vendredi 14 février 2020

Palette

D’abord dans le grand atlas au vert de velours, il y avait:
des archipels de taches colorées
des reliefs d’un monde balayé de rayons ocre vert ou bleu
des langues de soleil , des haillons d’Arlequin
des lisières d’écume, des coulées de verdure
des strates d’un blanc cassé, surfilées de lacets jaunes, rouges ou bleutés
des dentelles de mer des crachins d’îlots bruns

Après, ce fut le temps
des étendues sans ombres, de landes, de pierres, de bruyères et de lointains bleutés
des poignées de mousse rase
des moissons de lichens safranés
du cresson qui tapisse les eaux
des feuillages qui n’en finissent pas de croître: émeraude, olive, jade
des hélices de lumière et d’ombres
des bleuets dans les blés et des étoiles d’asters
des lucioles des micas dans les souvenirs flous
des essaims de soleil par-dessus les sols noirs
des grammaires de bleu où les nuées s’écrivent

Plus tard, ce fut:
des ornières de traces bleuâtres, noires ou sang
des îlotsgris à la lisière de l’au-delà
des semis argentés des lichens Parmélia
l’uniforme étendue grise des Aspicilia
des cartes de Rhizocarpon geographicum


des ombres blanches vastes et vides
des étoffes de riens avec un presque bleu
des parcelles de pluies et de verroteries
des encroûtements d’ocre aux alvéoles d’ombres
quelques flaques de vies aux reflets de gris bleu
des doutes de l’encre jusqu’aux débris des cendres
des frôlements blonds sous la houle du vent
enfin par-dessus tout l’entaille du bleu des aubes

2 commentaires:

Ange-gabrielle a dit…

Oui, c'est encore mieux ... et très beau

Linette a dit…

"L'entaille du bleu des aubes..." tout un programme... envoûtant et si discrètement majestueux.