samedi 29 août 2009

lichen, encore



Quel que soit le choc, la situation initiale du poème reste la même: une brusque et violente souffrance d'un déficit de langue face à ce qui arrive, aussi bien un deuil qu'un ciel parfaitement bleu, aussi bien le goût d'une passe-crassane que la vue d'un clochard couché dans un coin en pleine nuit d'hiver. L'origine du choc est parfois même non-identifiable en mémoire ou parmi l'afflux d'images et de tensions vécues au quotidien. Mais il y a eu choc, émotion, c'est à dire brusque mutisme, la langue comme d'un coup se retirant et ne laissant dans l'espace mental qu'un mouvement de peur, d'étonnement, de désarroi."La poésie n'est qu'un certain étonnement devant le monde et les moyens de cet étonnement" (du Bouchet). On écrit pour ne pas rester muet, pour reprendre prise un peu, autant que possible, sur soi et sur ce qui est.

Antoine Emaz "lichen, encore" (Editions Rehauts)

1 commentaire:

estourelle a dit…

C'est pour ça que le silence est déjà poésie enfin une certaine qualité de silence comme dirait "Légaut" un silence habité de présence...
Après trouver les mots, la forme est un long chemin!