jeudi 1 avril 2010

Lettre C

CORRIGER




Une petite fille qui
n'ose sombrer dans le sommeil.
Chaque nuit, la terreur.
"Bonsoir papa, bonsoir maman"
Interminablement répété.
Une nuit, le père frappe
fort.
Des semaines durant
la main imprimée sur la cuisse
de la même couleur que la glycine
sous laquelle se cache la fillette
pour se repaître
de toutes les nuances arc-en-ciel
de l'ecchymose.


CELIBAT



Jadis c'était une tare. Encore à la campagne.Pas de femme pour la soupe. Pas d'homme pour le bois. Ni descendances, ni rires, pas de vieillesse assurée.
Longtemps, j'en ai eu un pour voisin. Le soir, de ma fenêtre je le voyais servir deux verres de vin sur la table en formica. Il trinquait. A tour de rôle, il buvait à l'un ou l'autre verre, discutant âprement avec son invisible interlocuteur.



CARRIERE



Nombreux furent ceux qui périrent de froid et de faim dans les carrières des goulags. Leur seul soulagement : l'autorisation parfois d'allumer un feu le soir.
Tous assis pour tenter de se réchauffer, dans les flammes crépitaient leurs souffrances et leurs égarements. La lueur des flammes éclairaient avec la certitude de la mort les brûlures et les déchirements de leurs muscles. Parfois, quelqu'un entonnait une faible monodie, sa voix de sable effaçait alors toute trace de mal. Au loin, la lueur faisait un tremblement dans la nuit, comme un appel lancinant.




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