Un
long ruban bleu dessine une large courbe à droite :
le
Rhône, mon fleuve.
Sinon,
du vert, beaucoup de vert, comme les bois
et
des aplats de blanc, beaucoup de blanc :
buttes,
prairies où paissent des troupeaux de vaches,
zones
déboisées où s'étalent des villages.
Des
trouées comme entrer dans la lumière.
Les
ailes de la voiture de l'enfance s'ouvrent,
c'est
l'envol dans le blanc,
l'espace
retient son souffle.
Décollage.
La
ligne rouge de la route n'est même plus nécessaire.
Juste
du vert pomme et du blanc, tendre, calme, apaisé, équilibré.
Le
silence ici est vert.
Plus
loin, des bois noirs, serrés,
d'autant
plus noirs qu'ils sont peuplés de charbonniers
sacs
de jute sur la tête, visages machurés
par
le charbon de bois.
Attendre
une main nue, très blanche
qui
chasserait tous ces visages.
Est-ce
la noirceur du ciel, l'obscurité
qui
allonge infiniment les arbres et les rend menaçants ?
ce
ciel qui brasille quand les frondaisons se font plus clairsemées ?
Les
ombres s'allongent, s'épaississent.
L'air
devient transparent avant que le ciel ne s'assombrisse
et
que la terre devienne plus claire que le ciel.
Je
vole sur des couleurs rêvées, sur de simples paroles.
Puis,
surgit le rouge rond des soleils tombés.
Une
chaleur inouïe devant laquelle les bleus s'écartent,
les
vocables se ruinent.