on peut visiter.

chambre à coucher

arrière d'immeuble