mercredi 13 février 2013

De la boîte...

Un jour, de ma boîte aux lettres il dépassait se débattant et criant qu'il voulait sortir.
Revenant de faire mes courses, dans le silence du hall d'entrée de mon immeuble, avant que de monter l'escalier puisque ce jour- là je privilégiai la marche, la forme ça s'entretient, dit- on, je le cueillis dans ma main, mon tout premier extra- terrestre.
A peine reposé sur la paume que de ses pieds de batracien, il s'engagea pour explorer le monde. Il eut vite fait de déborder et poussa la curiosité sur mon bras nu. Pourtant maladroit, il se contentait de frôler ma peau et avançait paresseux mais dans sa façon de se couler de droite et de gauche, il avait quelque chose de félin et força mon respect.
Ma tentation était grande de le caresser mais je n'osai interrompre son avancée vers une destination dont j'ignorai le terme et ne mesurai pas les conséquences.
Je grimpai les étages, fort heureusement il y en a cinq, pour laisser à mon Golem attachant le temps de son exploration. Aucune excuse de sa part pour s'aventurer dans les moindres faux- plis. Il ne rosit pas davantage en s'agrippant aux bretelles de mon débardeur. Aucune gêne que de se laisser glisser sur la peau lisse d'un sein, sous la finesse d'une dentelle abricot.
Une patte, deux pattes, mille pattes sondaient l'abîme de mon décolleté, un nouvel oasis sucré, un jardin des délices confinant à l'ivresse des sommets après une longue course éreintante mais palpitante.
Les étages s'éternisaient, mon talisman rêveur continuant sa route, le galbe de ses hanches tanguait dans le creux de mon cou.Il pimentait son avancée par des exercices d'équilibriste attachant ses bras courts à la commissure de mes lèvres. Il pénétra par effraction dans ma bouche avant que de se poser en équilibre sur l'arrondi de ma joue.
Je redoublai d'attention pour ne pas buter contre une marche, mon fidèle Golem couché sur mon visage. Il s'aventura sur le bord de l'oreille, hésita, scruta, palpa, sonda puis se laissa glisser tout en courbes concaves et convexes pour ne plus faire qu'un avec l'anse accueillante et chaude du pavillon. Attendrissant mais épuisé, il avait sombré dans un sommeil où je ne pouvais le rejoindre.
J'ouvris la porte, même son bruit lourd quand je la refermai ne le dérangea pas. Tendrement, je balançai la tête de droite puis de gauche pour le bercer jusqu'à épuisement, pour qu'il restât là longtemps, tout le temps qu'il faudrait.
Je filai à la salle de bains, dans le miroir, le vide. Je passai mon doigt sur les contours du lobe de l'oreille, quelques poussières de cendres. Un explosion de douleur me submergea.
Mon Golem avait disparu, il ne serait plus jamais là.


  

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