jeudi 30 juin 2011

Feuilleton (suite)

Episode 1 in "Train de nuit pour Lisbonne" P Mercier

J'habite en moi comme dans un train qui roule :


Je n'y suis pas monté volontairement, je n'avais pas le choix et j'ignore le lieu de destination. Un jour du lointain passé je me suis réveillé dans mon compartiment et j'ai senti que je roulais. C'était excitant, je guettais la trépidation des roues, j'exposais ma tête au vent de la course et je savourais la vitesse avec laquelle les choses passaient devant moi. Je souhaitais que le train n'interrompît jamais son voyage. En aucun cas, je ne voulais qu'il s'arrêtât quelque part pour toujours. Un jour brusquement je pris conscience de ce fait : je ne peux pas descendre du train. Je ne peux pas changer de voie ni de direction. Je ne détermine pas la vitesse. Je ne vois pas la locomotive et je ne peux pas savoir qui la conduit, ni si le chauffeur donne l'impression d'être fiable. Je ne sais pas s'il lit bien les signaux et s'il est capable de remarquer une erreur éventuelle d'aiguillage. Je ne peux pas changer de compartiment. Je vois des gens passer dans le couloir et je pense : peut-être est-ce dans leur compartiment tout différent du mien. Mais je ne peux pas aller vérifier, un contrôleur que je n'ai jamais vu et ne verrai jamais a fermé et scellé la porte du compartiment...
à suivre

2 commentaires:

natô a dit…

c'est magnifique !

Marie, Pierre a dit…

la suite, la suite ! comme dirait oui mes moi